Le Sgen-CFDT a milité pour la suppression de la note, tant pédagogique qu'administrative, des enseignants.
Martine Saint-Aman, principale du collège Lucie Aubrac à Grenoble, analyse les évolutions de l'évaluation des enseignants dans le cadre de l'accord PPCR.
Il était grand temps de supprimer la note des enseignants et de la remplacer par de véritables entretiens professionnels.
Quel avis portes-tu sur la suppression de la note pédagogique et administrative des enseignants ?
Que ce soit au niveau des élèves ou des enseignants, au niveau disciplinaire ou transversal, chacun sait que la « note-contrôle-sanction » a ses limites, voire sa part d’injustice. Il suffit de se référer pour cela aux études docimologiques. De plus la note a tendance à déresponsabiliser l’individu dans la prise en charge de son parcours professionnel et elle génère souvent des effets négatifs sur l’estime de soi.
Il était donc grand temps de supprimer la note des enseignants, qu’elle soit pédagogique ou administrative et de la remplacer par de véritables entretiens professionnels constructifs, fondés sur les compétences professionnelles des enseignants, dans la logique de formation tout au long de la vie et d’évolution de carrière.
Quel intérêt trouves-tu à ce que l’enseignant prépare son rendez-vous de carrière ?
Je vais à nouveau faire un parallèle avec l’élève en situation d’apprentissage : l’élève peut apprendre s’il se met en projet d’apprentissage, s’il se prépare, s’il s’engage. Il en est de même pour l’enseignant qui, s’il prépare son entretien, sera beaucoup plus motivé et acteur et développera ainsi sa réflexivité professionnelle dans une logique de progression. Ce sera l’occasion de renforcer la référence à la grille de compétences des enseignants.
Que t’inspirent les réticences à ce sujet de certains personnels ?
Bien sûr, il y a la résistance au changement, c’est inévitable. Mais ces réticences révèlent aussi un manque de confiance de certains enseignants dans la hiérarchie : saura t-elle être assez professionnelle pour accompagner les parcours des enseignants ? Certains sont méfiants, incrédules, et c’est notre rôle de les rassurer par notre pratique professionnelle dans un cadre structuré et sécurisant.Je pense qu’un des moyens d’y parvenir est de
donner une plus grande place à l’évaluation en équipes,
sans pour autant supprimer l’évaluation individuelle qui est une étape du parcours professionnel. On est bien dans une dynamique de construction collective et de formation tout au long de la vie.
Que penses-tu de l’instauration, dans le second degré, d’un double regard entre l’inspecteur et le chef d’établissement ?
Les regards croisés sont toujours enrichissants. C’est une chance pour l’enseignant qui sera ainsi évalué en situation complexe. C’est aussi une chance pour les évaluateurs qui peuvent ainsi renforcer les notions de co-construction et de partenariat entre le Rectorat et les établissements.
Concernant l’accompagnement des personnels, Quelles suggestions ferais-tu pour apporter de l’aide à un enseignant en difficulté ?
Il est essentiel d’avoir avant tout une attitude bienveillante et de comprendre la nature de la difficulté. Un des moyens d’étayer l’enseignant est de l’inviter à mieux cerner sa difficulté, lui proposer d’aller dans les classes des collègues, organiser une rencontre disciplinaire ou thématique. Il est important de déculpabiliser l’enseignant et de réfléchir avec lui à « comment évoluer ».
Cependant, certains enseignants ont besoin de « souffler » alors que les occasions de formation ou de détachement sont rares, voire impossibles dans certaines disciplines qui manquent d’enseignants. C’est très regrettable.
Les inspecteurs et les chefs d’établissement, ont-ils besoin de formation dans la cadre de la nouvelle évaluation ?
Oui, la formation est essentielle, quel que soit le niveau hiérarchique, afin de développer la compétence à accompagner des cadres. L’évaluation est un exercice complexe et évolutif. Il sera d’autant mieux réalisé que les évaluateurs seront engagés et en recherche constante. Les formations en ressources humaines sont inépuisables.