Retour sur le séminaire organisé le 1er juillet par la DGER.
Quels métiers ? Quelles compétences ? Quelle évolution pour 2030 ?
Suite au séminaire du 1er juillet 2019 organisé par la DGER.
Le « petit » système éducatif que représente l’enseignement agricole possède une certaine souplesse et plasticité ; il a su globalement prendre le virage de l’agroécologie, même si pour le Sgen-CFDT ce changement s’est fait trop tardivement.
Par ailleurs, selon les formations, 15 à 30% du contenu de la dotation horaire est laissée à la discrétion des équipes pédagogiques locales pour s’adapter aux élèves, au contexte local et aux territoires.
Quelles sont les évolutions nécessaires à réaliser pour être en phase avec les besoins en emplois de 2030 ?
Quels sont les emplois qui seront demandés en 2030 ?
Les emplois à pourvoir en 2030 seront de deux types : soit des créations d’emplois, soit du renouvellement d’emplois existant provenant principalement d’ agents partant en retraite.
1/ Y-aura-t-il un besoin d’emplois suite à la création nette d’emplois dans les secteurs visés par l’Enseignement Agricole ?
La réponse est différente selon les secteurs.
Pour l’agriculture et l’agro-alimentaire, les prévisions sont pessimistes. L’Agriculture va continuer de perdre des emplois (-53 000), même chez les cadres. Les grandes tendances de l’exode agricole et de l’extension des exploitations sont encore présentes.
L’Agriculture Biologique est créatrice d’emplois et le mouvement de reconversion est favorable à l’emploi, mais ce mouvement n’est pas suffisant pour peser sur la tendance générale de perte d’emplois dans le secteur agricole.
De même, la transformation à la ferme, les circuits courts et locaux et la productivité souvent plus faible, sont des éléments favorables à l’emploi. Même s’ils progressent légèrement, ils n’inverseront pas la tendance générale de baisse de l’emploi dans l’agroalimentaire, la commercialisation et la distribution (-154 000), des secteurs qui vont continuer à s’automatiser et se rationaliser.
En revanche, dans le secteur des services aux territoires, aux personnes, aux entreprises, des créations nettes d’emplois sont prévues.
La France poursuit la tertiarisation de son économie.
Le vieillissement de la population va accentuer le phénomène.
Cependant, la rareté des emplois plein temps rémunérés correctement dans le secteur du service à la personne risque de perdurer.
En effet, les nombreuses personnes âgées en milieu rural ont souvent de petites retraites, ne leur permettant pas de rémunérer correctement ces services pourtant nécessaires.
A court terme, les subventions des collectivités (régions, départements, communes) pour faciliter une rémunération correcte de ces services ne devraient pas augmenter fortement.
Seul un système national de financement de la dépendance pourrait améliorer les budgets de ce très important secteur où, pour l’instant, le travail est trop souvent « émietté ».
2/ Y aura-t-il des besoins d’emplois suite aux départs à la retraite ?
L’effet baby-boom
Les derniers baby-boomers, nés en 1965, prendront leur retraite vers 2030. Ensuite, en 2040, il y aura beaucoup moins de départs en retraite.
Spécialement dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de très nombreux actifs, aujourd’hui, âgé·es, vont prendre leur retraite jusqu’en 2030. Ce phénomène sera d’une ampleur supérieure à la baisse des emplois évoqués plus haut.
Tous les départs ne seront pas remplacés, mais l’appel sera continu et d’une ampleur certaine. Il est donc nécessaire de former un très grand nombre de jeunes jusqu’en 2030, pour assurer le renouvellement d’une partie des baby-boomers partant à la retraite. À court terme, une partie de ces emplois sera du niveau « Bac ou Infra ».
L’élévation des niveaux de qualifications à l’embauche
Toutes les études le confirment, en agriculture, dans l’agroalimentaire comme dans les autres secteurs, les entreprises auront besoin de plus en plus de personnes hautement qualifiées et de cadres.
C’est une chance pour l’Enseignement Agricole au sens large.
En effet, les élèves sont de plus en plus nombreux à rester dans l’Enseignement Agricole jusqu’à l’obtention d’un BTS. Cette tendance va se poursuivre.
Dans la production agricole proprement dite, les niveaux de diplômes à l’installation, qui ont déjà commencé d’augmenter, vont continuer leur progression.
En revanche, pour les niveaux les moins qualifiés, certaines études amènent à penser que les offres d’emploi de niveau CAP seront plus rares après 2030.
Des tensions futures sur le marché de l’emploi ? Attractivité ?
C’est déjà le cas dans certains secteurs, les industries agroalimentaires notamment : de nombreux secteurs jugés peu attractifs vont avoir de plus en plus de mal à recruter et à fidéliser leur main-d’œuvre, tous niveaux de diplômes confondus.
Cette rareté de la main-d’œuvre devrait avoir, à terme, un effet positif sur les rémunérations encore bien trop faibles.
De nouveaux métiers vont-ils apparaître ?
Les nouveaux métiers seront très rares. Le Sgen-CFDT salue le travail du Ministère chargé de l’agriculture à l’initiative de la création du Certificat de Spécialisation « méthaniseur ». C’est un bon exemple de salariés travaillant « sur » un méthaniseur avec majoritairement une activité à côté.
En revanche, pour de nombreux métiers traditionnels, de nouvelles compétences vont s’ajouter aux compétences cœur de métier.
De nouvelles compétences ?
Les compétences professionnelles classiques (les gestes, le savoir s’adapter) vont garder une place importante. Il est vraisemblable que la polyvalence progressera. Outre les compétences purement techniques, de nombreux spécialistes pensent que les compétences commerciales vont se développer. Le client est souvent au cœur des projets (circuit court et circuit local).
Les compétences numériques, bien sûr, la logistique, le conseil, la communication, sans prétendre être exhaustif, seront autant de compétences attendues en plus d’une compétence technique cœur du métier.
Former aux compétences transversales
Des travaux récents indiquent que les employeurs accordent de plus en plus d’importance aux compétences transversales. Les futur·s employé·s devront maîtriser l’expression orale et écrite, l’informatique et le numérique. Les futur·s salarié·s devront aussi posséder des compétences plus complexes à évaluer : la capacité à travailler en groupe ou en équipe, à savoir utiliser les « codes sociaux », à se conformer aux règles de l’entreprise, à faire preuve de créativité, à gérer et à savoir s’adapter à des aléas dans des situations d’urgence et/ou de crise.
L’Enseignement Agricole, grâce à sa pédagogie (pédagogie de projet, de terrain, pluridisciplinarité, alternance) et par ses objets d’études (matériel vivant) semble mieux armé pour former aux compétences transversales que les autres systèmes éducatifs.
La présence forte d’un internat, de l’animation, et une culture autour de la vie scolaire renforcent ces points forts de l’Enseignement Agricole : un aspect que notre système éducatif devrait renforcer et mettre davantage en valeur.
Importance des diplômes
Le diplôme reste un signal très important sur le marché du travail en France. Les employeurs y sont très attachés. Les attentes sur les compétences arrivent en second.
C’est un atout pour notre enseignement initial. Le Ministère en charge de l’agriculture avec 120 diplômes proposés répond et répondra aux besoins des apprenants, des familles et des entreprises.
Nécessité d’une politique transversale
Le Sgen-CFDT salue ces travaux de prospective de France Stratégie qui éclairent notre avenir.
Cependant il n’est pas fataliste. Le Sgen-CFDT prône une politique volontariste, qui permette de faire naître de nombreux emplois de qualité, augmenter la qualification des salarié·es et réaliser les transitions écologique, sanitaire, énergétique et climatique nécessaires.