Le Sgen-CFDT a organisé le 15 novembre, dans les locaux de la CFDT, un colloque sur le thème de la gouvernance du premier degré. Retrouvez le contenu des interventions et des tables rondes avec les vidéos des intenvenant·es.
En téléchargement, le programme détaillé (biographie des intervenant·es et résumé des interventions).
Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT
Quand l’autonomie devient l’étendard d’une lecture libérale, voire concurrentielle, de l’École pour certains, est-ce bien le moment de s’interroger sur une évolution possible de la gouvernance dans le premier degré en France ?
Pour le Sgen-CFDT, il est plus dangereux de refuser la réflexion au risque de laisser une seule vision étroite de l’autonomie prendre tout l’espace et phagocyter la réflexion comme le débat public.
D’une part, la CFDT porte depuis longtemps une vision de l’autonomie des collectifs de travail qu’elle ne confond pas avec la décision appartenant au seul dirigeant ou à la seule dirigeante d’une entreprise ou d’un établissement public. Et le Sgen-CFDT porte et affine une vision de l’autonomie des établissements que nous ne confondons pas avec l’indépendance du ou de la chef·fe d’établissement quel que soit son statut, ni avec une organisation hiérarchique uniforme. Pour nous, l’autonomie des établissements, c’est celle d’équipes pluriprofessionnelles disposant de marges d’autonomie (financière, horaire, de ressources humaines) qui ne sont pas infinies et qui prennent sens au sein de cadres définis nationalement.
D’autre part, l’observation du fonctionnement des écoles aujourd’hui en France nous amène à considérer que l’absence de statut d’établissement est à l’origine de difficultés pour l’ensemble des personnels qui travaillent ensemble dans les écoles. Nous faisons le pari qu’inventer une nouvelle organisation administrative des écoles peut lever certaines de ces difficultés. Nous faisons le pari que cela peut permettre au système éducatif de gagner en qualité au service des élèves. Nous faisons le pari que cet établissement permettra un mieux-être des professionnels grâce à une plus grande proximité et réactivité dans les décisions.
Cette journée de réflexion aura contribué à dessiner avec nous de nouvelles modalités d’organisation d’établissements du premier degré. Des modalités qui laissent de la place à une adaptation aux différentes réalités territoriales. Des modalités qui dessinent un fonctionnement démocratique des écoles afin que tous les personnels, directrices, directeurs, enseignant·es, personnels techniques, puissent donner du sens à leur travail, car le travail pour nous doit être émancipateur.
et, par ordre alphabétique :
Damien Berthilier
Pour Damien Berthilier, président du Réseau français des Villes Educatrices – RFVE, la Refondation a placé les communes dans un rôle éducatif. Il faut respecter les prérogatives des uns et des autres mais aussi chercher à faire concorder les objets éducatifs et faire travailler ensemble les différents acteurs… Damien Berthilier participe à la 3ème table ronde du colloque « En quoi le partenariat éducatif est-il porteur de réussite pour les enfants et l’École ? »
Jean-Luc Cazaillon
Pour Jean-Luc Cazaillon, Directeur général des CÉMÉA , l’autonomie territoriale des écoles ne peut exister que dans un processus partagé, c’est à dire en situant son action à côté de celle d’autres acteurs qui ont d’autres compétences et d’autres champs d’intervention… Jean-Luc Cazaillon participe à la 3ème table ronde du colloque : « Quelle autonomie, quelle gouvernance pour le premier degré ? »
Jean-Paul Delahaye
«L’autonomie ce n’est pas un objectif, l’autonomie c’est un moyen… un moyen d’être plus efficace pour atteindre les objectifs nationaux. Si on considère l’autonomie comme un objectif, c’est qu’on a sans doute une arrière pensée…» Jean-Paul Delahaye participe à la première table ronde du colloque.
Philippe Del Medico
Pour Philippe Del Medico, principal de collège, l’autonomie permet de définir un projet éducatif axé sur les besoins des élèves et les problématiques dégagées par les personnels. L’autonomie prend tout son sens si elle s’appuie sur un projet bien pensé et réellement défini par le collectif. La réussite passe par la qualité du climat installé dans l’établissement et dépend donc beaucoup des capacités d’écoute, de dialogue et de la disponibilité du chef d’établissement. Il participe à la 2ème table ronde du colloque : « En quoi l’établissement est-il source de réussite professionnelle et collective pour les personnels ? »
Yves Dutercq
En quoi la gouvernance dans le premier degré est-elle problématique au regard des enjeux de l’éducation aujourd’hui ? Faut-il développer des compétences nouvelles pour favoriser la collaboration entre les personnels « cadres » et enseignants des écoles ? Les réponses d’Yves Dutercq, sociologue de l’éducation et professeur à l’Université de Nantes. Yves Dutercq participe à la table ronde « Quelle autonomie pour une meilleure réussite des élèves ? »
Luc Grimonprez
Pour Luc Grimonprez, professeur des écoles en Ille-et-Vilaine, « quand on est directeur d’école, on est décisionnaire de rien, mais on est responsable de tout. »
Commandes institutionnelles, injonctions extérieures, difficultés à faire réellement exister les équipes pédagogiques… un témoignage qui illustre bien les difficultés et les entraves que subissent les enseignants des écoles faute d’autonomie et de confiance.
Corinne Heckmann
Pour Corinne Heckmann, chargée de mission à l’OCDE, le développement de l’autonomie des établissements scolaires ne peut se faire que dans un cadre défini, sur la base d’un projet impliquant tous les acteurs, avec un pilotage et une évaluation vérifiant que l’équité entre les élèves est bien garantie. Lors du colloque, Corinne Heckmann présente un état des lieux en Europe.
Liliana Moyano
Pour la FCPE, une simple autonomie administrative des écoles ne serait pas suffisante sans une autonomie pédagogique permettant de mobiliser tous les acteurs de la communauté éducative sur la base d’un projet… Liliana Moyano, présidente de la FCPE, participe à la 3ème table ronde « En quoi le partenariat éducatif est-il porteur de réussite pour les enfants et pour l’École ? »
George Pau-Langevin
Pour George Pau-Langevin, il faut arrêter de se dire que l’Éducation nationale peut tout, tout seule. Il faut continuer à développer et favoriser les relations entre tous les partenaires de l’école… Les réformes s’enchevêtrent et se succèdent sans même faire l’objet d’une évaluation, on mène une politique éducative en zigzag au gré des alternances politiques.
Alain Rei
Pour Alain Rei, président du GDID, le métier de directeur / directrice d’école n’est pas reconnu et leur identité professionnelle est troublée. Ils/elles ne sont plus des enseignant·es ordinaires, bien qu’ils/elles assurent généralement leur fonction en plus d’une charge d’enseignement et, faute de statut juridique pour l’école, ils/elles exercent leurs responsabilités sans l’autonomie administrative et pédagogique nécessaire pour animer et fédérer la communauté éducative…
Olivier Rey
Pour Olivier Rey, la gouvernance de l’école n’est pas qu’une question administrative. Les évolutions institutionnelles ne peuvent être positives que si on se demande si elles permettront de mieux agir en matière pédagogique et de favoriser la réussite des élèves…