Quel est l’impact attendu d’une fusion des écoles agronomiques de Rennes-Angers, Montpellier, et d’un élargissement éventuel du périmètre de cette fusion à d’autres écoles, sur la qualité de vie au travail des personnels ?
Le poids du passé dans des inquiétudes actuelles
Dans un contexte de contraintes budgétaires de plus en plus fortes et de précarisation des emplois publics, les fusions répétées d’écoles, ont générées dans certains établissements des problèmes de gouvernance et d’organisation des services entraînant une augmentation de la souffrance au travail des personnels. Les restructurations ont alourdi les procédures administratives, ralenti les prises de décision, et générer des coûts de fonctionnement nouveaux (déplacements, connexions intersites, gestions administratives, etc..). Cette nouvelle fusion pourrait fragiliser un peu plus les agents déjà exposés aux risques psycho-sociaux et exprimant des signes de souffrance au travail. Ainsi, plusieurs enquêtes réalisées depuis 2015 au sein d’écoles dépendant du MAA ont révélé qu’entre 1/4 et 1/3 des effectifs étaient (dans certains établissements) en situation de stress élevé conduisant à des dépressions traitées médicalement.
A Agrocampus-Ouest (ACO), issue d’une première fusion de l’ex-ENSA de Rennes et de l’ex-INH d’Angers, la réorganisation des services, l’isolement des lieux de décision et la reconduction du directeur actuel depuis 15 ans, a généré une situation de démotivation et de mal-être au travail des personnels. Cette nouvelle fusion Rennes-MontpellierSup Agro (MSA) suscite de réelles inquiétudes au sein de la communauté ACO : repli sur les formations agronomiques ; déséquilibre de l’alliance ACO-MSA en faveur de Montpellier (qui possède un i-site) ; fragilisation du lien avec les partenaires du grand ouest ; lente dévitalisation de certains sites ou activités (déjà vécu entre Angers et Rennes) ; dé-fusion d’ACO si l’ex-INH d’Angers décidait de ne pas rejoindre l’établissement cible. La fusion va de nouveau impacter l’organisation du travail des agents, entrainer une augmentation de leur charge de travail et accroitre leur fatigue physique et mentale.
Devenir incertain de 3 écoles
Le flou relatif à la restructuration des autres établissements, notamment les ex-ENIT devenues des composantes d’autres écoles (Agrosup Dijon, ONIRIS Nantes, Vetagrosup Clermont), inquiète l’ensemble de leurs personnels. Des fusions complémentaires de l’école cible Rennes-Angers-Montpellier avec d’autres écoles (Dijon, Nantes, Clermont-Ferrand, Lyon, etc.) renforceraient-elles – ou au contraire fragiliseraient-elles – le nouvel établissement fusionné ? Ces établissements pourraient, en effet, être impactés collatéralement : soit par des dé-fusions permettant à l’une de leurs composantes de rejoindre l’établissement issu de la fusion MSA-ACO, soit par un déclassement pur et simple de certaines formations conduisant au rétablissement de l’ancienne hiérarchie entre agro et agris.
Ainsi à ONIRIS, qui est issu de la fusion de l’ENV et de l’ENITIA de Nantes, l’ex-ENITIA pourrait reprendre son autonomie pour s’associer au nouvel établissement fusionné. Ce risque vient fragiliser un peu plus ONIRIS qui est confronté depuis une dizaine d’années à une inquiétante dégradation de sa gouvernance et des relations sociales en son sein. La situation d’ONIRS est tellement précaire que, notre ministère a été contraint de mettre en place, à la suite de l’échec de la médiation engagée en 2017, un accompagnement de l’établissement par un cabinet spécialisé en sociologie des organisations (à la demande des organisations syndicales), pour tenter de retrouver un fonctionnement apaisé.
Le contre-exemple de l’Institut Mines-Télécom (IMT)
Le vécu des personnels de nos établissements rejoint celui de nos collègues de l’Institut Mines-Télécom (IMT), qui ont aussi été confrontés à des fusions-regroupements d’établissements. Les problèmes non résolus n’ont cessé de s’accumuler, générant de vives tensions. Cette situation suscite beaucoup d’amertume parmi les personnels dans un contexte d’isolement, de recours à des CDD, et de surcharge de travail. L’IMT a subi plusieurs échecs retentissants et inattendus particulièrement douloureux pour le personnel : IMT1, pression de Mines ParisTech contre l’intégration de certaines école (uniquement association) ; IMT2, finalement vote du CA Mines ParisTech très majoritairement contre l’intégration de l’école à l’IMT (voir https://cfdt.imt.fr/article201.html).