Le Sgen-CFDT a porté un certain nombre d'évolutions dans l'évaluation des enseignants que l'accord PPCR va permettre de mettre en œuvre.
Philippe GUIZARD, IA-IPR d'Histoire-Géographie dans l'académie de Montpellier, analyse ces évolutions.
Une occasion pour les chefs d’établissement et les inspecteurs de renforcer la cohérence de leur action…
Philippe, quel avis portes-tu sur la suppression de la note pédagogique et administrative des enseignants ?
Il s’agit d’une évolution positive qui avait déjà été évoquée lors de la consultation « Refondons l’École de la République » à l’été 2012. Ce système en voie d’abandon aujourd’hui est en effet injuste car tous les personnels ne sont pas évalués au même rythme, infantilisant car il favorise la prestation d’un jour aux dépens de l’évaluation du travail de fond, et improductif car ce système ne favorise pas les transformations en profondeur de notre système éducatif et l’évolution des pratiques pédagogiques.
Est-il important à ton avis que l’enseignant prépare son rendez-vous de carrière ?
On ne peut pas encourager le travail par compétences avec les élèves et refuser de procéder de façon comparable avec les professeurs.
Dans l’académie de Montpellier, en histoire-géographie, depuis des années nous insistons pour que les professeurs inspectés ne cherchent pas à présenter pour l’occasion une sorte de séance supposée attendue par l’inspecteur, mais montrent la mise en œuvre d’une réflexion ou d’une innovation qui soient support de la discussion. Nous demandons au cours de l’entretien un bilan de ce qu’a été le travail de l’enseignant depuis plusieurs années (formations suivies, dispositifs mis en œuvre, travail dans son établissement, projets menés, …) et nous souhaitons que soit systématiquement présenté le « projet de l’équipe disciplinaire » afin de montrer l’intérêt que nous portons au travail en équipe.
Finalement, le nouveau dispositif s’appuie sur des pratiques déjà largement initiées.
Que t’inspirent les réticences à ce sujet de certains personnels ?
Tous les nouveaux dispositifs créent de l’incertitude. L’inquiétude sera aussi bien du côté des professeurs, car finalement une inspection tous les 4 ou 5 ans n’était qu’un « mauvais moment à passer » dans un dispositif confortable, que des inspecteurs dont la légitimité ne reposera plus sur l’attribution d’une note mais sur la compétence à accompagner, conseiller et mettre en perspective.
Dans le second degré, un double regard entre l’inspecteur et le chef d’établissement est instauré. Qu’en penses-tu ?
Je constate que dans 90% des cas, le croisement des regards se fait aujourd’hui sans anicroche et aboutit à un diagnostic partagé entre le chef d’établissement et l’inspecteur. La relation entre les deux est largement apaisée par rapport à ce que j’ai pu connaitre au début de ma carrière d’inspecteur. Un système où les acteurs (professeurs, chefs d’établissement, inspecteurs) identifient mieux leur rôle, travaillent en cohérence et sont capables de construire un regard distancié sur les actions menées me parait un vrai facteur de progrès.
Concernant l’accompagnement des personnels, Quelles suggestions ferais-tu pour apporter de l’aide à un enseignant en difficulté ?
Pour ma part, je pense que l’essentiel, qui sera perçu plus tard, réside dans l’accompagnement des personnels. Si le dispositif n’épuise pas le temps et l’énergie des inspecteurs dans les tâches d’évaluation, l’accompagnement sera le vrai facteur de progrès.
L’accompagnement devrait permettre de travailler sur ce qui fait problème, sans arrière-pensée concernant la note, et de traiter la difficulté en l’intégrant dans l’activité de l’équipe, en l’abordant de façon plus globale.
Les inspecteurs et les chefs d’établissement, ont-ils besoin de formation dans la cadre de la nouvelle évaluation ?
Toute nouveauté, pour être bien comprise et bien mise en œuvre suppose un accompagnement et de la formation. C’est aussi un moment où chefs d’établissement et inspecteurs auront l’occasion de renforcer la cohérence de leur action.
Nous avons besoin d’une intelligence collective pour faire évoluer notre système éducatif vers plus de réussite et plus de justice.