Les évaluations d’établissement devaient concerner dès cette année 20% des EPLE. Du fait de la crise sanitaire, le Sgen-CFDT a obtenu que seuls les établissements volontaires se lancent dans cette dynamique de travail. Premiers résultats et conditions d'une généralisation positive...
Évaluer un projet, un établissement pour demain définir en équipe un projet permettant de fédérer les énergies est une bonne chose, en tout cas sur le papier. Le Sgen-CFDT est prêt à y adhérer.
Lancée dans les EPLE cette année scolaire, la mise en œuvre de ces évaluations a vite été mise à mal par la crise sanitaire. Les personnels de direction en charge du pilotage ayant bien d’autres priorités à gérer en particulier l’accueil des élèves et des enseignants dans de bonnes conditions sanitaires. Très tôt, le Sgen-CFDT l’a signalé.
Initialement obligatoires pour tous les établissements, ces évaluations relèvent désormais du volontariat avec un assouplissement du calendrier initial salué par notre organisation syndicale.
Premiers résultats de ces évaluations
Selon le Ministère, 12 % des établissements du second degré ont débuté le travail d’autoévaluation et d’évaluation.
Cela représente, pour l’ensemble du pays, 1000 à 1200 établissements scolaires. 90 % de ces établissements sont des collèges et 10 % des lycées. Peu d’établissements privés sous contrat dans ce dispositif.
La situation est cependant très disparate sur le territoire puisque dans certaines académies, seuls 6 % des établissements se sont engagés dans la démarche et plus de 20 % dans d’autres.
Comment expliquer ces écarts ? Pour le Sgen-CFDT, c’est sans doute parce que d’un volontariat pur dans certaines académies, on est passé, à un volontariat fortement suggéré dans d’autres.
Dès lors il n’est pas très étonnant que certaines académies aient fait le choix de « recycler » des analyses conduites auparavant au lieu de mener un travail d’introspection, faute de temps.
C’est en effet souvent la première partie consacrée à l’autoévaluation qui pose souci.
Évaluation : un terme équivoque
Pourquoi cela ? Plusieurs explications pour le Sgen-CFDT.
Tout d’abord et sans doute parce que le mot évaluation pose problème.
Les personnels ont du mal à se représenter l’usage qui en sera fait par la suite car l’évaluation est habituellement perçue par la profession comme un élément de pilotage hiérarchique.
Un accompagnement des corps d’inspection lors de cette première phase est donc attendu.
Cela afin de permettre aux personnels de disposer d’explications qui puissent les rassurer sur les finalités attendues et la démarche à entreprendre.
La demande de relecture doit donc être protectrice et permettre d’éviter des dérapages vers le contrôle plus que l’évaluation, notamment la première année.
Dans notre institution, les cadres sont en effet souvent plus à l’aise dans le contrôle que pour l’évaluation.
D’autre part, les personnels doivent être mieux formés à ces évaluations externes.
Une équipe d’accompagnement et de supervision paraît donc nécessaire, surtout la première année, pour garantir la déontologie.
Enfin, il faut sortir du jugement pour entrer dans une phase constructive.
La nécessité de mobiliser du temps, des temps pour ces évaluations
La question du temps est fondamentale, a fortiori dans une période où le quotidien est parasité par le fonctionnement et les nécessaires réponses à donner aux directives liées à la crise sanitaire notamment pour les personnels de direction.
Le souhait du Conseil de l’évaluation de l’école est de voir s’impliquer un maximum de personnes, un vœu que le Sgen-CFDT partage mais qui, dans la pratique risque de montrer ses limites.
Il faut en effet sortir des constats et mettre en place un travail participatif qui mobilisera l’ensemble des personnels et même au-delà l’ensemble des membres de la communauté éducative de l’établissement. C’est bien ce temps de réflexion collective qui manque cruellement aux établissements qui ont décidé d’être volontaires.
Pour le Sgen-CFDT, la solution consistant à mener ce travail sur le temps de l’élève n’est pour autant pas satisfaisante car elle oubliera sans doute un certain nombre de partenaires, en premier lieu les familles mais aussi les collectivités territoriales, partenaires indispensables de cette réflexion.
C’est pourtant l’un des intérêts de ces évaluations, celui de pouvoir bénéficier d’un regard extérieur dans une démarche positive.
Le pilotage, au regard des enjeux, aura besoin de temps de concertation pour associer, échanger et concevoir cette évaluation.
Une évaluation souhaitable mais qu’il faut anticiper
Pour le Sgen-CFDT, la forme de l’évaluation, souhaitée par le Conseil de l’évaluation de l’école va tout à fait dans le sens de sa demande d’évaluation des politiques publiques.
Le contexte de la période n’est pas favorable à l’investissement de chacun.e.
Il faudra donc sans doute un certain délai avant qu’elle ressemble à une véritable évaluation positive partagée.
Elle doit être, en tout état de cause, un gain pour les agent.es et surtout à terme pour les élèves.
Si la prérentrée peut-être un temps de concertation opportun pour la réflexion collective, cela ne suffira pas.
D’autres moments plus réguliers doivent pouvoir être anticipés et inscrits au calendrier des établissements comme incontournables.
Vouloir une évaluation positive partagée ne pourra se faire sans parler des moyens mis en face pour la rendre opérationnelle, le travail sur les indicateurs ne s’improvisant pas…
Il parait donc essentiel de se donner les moyens humains et opérationnels et à plus forte raison au regard de la transformation de nos métiers.
Amener une communauté éducative à analyser ses pratiques dans un contexte donné, est un objectif auquel adhère le Sgen-CFDT mais pour cela il est nécessaire d’ accompagner au préalable l’ensemble de ses membres.