Comment l'environnement de travail peut favoriser les apprentissages des élèves ? - L'impact de l'environnement sur les apprentissages - Des exemples d'expérimentations en collège et lycée.
La question de l’environnement de travail est posé dans la plupart des secteurs d’activité aujourd’hui. L’enjeu de l’efficience est mis en avant, tout comme celui du bien-être et de l’autonomie des personnels travaillant en équipe.
Cette question mérite d’être posée également pour l’espace de travail des élèves. Les classes de maternelles proposent pour la plupart, des espaces de travail variés. Des supports favorisent l’activité collective, corporelle, créatrice, ou encore les moments de repos, ainsi que la présence de deux adultes. Ces paramètres semblent oubliés chez les plus âgés où le format classique un prof, une classe, un groupe est maintenu.
Pourtant, l’un des enjeux de l’école est bien d’offrir à l’enfant des espaces d’exploration, d’initiatives et de travail collaboratif variés. Ils mettent en jeu des apprentissages complexes, incluant les dimensions cognitives, sociales, corporelles, émotionnelles de l’individu. C’est alors le rapport au savoir, et aussi aux enseignants qui peut en être modifié.
Nous ouvrirons ce dossier avec l’exemple de propositions faites dans un lycée et un collège offrant de premières pistes de réflexion sur l’impact du choix de l’environnement et du matériel de classe sur les apprentissage et le bien-être des élèves.
Les questions plus vaste des groupements d’élèves, des types d’activités, des intervenants pourront aussi être posées dans cette problématique.
Environnement de travail et pédagogie
Pourquoi modifier l’environnement de travail?
De plus en plus de projets visent à repenser l’environnement de travail des élèves. Ils sont lancés sur initiative d’équipes ou de personnels de direction. Ces acteurs suivent l’intuition que la configuration « une classe, un estrade, face à des bureaux d’élèves, un prof, un créneau horaire non modulable » limite à la fois la variété des enseignements et les possibilités d’apprentissage.
La question de l’impact de l’environnement sur le travail, est déjà levée dans de nombreuses entreprises. Celles-ci réorganisent leurs espaces et parfois leur organisation de travail, dans un soucis soyons honnêtes, d’accroître l’efficacité et le rendement des équipes. Il s’agit aussi de favoriser le bien-être et l’autonomie des salariés.
Le monde du travail se penche sur la question
Les recherches mettent en avant l’impact du bruit, de la lumière et de la qualité de l’air comme caractéristiques physique à prendre en considération dans l’environnement de travail.
D’autres études montrent que « le désengagement des français peut s’expliquer entre autre par un manque de liberté de choix et de contrôle de l’environnement de travail, peu de diversité dans les espaces de travail (zones de détente, de concentration, d’échanges, etc…). (…) les employés (…) peuvent choisir où et comment travailler, et gérer leurs besoins d’intimité pour se concentrer ou travailler en équipe sans interruption. » (C. Gall, « Quel est l’impact de l’environnement de travail sur l’engagement des salariés »)
Ces résultats invitent à repenser l’environnement de travail des personnels éducatifs, mais aussi celui des élèves. L’objectif est de favoriser leurs apprentissages en situation de bien-être, dans l’ensemble des compétences attendues, de la maternelle à l’université. Cet environnement incluant les dimensions physiques, matérielles, temporelles et humaines.
Environnement / Apprentissage, des liens réciproques
Deux questions émergent alors :
Comment une volonté pédagogique peut amener, un changement d’environnement de travail, plus agréable, et plus propices aux apprentissages?
Et en retour, dans la perspective écologique de l’apprentissage où l’on considère que l‘activité émerge d’un couplage dynamique sujet – contexte, Comment l’espace de travail, investi par l’action, va susciter des changements de pratiques, tant chez les enseignants que chez les élèves?
Concernant l’organisation de la classe, les choix ne sont pas binaires. L’un des préalables semble être le caractère modulable des espaces. L’enjeu est l’appropriation, par les équipes et les élèves de l’ensemble des possibles, anticipés ou non, créés par ces nouveaux environnements.
Deux exemples d’établissements expérimentaux
Nous nous appuierons sur deux exemples d’établissement engagés dans cette démarche.
Ces deux expérimentations nous permettent, entre autre, d’illustrer les liens environnement /apprentissage collaboratif, et environnement / posture et temps d’apprentissage.
Dans le premier degré
Un exemple d’innovation dans le premier degré : « Les enfants-élèves au cœur de l’innovation : le projet d’école primaire de Hubert Montagner, en Haute Corse, à Monticello ».
Favoriser l’apprentissage collaboratif
Dans les deux établissements est exprimée la volonté d’encourager l’apprentissage collaboratif et donc la construction de méthodes de travail de groupe et de compétences méthodologiques et sociales.
Un des aménagements a été d’équiper une ou plusieurs salles de chaises à roulettes, identifiées par des couleurs. Cela permet une modulation des groupes très rapides et autonomes.
Une autre proposition favorisant le travail collectif de recherche a été, au lycée de Poitiers, de proposer des salles entièrement entourés de murs, sur lesquels on peut écrire au feutre effaçable. La configuration de ces supports et leur disposition, incite le travail à plusieurs, de recherche, d’exposer de ses idées, d’élaborations de schémas, carte mentale… partagée.
Diversifier les formes de corps et d’espace au travail
Une autre volonté a été de penser des espaces de travail variés au sein de l’établissement, y compris des espaces plus informels. Les corps peuvent « s’y exprimer ou s’étaler » un peu plus.
Au delà des salles plus spécifiques au travail de recueil de son par exemple, ou de lecture, ou de recherche multimédias, le collège propose des espaces plus informels dans les couloirs, pouvant être investis de différentes façons par les élèves, pour le travail ou le repos. De la même façon dans certaines classes, des « poufs » peuvent être installés, offrant le loisir de différentes postures pour apprendre, se reposer, se concentrer…
Prendre le risque des changements induits…
Il ne s’agit bien sûr que d’exemples, et les aménagements devront être définis, en équipe, au regard du public et des objectifs visés. Ces expérimentations sur l’environnement de travail, incite aussi à prendre le risque de ce qui va émerger. C’est vrai tant dans l’usage des objets, par les élèves et la communauté éducative, que les changements de postures que cela peut engager dans les relations inter-élèves, et prof-élèves. Prendre le risque du plaisir d’apprendre, avec et par les autres.