À partir de la rentrée 2018, les nouvelles et les nouveaux MCF devront obligatoirement être formé.es à la pédagogie. Cet accompagnement pédagogique était attendu par le Sgen-CFDT. En voici les modalités ainsi que notre analyse.
Des avancées significatives
Le décret publié le 9 mai 2017 (Décret n° 2017-854 du 9 mai 2017), issu des discussions menées dans le cadre de l’agenda social, institue pour les maîtres de conférence stagiaires une formation obligatoire initiale de trente deux heures « visant à l’approfondissement des compétences pédagogiques nécessaires à l’exercice du métier ».
Cette formation pourra tenir compte du parcours antérieur du stagiaire et être accompagnée d’un tutorat. Le directeur de chaque service ou composante délivrant la formation du stagiaire établira un avis sur le suivi de la formation, transmis au conseil académique ou à l’organe compétent. Le texte ne concerne pas les doctorants, docteurs et autres attachés temporaires d’enseignement et de recherche (ATER) ni les maîtres de conférences déjà en exercice.
Une étape majeure
Ce décret marque une étape majeure dans la prise en compte des missions d’enseignement des enseignants chercheurs. Pour rappel, une des résolutions adoptées par le Sgen-CFDT au congrès d’Aix-les-Bains en 2016 demandait de « reconnaître l’investissement pédagogique, notamment à l’université, lors de l’évaluation des enseignants-chercheurs qui devront être formés aux pratiques d’enseignement adaptées aux différents publics étudiants. »
Reconnaître l’investissement pédagogique des enseignants-chercheurs.
Différentes modalités de mise en œuvre
Trente deux heures de formation complémentaire seront aussi possibles sur les cinq années qui suivent la titularisation. Ces volumes concernent les décharges de service d’enseignement et non la durée réelle des formations. Les formats pourront donc être divers : colloques, conférences, suivi de Mooc, accompagnement de projets, etc. Chaque établissement pourra y développer sa politique de formation, en fonction de ses axes pédagogiques.
Jusqu’à présent, la formation à la pédagogie était laissée à la discrétion des établissements universitaires, et des universités françaises, depuis une quinzaine d’années, avaient déjà mis en place des services d’appui à la pédagogie. La nouvelle obligation de formation généralisera cet accompagnement sur tout le territoire en s’appuyant sur nombre de services ayant déjà développé une expertise en la matière. Sa mise en œuvre doit être précisée dans un arrêté à paraître très prochainement.
Il sera intéressant de comprendre le rôle que joueront les écoles supérieures du professorat et de l’éducation dans ce dispositif : l’article L. 721-2 al. 3 du code de l’éducation stipule que les ÉSPÉ participent à la formation initiale et continue des personnels enseignants-chercheurs et enseignants de l’enseignement supérieur.
Un projet de référentiel métier de l’enseignant-chercheur
Dans le cadre des discussions autour de l’agenda social, l’idée d’élaborer un référentiel métier pour les enseignants-chercheurs avait émergé.
Un groupe de travail (ministère, CPU, Cdefi, CNU, associations professionnelles et réseau des ÉSPÉ) a travaillé sur ce projet de juillet 2016 à février 2017. Le document, après avoir été validé par le cabinet de Frédérique Vidal, a été présenté en juillet dernier à Rennes au cours des journées de l’accompagnement pédagogique des enseignants du supérieur (JAPES).
Recenser tout ce qui fait le métier d’enseignant-chercheur.
Décliné à la fois en termes de missions, d’activités et de compétences, ce référentiel balaie toutes les fonctions de l’enseignant-chercheur : élaboration et mise en œuvre d’enseignements, accompagnement des publics, développement d’activités de recherche et d’innovation, diffusion et transfert de connaissances, valorisation des résultats de la recherche, gestion, conduite et coordination de projets, animation d’équipe, participation à la vie de la communauté scientifique. « Il recensera tout ce qui fait le métier de l’enseignant-chercheur et non tout ce qu’un enseignant chercheur doit obligatoirement faire au cours de sa carrière », précise Philippe Lalle, conseiller stratégique pour la pédagogie au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Suite à la protestation du Sgen-CFDT quant à l’absence de consultation des organisations syndicales sur ce projet de référentiel, le directeur de cabinet de la ministre s’est engagé, par courrier du 18 octobre 2017, à reprendre les discussions cet automne. Ajoutons qu’il est regrettable qu’un tel référentiel métier n’ait pas vu le jour pour les enseignants des premier et second degrés affectés dans le supérieur : il fait en effet cruellement défaut lors de la mise en œuvre des « rendez-vous de carrière » de cette catégorie de personnel, dont l’évaluation se basera sur des critères élaborés pour l’enseignement secondaire.
Évolution des pratiques pédagogiques
Les pratiques pédagogiques évoluent, elles se transforment. À l’université aussi. Depuis quinze ans, la recherche en pédagogie universitaire a montré l’importance de modifier l’enseignement dans le supérieur. En pleine réforme du premier cycle universitaire et face à l’arrivée massive d’étudiants, à la diversification de leur profil et de leur niveau, la formation à la pédagogie des enseignants chercheurs est indispensable. Reconnaître, professionnaliser et promouvoir l’enseignement et les missions d’accompagnement pédagogique dans le supérieur sont des revendications depuis longtemps portées par le Sgen-CFDT. Le développement de structures de formation dans les universités est maintenant indispensable.
Pour aller plus loin :