Les effectifs de l'enseignement agricole avaient connu en 2019 un retournement de tendance après plusieurs années de baisse. L'année 2020 est à nouveau à la baisse, notamment dans le privé. L'enseignement agricole public est peu touché, mais pour Bercy peu importe !
Les effectifs de l’enseignement agricole à la baisse, surtout dans le privé.
L’enseignement agricole technique va former près de 154.695 apprenants en 2020-2021 (contre 158.106 en 2019 soit -3411 ou -2,2%), de la 4ème aux études agricoles supérieures.
Enseignement technique agricole public.
L’enseignement technique agricole public voit ses effectifs légèrement baisser (60.914 en 2020 contre 61180 en 2019 soit -0,4%). Cette baisse s’explique en partie par le faible nombre de redoublants et un fort taux de réussite aux examens dont l’organisation a été marquée par la crise sanitaire.
Enseignement technique agricole privé.
L’enseignement privé connaît une chute et voit ses effectifs passer de 96.926 à 93.781 (- 3.154 ou -3,2%). Cette évolution préoccupante est moins forte dans l’EA privé à temps plein (- 926 ou – 1,9%) que l’EA privé à rythme approprié (-2080 ou – 4,5%).
Pour le Sgen-CFDT, la rentrée 2020 pour l’enseignement agricole public est mesurée. L’évolution des effectifs de l’enseignement agricole était en hausse en 2019 après avoir suivi une trajectoire descendante préoccupante, un retour à la baisse semble d’actualité. Les conditions sanitaires particulières ont joué un rôle défavorable en pénalisant le recrutement (impossibilité de tenir des portes ouvertes en présentiel), l’inquiétude des familles de voir leurs jeunes en internat, le souhait des familles de garder leurs jeunes proches… expliquent en partie ce résultat.
Le déclin n’est pas une fatalité…
Si l’on prend l’ensemble des familles de l’EA, ces évolutions hétérogènes réactivent les craintes sur l’avenir de l’enseignement agricole. La crise de la covid-19, qui a fortement touché notre système de formation, bien plus que l’Éducation nationale, les a fait renaître. Pour le Sgen-CFDT, il faut plus que jamais poursuivre le travail engagé en renforçant les spécificités de l’enseignement agricole, qualité de l’accompagnement, pédagogie inclusive et diversifiée, taux d’insertion… Le déclin n’est pas une fatalité, notamment dans le secteur public. Il faut développer les atouts intrinsèques de l’EA en continuant de les valoriser par une communication adaptée auprès des collèges, des lycées, des familles, des partenaires…
Une évolution contrastée en fonction des cycles.
Pour la 4ème technologique, le chute des effectifs est sévère (- 848 soit -8,6%) et est plus marquée dans le privé (– 809/ – 8,8%) que dans le public qui en scolarise peu (- 39/ -5,4%). Pour les classes de 4è et de 3è, la réticence des famille en est la principale raison, le collège de secteur a été privilégié. Ce ne serait donc que conjoncturel, espérons le !
Pour le cycle de détermination en lycée (2nd), les effectifs stagnent dans le public (+13/ + 0,2%) alors qu’ils augmentent significativement dans le privé (+ 135/ +5,8%). La pandémie n’explique pas tout, elle se superpose à la dernière réforme des bacs qui n’est pas encore assimilée par toutes les familles.
Pour le bac techno, la chute est aussi préoccupante dans le public (-332/ -4,2%) que dans le privé (-141/ -5%). La question de la perte d’attractivité de cette filière peut être posée : 11.291 élèves en 2016 contre 10.363 en 2020 pour l’ensemble de l’EA. Le Sgen-CFDT demande un groupe de travail sur ce sujet, sur l’avenir de ce bac au MAA.
Pour le bac général, l’érosion des effectifs est plus marquée dans le public (-93/ -2,9%) que dans le privé (-17/ -1,7%). Les effectifs étaient de 4.220 en 2016 contre 4.242 en 2019 et 4.132 en 2020 pour l’ensemble de l’EA. La réforme du bac a peu d’impact et le recrutement semble osciller autour de la barre des 4.200. Avons-nous les moyens d’augmenter ces effectifs ? Une vraie question sur l’avenir de ce bac au MAA ?
Pour le bac pro, le secteur public progresse (+35/ +0,1%). Ce chiffre est trompeur car on constate une baisse inquiétante du recrutement en 2nd pro : – 174/ -1,8%. Pour le privé, les évolutions sont négatives : – 1993/ -2,9%. Toutes familles de l’EA confondues on passe en 2016 de 92.179 à 84.559 pour 2020. La concurrence entre la voie scolaire et la voie de l’apprentissage est un faux problème, il faudrait parier sur la complémentarité qui permet aux apprenants de passer de l’une à l’autre, l’objectif étant que ces « navettes » se fassent au sein de l’enseignement agricole.
Pour le BTSA, le secteur public progresse : + 200 étudiants en 2020 contrairement au privé (-62/ -0,8%). On peut espérer que la mise en œuvre de la semestrialisation renforce l’attractivité de ce cycle au recrutement positif depuis 3 années consécutives. Ces BTS sont peu et/ou mal connus, un vrai enjeu de les faire connaître et reconnaître dans leur diversité et leur contenu.
Pour le Sgen-CFDT, il faut mobiliser l’ensemble les actrices et acteurs concerné.e.s et mettre en avant les qualités de l’EA et son bon taux d’insertion professionnel. Il faut éviter la mise en place d’un cercle vicieux se caractérisant par des fermetures de classes qui entraîneraient mécaniquement un transfert des élèves potentiellement intéressés vers des formations proposées par l’Éducation nationale, qui précipiteraient une chute des effectifs dans l’enseignement agricole et donc la fermeture supplémentaire de classes etc. etc.
Tendances contradictoires en fonction des sections :
Pour le bac pro, depuis 2016, on constate une baisse continue des effectifs dans ce cycle dans les principales sections : aménagement paysager, CGEA, services à la personne et au territoire…Certaines tirent leur épingle du jeu comme conduite et gestion de l’entreprise secteur canin-félin, technicien conseil de produits alimentaires, en vente animale…Les évolutions sont contrastées et sont en partie liées à l’image que le grand public peut avoir de ces activités professionnelles.
Pour le BTSA, le CGEA perd de l’attractivité depuis 2016 (de 2035 à 1873) même si cette année, le recrutement en 1ere année augmente de +0,9%. GPN, DART, TC, PA connaissent quant à eux une belle augmentation cette année (entre 6 et 12%).
Pour le CAPA, le SAPVER est à la peine (de 4409 en 2016 à 4043 en 2020). Les métiers de l’agriculture comme « jardinier-paysagers » connaissent une évolution plus contrastée, stagnation. Le Sgen-CFDT a demandé un groupe de travail sur les CAPA, la demande va croître d’autant plus avec la disparition du BEPA (en fin de 1è bac pro).
Évolution des effectifs de l’enseignement agricole : ce qu’en pense le Sgen-CFDT.
Depuis plusieurs années, notre système de formation fait l’objet d’une forte reconnaissance pour sa qualité et sa pertinence, ce point est positif et l’EA possède de sérieux atouts. La volonté d’accueillir de plus en plus d’élèves est régulièrement mise en avant par les Ministres de l’agriculture qui se sont succédés. Le plan de relance va consacrer une partie des 10 millions d’euros à un plan de communication poursuivant la campagne de promotion de l’enseignement agricole nommée « L’aventure du vivant ». Dans ce cadre, le ministère de l’agriculture a investi dans un camion qui devrait reprendre la traversée de la France entière et faire des étapes dans les villes pour y accueillir et renseigner les parents et élèves. Il a remporté un certain succès lors de ses premières haltes, de nombreux jeunes et de nombreuses familles s’étant déplacés. Le confinement brise momentanément cet élan mais la dynamique est lancée et reprendra, de même des portes ouvertes en présentiel.
Si les déclarations d’amour adressées à l’EA sont fortes, les preuves d’amour sont maigres : dans le PLF 2021, le budget proposé ne permettra pas d’accueillir un nombre significatif d’élèves supplémentaires : les derniers PLF réduisent le nombre d’ETP (- 80 cette année, – 130 annoncés l’année prochaine). Ce schéma d’emploi doit être abandonné afin de donner à l’enseignement agricole le second souffle qu’il mérite.