Le Sgen-CFDT appelle de ses vœux la stabilisation et le renforcement du dispositif de formation des enseignants et CPE, profondément modifié depuis 2012. Beaucoup reste encore à faire notamment pour libérer le master de la césure liée à la place du concours (M1).
Formation des enseignants : beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire
Des mesures politiques fortes, attendues et soutenues par le Sgen-CFDT, ont été mises en œuvre au cours de ces cinq dernières années, parmi lesquelles le rétablissement de la formation initiale des enseignants, la création des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Éspé), la mise en place d’un nouveau master « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (Meef) dévolu aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, et enfin, le choix d’ancrer la formation initiale et continue des enseignants et des conseillers principaux d’éducation (CPE) dans un cadre universitaire.
La réforme de la formation des enseignants et des CPE a été très suivie par le précédent gouvernement et de nombreux rapports ont été publiés, les derniers fin 2016. (Voir notamment, « Rapport d’information sur la formation des enseignants », Michel Ménard, Assemblée nationale, no 4075, octobre 2016.
Ceux-ci pointent la nécessité de concevoir une formation universitaire qui s’inscrive dans un « continuum », de la licence aux premières années d’enseignement, de considérer la formation à partir de l’exercice du métier et du développement professionnel, et d’engager, enfin, une politique ambitieuse de gestion des ressources humaines.
Libérer le master de la césure du concours
Mais la place du concours et la nature des épreuves sont soigneusement évitées, sauf dans le rapport Ménard qui propose de professionnaliser les épreuves et de « réfléchir à la »libération » du master de la césure du concours » (propositions 18 et 19).
La place du concours à la fin du M1 a nécessairement des conséquences sur l’organisation d’une formation qui doit tenir compte d’injonctions difficiles à mener de front :
- préparer et faire réussir les étudiants à des concours de recrutement souvent éloignés de la réalité du métier,
- former en un an des stagiaires à mi-temps très préoccupés par le stage en responsabilité sans connaissance aucune du terrain pour un certain nombre d’entre eux,
- faire valider un master où la place de la recherche en éducation n’est pas encore suffisamment affirmée,
- prendre en compte des compétences professionnelles antérieures pour les reconversions de carrière,
- travailler à des problématiques communes aux métiers de l’enseignement et de l’éducation telles que l’égalité femmes/hommes, l’école inclusive, le numérique, la prévention du décrochage scolaire, l’articulation entre primaire et secondaire…
Dans le format actuel, il est évident qu’un tel cahier des charges n’est pas tenable pour les formateurs, principaux garants de la réussite de la réforme de la formation des enseignants et CPE.
Le Sgen-CFDT appelle de ses vœux la stabilisation et le renforcement du dispositif de formation, profondément modifié depuis 2012.
La « réforme » ne peut pas échouer et le Sgen-CFDT attend du prochain gouvernement qu’il la mène à son terme et dans les meilleurs délais. La qualité du travail des collègues et la réussite de tous les élèves sont plus que jamais en jeu.
Pour en savoir plus : consulter notre dossier sur la formation des enseignants et des CPE.
Concours de recrutement : La quadrature du cercle ?
Les concours de recrutement placés aujourd’hui en fin de M1 sont une anomalie dans notre système universitaire.
Le débat est récurrent depuis la mastérisation de la formation et le Sgen-CFDT a fait le choix de demander un repositionnement des concours en fin de M2 pour garantir la cohérence du dispositif de formation, en particulier au sein des masters « métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (Meef). Mais, finalement, quelles que soient la place et la nature des épreuves, masters Meef et concours de recrutement sont-ils encore compatibles ?
Inscrire la formation des enseignants et des CPE dans un cadre universitaire ne conduit pas pour autant les étudiants diplômés d’un master Meef à l’exercice d’un métier qui reste subordonné à la réussite d’un concours d’entrée dans la fonction publique. Sous couvert de préoccupations différentes.
Éducation nationale et Enseignement supérieur ne peuvent plus se disputer une légitimité maintenant partagée mais qui met sous tension le parcours des étudiants.
Plus que la question du concours, qui pourrait progressivement devenir un contrôle en cours de formation, c’est la revalorisation des jurys de titularisation qui garantirait l’efficacité du service public d’éducation. L’examen de qualification professionnelle aurait vocation à établir un bilan de compétences des stagiaires qui conditionnerait leur entrée dans un métier qui est aussi une fonction à reconsidérer.