Isabelle est enseignante dans une école qui accueille un dispositif ULIS. La situation sanitaire a fragilisé ces enfants et leurs familles. Dans ce contexte, comment Isabelle arrive-telle à assurer une continuité pédagogique avec ses élèves ?
Isabelle Ménard est enseignante spécialisée à La Garenne-Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Enseignante depuis 26 ans, titulaire du CAPPEI, elle est en poste sur un dispositif Ulis depuis deux ans à l’école A. Marsault, école de 15 classes (388 élèves). Le dispositif Ulis compte 7 élèves : 3 enfants avec des troubles du Spectre autistique, 2 avec des troubles des fonctions cognitives et 2 présentant des troubles de l’attention et de l’hyperactivité.
Des troubles différents mais aussi des âges différents puisqu’ils suivent chacun un parcours d’apprentissages particuliers allant du CE1 au CM2, un parcours construit en fonction de leur capacité attentionnelle. Ainsi, ses élèves sont en classe de référence entre 30 et 70 % de leur temps.
Cela nécessite pour Isabelle un travail collectif avec les collègues des classes de référence qui les accuillent. Si les exercices proposés sont les mêmes que pour les autres, Isabelle en lien avec l’AESH de l’élève doit en adapter les attendus, un travail qui nécessite une certaine anticipation et une nécessaire collaboration entre enseignants.
Les outils utilisés sont le mail, la classe virtuelle, un Padlet et Quizinière (outil de Canopé). La première chose que j’ai faite est un journal de bord.
J’anticipais une période assez longue…
que je n’aurais pu croire aussi longue !
La première semaine de confinement a été la plus compliquée, il me semblait essentiel de garder un lien visuel avec mes élèves. Dès cette première semaine j’ai mis en place la classe virtuelle du CNED qui fonctionnait plus ou moins bien (problème de connexion au serveur) et je suis rapidement passé par l’appli Zoom qui est beaucoup plus facile d’utilisation.
Dès le 19 mars j’avais 3 élèves sur 7 en vidéo, 30 minutes par jour (lundi, mardi, jeudi et vendredi). Individuellement car ils ne sont pas dans la même classe de référence. J’envoyais à chacun de mes 7 élèves du travail en mathématiques et français. Mais cela prenait beaucoup de temps car il ne fallait pas se tromper dans l’envoi des mails (les exercices sont adaptés à chaque groupe d’élèves).
Une des conseillères pédagogiques ASH, nous a envoyé un Padlet pour organiser le temps de nos élèves, elle l’a alimenté au fur et à mesure du confinement et un forum « ASH 92 » a été organisé pour nous permettre de poser des questions et ne pas rester seuls si nous avions des difficultés. Le Padlet est apparu facile d’utilisation pour mes élèves, leurs parents et moi. Cet outil m’a permis de gagner du temps pour envoyer du travail à mes élèves.
En fin de 1ère semaine, j’ai appelé tous mes parents d’élèves pour leur expliquer le fonctionnement de ces deux outils. La 2ème semaine j’avais 4 élèves sur 7 tous les lundis, mardis, jeudis et vendredis, 30 minutes de cours. Sur le Padlet, j’ai mis des exercices en fonction de la classe de référence de mes élèves, des liens vers Lumni, France Inter, travaux manuels, sports et des vidéos faites maison pour parler à ceux que je n’avais pas en classe virtuelle.
Pendant les vacances, j’ai proposé des vidéos en fonction des centres d’intérêts de mes élèves, en sciences, musique, anglais et des histoires à voir (des contes) car la lecture est difficile. Pendant les vacances, j’ai découvert Quizinière, outil qui permet d’évaluer les élèves facilement. Depuis le 20 avril mes outils sont le Padlet, la classe virtuelle par deux et Quiznière avec tous les élèves. La vidéo me permet aussi de parler avec les parents et de garder le lien.
Lors de la 1ère période de confinement, j’ai continué à adapter les exercices proposés par mes collègues des classes de référence. Mais depuis le début de cette nouvelle période, mes élèves sont moins disponibles, donc j’approfondis les connaissances acquises et je reste en lien avec mes collègues. Ils ont aussi créé des Padlets donc mes élèves ont celui de l’Ulis et celui de leur classe de référence.
Le lien avec les partenaires extérieurs CMPP et SESSAD a été plus difficile à garder. Aucun lien avec les CMPP, par contre dès la fin de la 2ème semaine j’ai pu échanger avec les différents SESSAD et mettre en place un suivi pour les élèves à distance.
La charge de travail a été importante la 1ère semaine car je n’ai eu que trop peu de formation en informatique. Dans mon école nous n’avons pas de TNI ni de tablettes, nous sommes encore avec la salle informatique de 15 postes pour 15 classes !
Il a fallu que je trouve rapidement des solutions pour ne pas perdre le lien avec les élèves et leur famille, je me suis formée en urgence et seule, sur les différents outils que j’ai pu trouver. Une fois bien organisée la charge de travail n’était pas plus lourde que d’habitude. Ce qui manque le plus c’est les échanges avec les collègues les AESH et les éducatrices même si nous nous appelons régulièrement. C’est dans ces moments-là que nous comprenons les mots « travailler ensemble », coopérer pour un même but et scolariser dans les meilleures conditions possibles les élèves porteurs de handicaps.