La liste des annonces de M. Blanquer, dans sa conférence de presse du 18 juillet, est plutôt encourageante pour l'École inclusive : plus d'accompagnants, de formation, de collaboration entre professionnels. Il s'agit maintenant de dépasser le stade des annonces.
Le Sgen-CFDT n’a eu de cesse de réclamer depuis ces derniers mois une réflexion commune au sujet de l’École inclusive. Il a déposé en février dernier une alerte pour l’École inclusive que le ministre de l’Éducation nationale, lors de sa conférence de presse du 18 juillet dernier, semble avoir en partie entendue. Il est cependant bien dommage qu’aucun dialogue social n’ait précédé cette présentation à la presse. Le Sgen-CFDT reste vigilant quant à la mise en œuvre de ces premières mesures.
Ensemble pour l’École inclusive
Les pistes présentées sont plutôt encourageantes pour que l’École et la société soient véritablement inclusives. Mais alors, pourquoi choisir le 18 juillet pour afficher ces mesures qui vont dans le bon sens ?
Tandis que 320 000 élèves en situation de handicap étaient scolarisés en France en 2017, le ministre a annoncé la création de 38 unités locales d’inclusion scolaire (Ulis) à la rentrée, 10 900 recrutements supplémentaires d’accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap (AESH). Le Sgen-CFDT s’interroge sur la faisabilité de toutes ces mesures qui ne doivent pas en rester au stade d’annonces. En effet, la carte scolaire a déjà réparti les moyens dans les académies, les personnels administratifs sont en vacances. Comment assurer ces recrutements et créations de postes ? Rien n’est dit sur les moyens supplémentaires attribués aux académies.
Développer les pratiques collaboratives
Le ministre annonce son souhait de « concertation » entre les différents acteurs, et notamment entre les établissements scolaires et le secteur médico-social. Il prévoit ainsi la création d’un groupe d’experts chargé de diffuser les pratiques coopératives entre professionnels.
Le Sgen-CFDT souligne la création de pôles inclusifs dans chaque académie, coordination des moyens d’accompagnement pédagogiques, éducatifs et thérapeutiques. C’est pour le Sgen-CFDT un premier pas vers des collaborations indispensables à l’École inclusive.
Pourtant, là encore rien n’est dit sur le temps nécessaire à ces concertations, collaborations entre différents professionnels. Rien n’est dit non plus sur le recrutement de médecins de l’Éducation nationale. Or sur ce sujet aussi, le Sgen-CFDT et son syndicat le Snamspen-Sgen-CFDT rappellent depuis plusieurs années que la pénurie de médecins scolaires et les difficultés à en recruter imposent de prendre des mesures fortes. Les collaborations entre professionnels supposent que les postes soient pourvus au sein de l’Éducation nationale dans les différents corps concernés.
Ainsi, souhaiter davantage de « concertation » entre les différents acteurs, et notamment entre les établissements scolaires et le secteur médico-social ne doit pas être un vœu pieux. C’est par la formation de tous les professionnels, par le temps dégagé pour les équipes que cette collaboration pourra s’effectuer. Il ne s’agit pas seulement de concertation mais d’équipes pluridisciplinaires à constituer, de travail commun à initier et installer dans la durée.
L’éducation inclusive de l’école à l’université
« L’évolution de la scolarisation des élèves en situation de handicap passe notamment par « l’anticipation du parcours scolaire et universitaire » de l’élève, et par une plus grande et meilleure formation des enseignants, qui doivent souvent gérer plusieurs enfants handicapés dans la même classe, et faire face à plusieurs profils de handicap. » Le Sgen-CFDT cite ce propos qui souligne l’importance du travail des équipes pour mettre en œuvre l’inclusion scolaire.
Différents postes doivent être créés à différents niveaux de la hiérarchie afin d’en garantir l’effectivité.
Ainsi, il est prévu de créer :
- 100 postes d’enseignants ressources supplémentaires à la rentrée 2018.
- 38 unités locales d’inclusion scolaire (Ulis) à la rentrée 2018, et 250 supplémentaires en lycée durant le quinquennat.
- D’ici 2020, le nombre d’unités d’enseignement externalisées au sein de l’école (UEE) doit doubler.
- D’ici 2022, 180 unités d’enseignement en maternelle-autisme (UEMA).
- 45 unités d’enseignement élémentaire-troubles du spectre autistique (TSA) sont prévues dans la continuité des UEMA (premières expérimentations à la rentrée 2018)
Par ailleurs, sont annoncés :
- Un groupe de travail national pour améliorer les conditions d’aménagement des examens.
- L’accompagnement multipartenarial des élèves en situation de handicap dans leurs premières démarches d’insertion professionnelle.
- Le lancement de la démarche « territoire 100 % inclusif » à Belfort le 5 juillet 2018.
Le Sgen-CFDT souligne l’importance de ces engagements. Ceux-ci impliquent cependant une formation au travail en équipe et à un partenariat peu développés dans ces annonces.
Formation des personnels
Des annonces comme prévoir une plateforme numérique de formation mise à la disposition des équipes éducatives à la rentrée 2019 et un « temps minimal de formation » rendu obligatoire restent bien vagues. Concernant les AESH, soixante heures de formation sont effectives. Former les personnels ne se limite pas à des ressources numériques. Pour le Sgen-CFDT, cela passe par des formations communes aux différents professionnels (les enseignants ne sont pas seuls dans leur école ou leur établissement), par une formation adaptée à la prise en charge des élèves en situation de handicap ou à besoins particuliers pour tous les personnels.
Vers un véritable partenariat ?
L’instruction aux agences régionales de santé (ARS), relayée auprès des autorités académiques, de conditionner le développement de services médico-sociaux à la coopération avec l’école est affirmée, tout comme le pilotage national pour accélérer la création des UEE et renforcer la fonction appui-ressource des établissements et services médico-sociaux (ESMS).
Le Sgen-CFDT enregistre l’avancée que constituent ces annonces. Rien n’est dit cependant des moyens humains et matériels impliqués par ces propositions, ce qui interroge leur effectivité.
Pour en savoir plus
Communication du ministère : « Ensemble pour l’Ecole inclusive »