Face à la crise sanitaire, sociale et économique, l'enseignement agricole doit profondément s'adapter. Le Sgen-CFDT propose huit mesures, pédagogiques et sociales.
1. INVESTIR DANS L’ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ ET LE TUTORAT
Après une phase d’accueil bienveillant et de diagnostic, il est nécessaire d’investir dans l’accompagnement personnalisé et le tutorat pour répondre aux besoins des élèves dont les parcours ont été très hétérogènes durant la période de confinement. Cela implique une mobilisation des équipes pédagogiques, en incluant les agents des services de vie scolaire.
La période a remis en valeur l’importance des capacités d’autonomie des apprenants, le développement de ces capacités doit reprendre toute sa place dans l’enseignement. En revanche les apprenants restés attentistes devront être accompagnés pour acquérir de l’autonomie.
2. ADAPTER ET FAIRE ÉVOLUER LES RÉFÉRENTIELS ET LES ÉPREUVES TERMINALES
La grande majorité des référentiels sont rédigés sous forme capacitaire et sur des cycles. Tout ne pourra cependant pas se faire comme avant. Il sera utile d’envisager des dispositifs de CAP en trois ans voire de construire des parcours adaptés pour les élèves de bac pro.
3. NE PAS LAISSER DE JEUNES SUR LE CARREAU
L’insertion professionnelle des jeunes est une préoccupation majeure de la CFDT ce qui implique une mobilisation de tous les acteurs et actrices, que ce soit pour la recherche de stage, l’apprentissage en amont ou la recherche d’un premier emploi en aval du diplôme.
Il est nécessaire de mettre en place des dispositifs exceptionnels de formation complémentaire, de favoriser l’accueil des jeunes en poursuite d’études en attendant la reprise économique et de trouver des maitres d’apprentissage.
4. FAIRE CONFIANCE AUX ACTEURS DE LA « PREMIÈRE LIGNE ÉDUCATIVE »
La première condition est de faire confiance à cette « première ligne éducative » qui ont montré leur capacité à agir sans prescription ni consigne durant la période du confinement. Après cette expérience, il est clair que la rentrée ne pourra pas s’organiser comme si de rien n’était par une circulaire et des injonctions descendantes. Il faut donner aux équipes du temps de préparation et de concertation pour préparer et réussir la rentrée.
5. RENFORCER L’ACCOMPAGNEMENT ET LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Il faudra renforcer cet accompagnement pour faire face aux effets et risques psycho-sociaux du confinement et du déconfinement. Nous n’avons pas toutes et tous vécu de la même façon, ces deux périodes, il faut en tenir compte sans jugement hâtif et dans le respect de chacun.e.
6. OUVRIR DES NÉGOCIATIONS SUR LE TÉLÉTRAVAIL
L’enjeu du numérique a été remis au premier plan : il est urgent d’ouvrir des négociations sur le télétravail pour toutes les catégories de personnels (enseignant.es, administratifs, personnels de direction, vie scolaire…).
Ceci implique des discussions sur une prime d’équipement, sur l’organisation du travail à distance en matière d’encadrement et sur le droit à la déconnexion. Il faut prévoir que les outils numériques (progiciels) utilisés par le personnel administratif et technique soient accessibles à distance (VPN entre autres) et que le nomadisme soit un mode de travail reconnu et organisé.
7. Rentrée 2020 : ADAPTER LES AIDES SOCIALES
Les enjeux économiques et sociaux vont nécessiter d’augmenter les aides sociales : évaluer les besoins croissants des familles, faire évoluer les taux de bourses et les fonds sociaux des lycées, des incidences budgétaires non négligeables.
8. FAIRE ÉVOLUER RADICALEMENT LES MODALITÉS DE GESTION DES CRISES ET DES RISQUES
L’expérience vécue oblige à faire évoluer les modalités de gestion des crises et des risques pour trouver l’articulation pertinente entre ce qui doit relever du niveau central et ce qui doit relever du niveau déconcentré pour faire face aux crises et aux risques majeurs (inondations, accident industriel, canicule, confinement en cas de menace terroriste…).
C’est d’autant plus important que les EPLEFPA avec leurs différents centres constitutifs ne dépendent pas seulement du ministère de l’agriculture. Il faut sans doute envisager une réécriture du code rural. Il faut des principes, des objectifs partagées mais l’action à conduire ne peut se concevoir qu’au plus près des réalités locales.
Cela invite à élaborer des modalités de gestion de crise partagées, qui permettent d’identifier des curseurs, des modalités et des niveaux de prise de décision, tout en assurant aux agents qui mettent en œuvre qu’ils seront soutenus.
Le canot de sauvetage des HSE abondées n’est pas suffisant pour faire voguer le navire !