Le Ministre a annoncé le déploiement en septembre d’évaluations nationales standardisées pour les élèves entrant en CM1 et en 4ème, sur le modèle de ce qui existe déjà pour d’autres niveaux. Pour le Sgen-CFDT, les objectifs de ces évaluations restent flous et leur utilité continue à questionner.
Malgré à un front syndical qui demande la suppression des évaluations nationales standardisées déjà en usage (CP, CE1, 6ème, Seconde), le Ministère persiste et signe en les déployant sur deux niveaux supplémentaires à la rentrée prochaine CM1 et 4ème).
Évaluations nationales en CM1 et en 4ème : Quels objectifs ? Quelles modalités de mise en oeuvre ?
L’objectif du ministère est de mieux cerner les compétences acquises des élèves en début d’année pour pouvoir mettre en place les remédiations nécessaires le plus rapidement possible. Elles suivront le modèle des évaluations nationales qui existent déjà en CP, CE1 et 6ème. Les élèves concernés les passeront les semaines 36 et 37, soit la semaine suivant le retour en classe.
Pour le Sgen-CFDT, cette période de passation est trop précoce. Tous les enseignants savent qu’ils ont besoin de temps pour retrouver leur statut d’élève, un rythme de travail et se replonger dans les apprentissages. Le timing ne semble donc pas des plus respectueux pour les enfants et les adolescents concernés.
Des évaluations qui ne sont que partielles
Le Ministère justifie les évaluations en CM1 par la nécessité de savoir où en sont les élèves en début de cycle 3.
Pour la 4ème, il s’agit de mesurer les acquis des élèves avant qu’ils entrent en ce milieu de cycle 4 dans l’abstraction.
Pour le Sgen-CFDT, c’est bien l’extension de ce dispositif qui pose question. De nombreux pays, notamment anglo saxons, l’avaient généralisé au point que les enseignant.e.s passaient plus de temps à préparer les évaluations qu’à réellement permettre l’acquisition de nouvelles compétences.
Tous ces pays font machine arrière en laissant plus d’autonomie aux enseignant.e.s pour évaluer et remédier au difficultés de chaque élève. En France, on fait donc le contraire, ce qui questionne la confiance que l’institution dans les enseignant.e.s. Pour le Sgen-CFDT, l’acte d’évaluation fait partie intégrante de leur métier. ils.elles y recourent en permanence sous diverses formes.
Veut-on laisser penser que seule une évaluation commune pourrait permettre de mesurer les acquis et les difficultés des élèves ? Que seule une évaluation imposée et des circulaires prescrivant des pratiques pédagogiques normées permettraient de remédier aux difficultés ? Ce serait réduire les enseignants à des exécutants.
Pour le Sgen-CFDT, il faut redonner la parole aux professionnels car ce sont eux qui enseignent et qui sont les mieux à même de faire progresser les élèves. Cette photographie, à un instant T des compétences de l’élèves n’est que partielle et ne tient pas compte de nombreux de facteurs peuvant influencer la capacité de l’élève à répondre à un questionnaire : fatigue, pression, environnement social et familial.
Des évaluations inexploitables
En déployant de nouvelles évaluations sur deux niveaux supplémentaires, il est légitime de se demander si le Ministère entend étendre ce dispositif pour chaque année de la scolarité obligatoire de l’enfant, du jeune.
Pour le Sgen-CFDT, une chose est sûre, on ne peut baser la conception d’une politique éducative sur la seule utilisation de cet outil comme s’il était le Graal absolu. Ces évaluations viennent ajouter une pression supplémentaire, pour les élèves et lesenseignant.e.s, alors que les programmes sont déjà extrêmement chargés voire trop ambitieux. Ces évaluations ne sont d’ailleurs basées que sur les fondamentaux et sur des exercices dont la nature peut mettre l’élève en difficulté alors qu’il maîtrise réellement la compétence mesurée.
Ainsi, par exemple, un enfant dont la fluence est faible peut très bien avoir une capacité à comprendre un texte très performante. D’autre part, est-ce à dire que les disciplines autres que le français et les maths sont annexes ?
Enfin, faute de temps, l’analyse et l’appropriation collectives des résultats par les équipes pédagogiques des écoles et des collèges est difficile.
Redonner la parole au terrain
Manque de sens, dispositif chronophage, outils d’exploitation des évaluations nationales standardisés inutilisables, positionnement contestable en début d’année scolaire, tableaux statistiques inutiles… Beaucoup d’enseignant.e.s conteste cet outil dont l’utilité réelle les questionne.
On peut même se demander si la confiance de notre employeur envers ses personnels est réelle. Pour le Sgen-CFDT, il conviendrait de changer de paradigme en écoutant plus le terrain et en lui laissant plus d’autonomie pour plus d’initiatives.
Si le ministère a besoin d’évaluations à des fins de pilotage, il pourrait tout aussi bien procéder à des évaluations sur la base de panels d’élèves représentatifs. Le déploiement des évaluations nationales standardisées sur d’autres niveaux montre que le ministère n’en prend pas le chemin…