Le Sgen-CFDT a participé à une réunion avec la direction générale des ressources humaines et la direction pour le numérique éducatif. Les organisations syndicales ont pu y donner leurs réactions au sujet des "états généraux du numérique". Analyses et commentaires présentés par le Sgen-CFDT...
En fin d’article, vous trouverez la présentation synthétique des propositions issues des États généraux du numérique pour l’éducation.
États généraux du numérique et gouvernance du numérique
Ce moment important de réflexion collective a souvent permis des contributions de qualité. Il a cependant pâti du contexte très tendu dans lequel il a eu lieu avec la crise sanitaire et scolaire que nous traversons. C’est la raison pour laquelle nous sommes bien entendus attachés à une poursuite du dialogue et de l’élaboration collective tels qu’ils peuvent être envisagés dans plusieurs des propositions. Nous mettons cependant en garde face à la multiplication des instances qui risquent d’être formelles si elles ne se déroulent pas au niveau approprié (celui des collectivités territoriales responsables par exemple). Pourquoi, par ailleurs, vouloir remplacer des instances qui se tiennent déjà, parfois de manière fructueuse, comme les commissions numériques des EPLE ?
Le Sgen-CFDT est un syndicat général qui s’exprime au nom des enseignant·es mais aussi de toutes les autres catégories de personnel.
Nos observations concernent donc à la fois les enseignant·es mais aussi les personnels d’encadrement, les personnels de santé, de vie scolaire, sociaux, d’accompagnement des élèves à besoins spécifiques…
Le Sgen-CFDT souhaite qu’une triple préoccupation soit présente dans toutes les propositions :
- la volonté de tenir compte des questions d’inclusion,
- la nécessité de prendre en compte la transition climatique dans toutes les réflexions et les décisions,
- la définition d’un cadre de confiance à la fois pour la protection des données et pour une perception plus juste des apports et des limites du recours au numérique.
Nos besoins d’équipements et de services
Tous les agent·es doivent bénéficier d’un panel de services, avec un accès centralisé pour plus de lisibilité, et en particulier de services de base comme un stockage sur un nuage sécurisé et hébergé sur le territoire national. La qualité du service et son ergonomie ont un effet important sur son adoption par les personnels. Ces services doivent à la fois concerner des applications métier et des applications carrières. Il n’est pas normal que des applications telles que i-prof, quoi qu’on puisse en penser, n’existent pas pour tou·tes les agent·es.
Nous souhaitons par ailleurs rappeler que des besoins spécifiques existent aussi pour d’autres catégories de personnels. Comme les médecins par exemple qui ont besoin d’accéder à des informations nécessaires à l’exercice de leurs missions. Comme les assistantes sociales qui sont souvent mises en difficulté dans leur équipement informatique parce qu’elles interviennent sur plusieurs établissements et souvent à la fois dans des collèges et des lycées.
Ces besoins peuvent aussi concerner l’équipement téléphonique et la prise en charge des communications téléphoniques. Disposer d’un outil de travail adapté aux missions qu’on exerce ne devrait pas être une option.
Un poste informatique dans chaque salle de classe.
Si une dotation d’un poste informatique dans chaque salle de classe semble incontournable, les modalités de cette dotation peuvent être multiples, y compris pourquoi pas avec un poste informatique que le personnel peut ramener à son domicile s’il y travaille. Si pour certains niveaux ou dans certaines voies d’enseignement un accès des élèves aux outils numériques suppose leur dotation individuelle, pour d’autres la mise à disposition d’outils sous la forme de classes mobiles peut convenir, parfois avec des ordinateurs, parfois avec des tablettes.
Lutter contre les inégalités face au numérique
Concernant l’égalité femmes-hommes et les métiers du numérique, il nous semble également nécessaire de ne pas sensibiliser seulement les parents. Il est nécessaire que les personnels soient également concernés. Les personnels s’investissant dans les fonctions numériques sont trop souvent des hommes et cela exerce également un effet sur les représentations de nos élèves. Une action volontariste dans ce domaine nous semble nécessaire. Elle passe nécessairement par une meilleure formation, une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée… comme dans tous les autres domaines concernés par la nécessité d’une plus grande égalité professionnelle.
Il est nécessaire de définir un socle commun, en particulier dans le premier degré
L’hétérogénéité des situations en établissement en fonction des territoires, particulièrement dans le premier degré, constitue une problématique majeure. Il est nécessaire que l’État prenne ses responsabilités. La définition d’un socle commun sera très utile. Nous souhaitons insister sur la dotation d’un PC par classe au minimum et la mise en place d’un ENT pour toutes les écoles. Les directions d’école doivent également en être dotées.
Il est par ailleurs nécessaire que la qualité de service soit réelle, ce qui met l’accent sur la montée en charge des dispositifs en ligne, mais aussi sur la maintenance des équipements dans les unités d’enseignement. Un contrôle plus strict de la qualité des prestations des opérateurs, particulièrement des opérateurs privés, est nécessaire, dès la passation des marchés.
Le renforcement de l’agilité de notre système éducatif face aux crises qui ne manqueront pas de se produire à l’avenir du fait en particulier du réchauffement climatique est une nécessité. Cela passe aussi par une réflexion sur le bâti scolaire, la mise en place d’infrastructures qui permettent une hybridation de qualité, comme des installations techniques pour la classe virtuelle ou la visioconférence dans les locaux de travail.
Définir les modalités du télétravail pour tous nos métiers
La question de la définition d’un télétravail au sens de la loi pour tous les personnels est également au cœur de nos préoccupations en lien avec les usages du numérique en période de crise. Cela passe non seulement par un accord spécifique aux différents métiers, mais également par un point sur l’équipement professionnel, en particulier lorsque cet équipement est fourni par l’employeur plutôt que financé par lui.
Des équipes doivent pouvoir intervenir auprès des agents en cas de dysfonctionnement des dispositifs prévus. Le temps de travail à domicile doit être régulé et les encadrants formés aux enjeux du travail à distance. Les collectivités territoriales peuvent peut-être également proposer des lieux adaptés au « co-working » au plus près des agent·es dans le cadre d’accord avec notre ministère.