Faire évoluer l’EREA pour une meilleure école inclusive

L’EREA est un établissement qui regroupe trois fonctions distinctes : celle de SEGPA, de LP et d’internat éducatif. Pour les deux premières, le maintien dans une structure fermée est contradictoire avec le principe d’école inclusive et relève plus d’une logique ségrégative. Par ailleurs, les internats éducatifs sont nécessaires, comme sont nécessaires des personnels formés, titulaires et volontaires — ce qui est loin d’être généralisé le cas aujourd’hui. Beaucoup de Professeurs des Écoles y sont nommés contre leur gré, vivent mal des conditions de travail inhabituelles et quittent le poste dès qu’ils le peuvent. La fonction d’internat éducatif reste, elle, essentielle et nous tenons à rappeler son caractère indispensable dans les parcours de certains élèves ayant besoin de trouver une place plus sécurisée et sécurisante.

IL Y A DEUX SUJETS À BIEN PRENDRE EN CONSIDÉRATION : LES PERSONNELS ET LE PUBLIC.

En ce qui concerne le public reçu en EREA, nous notons une montée en puissance du nombre d’élèves en situation de handicap qui pourraient être pris en charge dans des structures ordinaires dotées d’une ULIS. Par ailleurs, d’autres élèves sont encore trop souvent orientés dans ces structures, comme dans les SEGPA, selon des critères n’entrant pas dans le cadre de la circulaire. Notamment le fait que « la Segpa n’a pas vocation à accueillir des élèves au seul titre de troubles du comportement ou de difficultés directement liées à la compréhension de la langue française ».

Si on s’en tient à la logique d’école inclusive, la SEGPA et le Lycée d’Enseignement Adapté (LEA) en sont diamétralement opposés et relèvent d’une logique ségrégative. Les internats éducatifs sont une nécessité, un besoin parfois urgent pour les élèves concernés. C’est un lieu où ils pourront se reconstruire dans la stabilité. Mais la partie SEGPA ne pourrait-elle rejoindre son lieu de référence : le collège ? Le LEA n’a-t-il pas vocation à se trouver au sein d’un lycée professionnel ?

Pour les personnels, les conditions de travail dans les internats peuvent être très difficiles, voire violentes : les chiffres le montrent clairement, près de la moitié des personnels n’y sont pas titulaires, pas formés et généralement pas volontaires. Cela crée le turn-over déjà évoqué, aussi préjudiciable aux élèves qui ont particulièrement besoin de stabilité. La qualité de vie au travail et la qualité de vie pour les usagers en sont directement impactées.

POUR FAIRE ÉVOLUER LES EREA, LE SGEN-CFDT DEMANDE :

• de pouvoir permettre aux PE éducateurs en poste de conserver une place dans l’internat, quitte à redéfinir la ou les missions ;
• de proposer obligatoirement aux Assistants d’Éducation (AED) volontaires une formation. En effet, si on peut envisager que des AED soient responsables de tâches de surveillance au sein des EREA, cela doit se faire sous réserve d’une formation adéquate et de contrats motivants pour éviter le turn-over. Si des AED peuvent prendre en charge certaines activités, sur l’internat éducatif, il faut aussi des personnels spécialisés ;
• d’envisager de prendre appui sur le modèle des internats éducatifs existants, éventuellement en faisant appel à des éducateurs spécialisés.

Pour aller plus loin

• Loi de refondation : vers une école inclusive
• Une école inclusive pour une éducation inclusive…
• L’inclusion ne doit pas être qu’une ambition !!!
• École inclusive : après les choix il faut passer aux actes !