La LPR ne répond pas aux attentes de la communauté universitaire et scientifique pourtant exprimées unanimement. Si les montants investis doivent être salués, ils permettront seulement un rattrapage de décennies d’abandon de l’ESR...
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche
et de l’innovation
Comité technique ministériel du 14 décembre 2020
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT
Comme évoqué à de nombreuses reprises par le Sgen-CFDT, la loi de programmation pour la recherche (LPR) ne répond pas aux attentes de la majorité de la communauté scientifique et universitaire. Pour le Sgen-CFDT, alors que nous vivons une crise sanitaire majeure, l’heure était à un message de confiance et de reconnaissance vis-à-vis de la communauté universitaire et scientifique alors que celle-ci est pleinement mobilisée depuis plusieurs mois, et le sera encore dans les mois à venir, pour faire face à la pandémie et pour accompagner les étudiants afin d’éviter qu’ils ne décrochent pas massivement.
LPR : de nouvelles mesures qui suscitent le rejet des agents…
La version débattue puis adoptée par l’Assemblée nationale le 20 novembre dernier contient de nouveaux éléments. Ces éléments ajoutés par les parlementaires avec l’accord du gouvernement suscitent de vives réactions de rejet des agents de l’ESR en général et des enseignants chercheurs en particulier.
Tout d’abord, l’introduction de dérogations aux recrutements des maîtres de conférences et la suppression de la qualification pour le recrutement des professeurs d’université se sont faites sans aucune concertation. Cela a été ressenti par les enseignants-chercheurs comme une trahison. Cette mise en question du rôle du CNU et des principes de transparence des procédures et d’égalité de traitement entre les candidats est particulièrement malvenue. La concertation initiée après coup par la ministre va se dérouler dans un climat d’extrême tension et de défiance, climat peu propice à une réflexion saine et approfondie sur les processus de recrutements des enseignants-chercheurs.
Par ailleurs, l’ajout de l’article 20 bis AA dont la formulation est plus que floue, peut représenter une menace pour les mouvements sociaux.
…et s’ajoutent aux dispositions initiales qui posaient déjà problème.
Tout cela vient s’ajouter aux dispositions qui, dans le texte initial, posaient déjà problème. C’est le cas des Chaires de professeur junior, par exemple, et du renforcement des appels à projets comme mode de financement privilégié de la recherche. Des points qui enferrent les établissements dans une logique concurrentielle. Quant à la création de « CDI de mission », qui permettra un recrutement sur la durée d’un contrat de recherche, il s’agit en réalité d’un CDD déguisé !
Non, définitivement non, la LPR ne répond pas aux attentes de la communauté universitaire et scientifique pourtant exprimées unanimement.
Un simple rattrapage de décennies d’abandon de l’ESR…
Si on peut saluer les montants investis, on peut aussi constater qu’ils permettront un simple rattrapage de décennies d’abandon de l’ESR par les différents pouvoirs politiques qui se sont succédés. Les montants votés sont les mêmes que ceux indiqués avant la crise sanitaire. Pourtant les dépenses et les pertes de recettes liées à cette dernière sont importantes. D’aucuns pourront nous dire que d’autres financements sont prévus, en particulier, via le plan de relance mais ils ne sont pas pérennisés dans le temps.
La très grande majorité de ces financements seront alloués sur appels à projet. Ils maintiendront donc les équipes dans une concurrence coûteuse en temps et en énergie et qui pèse fortement sur les conditions de travail des agents et sur la précarisation des emplois.
Le PLF 2021 ne vient pas rassurer les agents. En effet, le programme 150 sera très en deçà des besoins pourtant reconnus unanimement par tous. La hausse accélérée des effectifs étudiants nécessiterait un plan de recrutement d’urgence d’enseignants et d’enseignants-chercheurs pour stopper la dégradation constante de leurs conditions de travail
Le Sgen-CFDT continuera de porter ses revendications et ne se laissera pas imposer un calendrier précipité et un faux semblant de concertation pour discuter de choses aussi fondamentales que le recrutement des enseignants-chercheurs. Nous attendons une véritable concertation. Faut il rappeler ici, que les enseignants-chercheurs sont des agents de la Fonction publique d’État. Le Sgen-CFDT entend œuvrer pour qu’ils le restent. Cela passe notamment par le maintien d’une procédure nationale de recrutement qui ne s’oppose en rien – contrairement à ce que disent certains – à l’autonomie des universités.