L'évaluation de la pratique professionnelle, devant la classe mais aussi en équipe pédagogique, ne doit plus être polluée par des considérations liées à la carrière.
L’évaluation de la pratique professionnelle, devant la classe mais aussi en équipe pédagogique, ne doit plus être polluée par des considérations liées à la carrière.
La difficulté éprouvée par un enseignant ou une enseignante dans l’exercice de son métier n’est pas a priori l’indice d’une carence professionnelle ou d’un défaut d’engagement personnel, cela signifie d’abord un besoin d’appui, de soutien de la part de l’institution. Si l’on veut que les enseignantes et les enseignants analysent lucidement et sereinement leur pratique professionnelle afin de l’améliorer, il faut leur permettre de le faire en dehors de tout enjeu de carrière ou de reconnaissance.
Mais pour que la distinction soit opérationnelle, il faut que ceux qui évaluent la pratique professionnelle ne soient pas aussi ceux qui évaluent la valeur professionnelle – que ceux qui fournissent aide et formation ne soient pas aussi ceux qui décident des promotions. Les corps d’encadrement (IEN, IPR, Perdir) peuvent bien évidemment participer aux deux types d’évaluation, mais les mêmes personnes ne doivent pas remplir les deux fonctions. Sans quoi les deux processus influeront l’un sur l’autre, et on retrouvera la confusion actuelle.
Il faut donc penser séparément les deux processus d’évaluation
Pour le moment, le ministère ne veut pas reconnaître cette impossibilité, et essaie de distinguer les deux types d’évaluation en les situant à des moments différents de la carrière : dans un premier tiers de sa carrière, un enseignant aurait surtout besoin d’évaluation formative, d’aide à l’amélioration de sa pratique professionnelle, tandis qu’en fin de carrière il aurait surtout besoin de reconnaissance de son parcours et donc d’évaluation de sa valeur professionnelle, le tiers du milieu relevant un peu des deux, comme de bien entendu.
Mais cette distinction chronologique n’a guère de sens. D’abord parce que le besoin de travailler sa pratique professionnelle n’est pas l’apanage des jeunes collègues. A tout moment de la carrière, un changement d’environnement professionnel, ou un changement personnel peuvent révéler chez un enseignant ou une enseignante un besoin de formation ou d’accompagnement. Ensuite parce que les occurrences de promotion prévues par le projet ministériel sont pour l’essentiel située dans la première moitié de carrière. Seul l’accès effectif au troisième grade se situe plus tardivement, mais comme il rétribue pour l’essentiel l’exercice de fonctions, il ne nécessitera aucune évaluation.
Pour le Sgen-CFDT, il faut donc penser séparément les deux processus d’évaluation, qui sont de nature complètement différente et doivent relever chacune de calendriers, d’instances et de modalités spécifiques.
Évaluation de la pratique professionnelle
L’évaluation de la pratique professionnelle et l’accompagnement des personnels peuvent rester le fait des corps d’inspection, de plus en plus aidés d’ailleurs par des chargés de mission ou des conseillers pédagogiques. Le développement des ESPE et du réseau de formateurs devrait aussi accroître la capacité d’accompagnement de ses personnels par le système éducatif.
Les modalités de l’évaluation de la pratique professionnelle peuvent aussi évoluer utilement. Dans la mesure où cette évaluation n’a pas de fin de sanction mais de formation, elle gagne donc à être planifiée, préparée, organisée en lien avec l’enseignante ou l’enseignant. Elle doit aussi pouvoir être sollicitée par l’agent lui-même. L’évaluation de la pratique professionnelle, dans ce cadre nouveau, peut enfin être collective, et impliquer toute une équipe pédagogique ou disciplinaire, de même qu’elle peut porter sur autre chose que le face-à-face élève.