Le monde de l’enseignement a connu depuis un an plusieurs réformes importantes qui bousculent son organisation, dont celles du bac général, de la formation par apprentissage et de la formation professionnelle.
Malgré ce contexte, l’enseignement agricole, technique et supérieur demeure, dans le paysage éducatif français, reconnu pour son efficacité et sa qualité d’accompagnement. Le Sgen-CFDT reste tout de même prudent sur les conséquences de ces multiples réformes conduites dans une forme de précipitation.
Les « nouveaux » Bacs
Les élèves de seconde qui font leur rentrée dans nos établissements passeront le nouveau bac « Blanquer » en 2021. Le ministère de l’Agriculture n’a pas été associé dès le départ, en tant qu’acteur et partenaire engagé dans la construction de cette réforme, la plume était uniquement tenue par le ministère de l’Éducation nationale. Des négociations conduites dès l’annonce ont cependant permis de sauvegarder les fondamentaux qui font l’originalité et la spécificité de notre système de formation : maintien des stages, enseignements pluridisciplinaires et modulaires, pédagogie de projet, CCF… et ce grâce aux actions syndicales du Sgen-CFDT qui est resté jusqu’au bout à la table des négociations. Ce nouveau bac ne provoque cependant pas d’enthousiasme et ne simplifiera pas le travail des enseignants. Le CCF apparaît enfin dans la voie générale. Mais son organisation issue de l’Éducation nationale risque de provoquer une charge supplémentaire de travail et de stress pour les enseignants. Les modalités d’évaluation se complexifient et s’éloignent de l’objectif de simplification évoqué par le ministre Blanquer. Enfin, les trois grandes filières de formation (générale, technologique, professionnelle) sont maintenues contre l’avis d’une partie des syndicats et des parents d’élèves. Le Sgen-CFDT regrette ce mode de conduite de réforme et aurait souhaité une réforme de ces trois filières de façon plus perméable et transversale.
Reprise du jeu de mécano dans l’enseignement supérieur
AgroParisTech, Agrocampus-Ouest et AgroSupMontpellier sont invités à se rapprocher, voire fusionner, sans qu’une évaluation rigoureuse des fusions précédentes n’ait été conduite. La Cour des comptes a pourtant été critique sur les fusions passées, qui n’ont pas produit les effets positifs escomptés. Obstinée, la DGER continue de travailler dans la précipitation et sans réelle concertation avec les organisations syndicales. Le Sgen-CFDT regrette l’absence de bilans, d’anticipation, de discussions avant de se lancer dans la déconstruction d’un mécano encore en construction et en oubliant certaines pièces que sont les autres Écoles de l’enseignement supérieur.
Apprentissage
La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », contenant notamment la réforme de l’apprentissage et celle de la formation professionnelle continue, est parue au JO du 5 septembre. Le Sgen-CFDT regrette la précipitation dans laquelle a été conduite cette réforme d’envergure puisqu’elle concerne 2 des 3 voies de la formation et l’orientation : elle aurait mérité plus d’échanges donc plus de temps. Cette réforme importante de l’apprentissage suscite beaucoup d’inquiétudes, que ce soit dans l’enseignement technique comme dans l’enseignement supérieur. Le Sgen-CFDT estime que, pour l’enseignement agricole, cette réforme dont l’objectif affiché est de promouvoir l’apprentissage n’engendrera pas la fermeture des CFA publics. Si nos CFA se mobilisent et mettent en avant leurs nombreux atouts, notamment leur expérience et leurs savoir-faire indéniables et reconnus, il n’est pas impossible qu’ils tirent avantage de cette réforme et consolident leur positionnement au sein de leurs territoires. Le pari est gagnable. Lire l’article : la réforme de l’apprentissage.
Formation professionnelle continue
L’arrivée du compte personnel de formation (CPF), promu dès le début par la CFDT, est une nouvelle donnée importante pour les CFPPA et les agents du ministère. Cependant la monétarisation du CPF à 500 euros, inscrite dans la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » à la place des 24 heures/an, est une mauvaise nouvelle. Sur le champ de la formation professionnelle, les CFPPA devront mettre en œuvre de nouvelles compétences et beaucoup d’énergie pour s’adapter à ce changement d’environnement. Pour le Sgen-CFDT c’est un challenge gagnable pour nos CFPPA qui pourraient diversifier leur champ d’intervention.
Des efforts insuffisants sur la transition écologique
L’agroécologie a été mise en avant pour la première fois par Stéphane Le Foll. Après quelques hésitations, le ministre Travert aurait retenu ce terme. La DGER poursuit la rénovation des diplômes dans ce sens en incluant cette notion et les pratiques qui en découlent dans tous les référentiels. Le Sgen-CFDT regrette qu’au-delà des discours, les moyens financiers ne suivent pas toujours. Dans certaines régions, la transition écologique des exploitations agricoles des EPL est en panne non pas faute d’ambition des DEA/DAT mais faute de moyens dégagés tant en temps, en ETP qu’en budget. Les décisions prises manquent d’audace et de constance.
Une fonction publique en situation délicate
Le gouvernement souhaite économiser 30 milliards sur la dépense publique dans le cadre du dispositif « Action publique 2022 ». Malgré la hausse de l’inflation, il refuse toute mesure d’augmentation des salaires et supprime des postes de fonctionnaires tout en annonçant et incitant le recours aux contractuels. La précarité des agents contractuels et des agents de catégorie C n’est toujours pas résolue. Lire le tract : les revendications de la CFDT pour les contractuels.
L’application du protocole PPCR revalorisant les carrières des titulaires et signé par le gouvernement précédent a été gelé en 2018 et serait repris en 2019. Le Sgen-CFDT participe à tous les groupes de travail de « Cap22 » ou « Action publique 2022 », des compte-rendus sont en ligne régulièrement et la prochaine réunion se tiendra le 11 septembre.
Enfin, la proposition de transférer de nombreux agents en poste en services déconcentrés (DDT) à l’ASP (Agence de services et de paiement) fait légitimement réagir. Le gouvernement accumule les signes négatifs, alors que les agents titulaires et contractuels attendent que leur travail soit reconnu et valorisé.
Le Sgen-CFDT restera mobilisé toute cette année scolaire, année charnière en matière de réformes tant dans l’enseignement agricole public que dans les services déconcentrés. Les SRFD pourraient être notamment touchés par la prochaine fusion des académies à l’éducation nationale.