Un groupe de travail s’est tenu le 04 avril avec les organisations syndicales sur les propositions de révision des programmes d'enseignement scientifique de Première et Terminale générale.
Le ministère a saisi le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) pour revoir le programme d’enseignement scientifique. Cette saisine correspond à la mise en place du nouvel enseignement spécifique de mathématiques en 1ère générale, pour les élèves n’ayant pas choisi la spécialité mathématiques.
Méconnaissance de la réalité de terrain
Le constat unanime des organisations syndicales est la déception envers cette proposition de révision des programmes : c’est en réalité un simple toilettage de forme. Aucun bilan n’a été réalisé sur les conditions réelles de cet enseignement auprès des enseignant.es. Les seuls retours des IA-IPR ont été pris en compte, ainsi que des retours quantitatifs (par exemple seulement 1/3 des équipes a mis en place le projet en classe de 1ère).
Certes, ce toilettage des programmes est utile par la clarification de certains attendus. Mais il ne résout pas les problèmes de fond relevés :
- Pour le programme de terminale, des redondances existent avec les programmes de spécialité. Le programme est trop lourd, parfois trop compliqué. L’intervention de 3 enseignant.es sans plage de concertation reste une difficulté.
- Pour le programme de 1ère, la superposition d’objectifs non clairement priorisés rend sa mise en œuvre pénible pour les enseignant.es et peu attractive pour les élèves. En particulier, la place des mathématiques semble rester la même dans ce programme alors même qu’un enseignement spécifique est mis en place. Enfin, les difficultés des conditions pratiques de cet enseignement (parfois en classe entière, en salle « ordinaire »…) ne sont pas entendues. Elles continuent d’être renvoyées à l’autonomie des établissements.
- De façon plus générale, ce programme n’est pas construit pour le cycle terminal, mais pour 2 années successives. L’absence de réelle continuité est en contradiction avec le préambule commun.
Propositions pour rendre cet enseignement scientifique vraiment utile
Le Sgen-CFDT prend acte que le ministère ne souhaite pas revenir sur les choix précédents de contenus des programmes. Il propose donc au minimum d’insister sur une priorité dans chacun des programmes :
- Aborder des grands enjeux actuels du programme de terminale, sous l’angle de la pensée critique. Celle-ci sous-tend la construction des consensus scientifiques. Pour cela des pratiques diverses (co-intervention, organisation de débats de type « COP », projets…) devraient pouvoir être facilitées.
- Utiliser le projet expérimental comme cœur de l’enseignement de 1ère pour travailler une des thématiques. Il serait alors utile d’inverser l’ordre de présentation du programme, en insistant sur les compétences à travailler dans l’année au travers du projet. Cette priorisation permettrait d’avoir plus de poids pour obtenir des groupes à effectifs réduits. Cela implique de ne pas imposer le traitement de tous les thèmes chaque année.
De façon générale, la faible quotité horaire de cet enseignement le place souvent en arrière plan pour les élèves comme pour les enseignant.es compte tenu de la charge de travail. Les formations sont restées souvent parcellaires et insuffisantes. Il serait donc utile de mettre à disposition des équipes des ressources plus diversifiées et complètes que celles existantes. Ceci permettrait d’ouvrir les possibilités pédagogiques : permettre des démarches diverses, expérimentales, d’exploitation de données ou mesures scientifiques (type simulateur, tableurs). L’utilisation de PIX pour permettre à chaque élève d’augmenter son niveau de maitrise des compétences numérique semble aussi incontournable.
Atteindre les mêmes objectifs (souvent ambitieux en terme scientifique) sans forcément avoir les mêmes degrés d’approfondissement des notions suivant les spécialités est une piste intéressante. Mais cela demande une préparation lourde en amont des séances. Aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies pour y arriver. Héla, les ajustements proposés pour l’enseignement scientifique n’y changeront rien demain.