Jeudi 22 octobre dernier, le Ministre a annoncé la mise en place d'un Grenelle de l'éducation qui se déploiera jusqu'en février 2021. Pour le Sgen-CFDT, il faut se saisir de cet espace de dialogue pour porter des revendications pour les personnels et proposer des évolutions du système éducatif.
Grenelle de l’éducation, états généraux du numérique, agenda social autant de dispositifs de concertation annoncés pour échanger avec le Ministère sur les questions éducatives. Ces espaces de dialogue sont prévus pour rassembler les différents membres de la communauté éducative : parents, personnels de l’Éducation nationale et organisations syndicales. A ces membres, viennent aussi s’ajouter des représentants de la société civile avec l’objectif affiché de mieux ancrer l’Ecole dans la société. Si tout cela paraît aller dans le bon sens, le Sgen-CFDT reste circonspect et se demande si tout cela n’est pas tout bonnement une opération de communication. Il faudra donc juger sur les actes ce temps de dialogue social et s’en saisir pour porter des attentes des personnels.
Grenelle de l’Éducation : des ateliers et des thématiques
Le Grenelle de l’Éducation est construit autour d’un certain nombre de thématiques qui couvrent tout le spectre de l’Éducation :
- mobilité
- reconnaissance
- écoute et proximité
- formation
- valeurs républicaines
- numérique
- coopération
Ces différents thèmes de réflexion se voient eux mêmes divisés en divers ateliers plus spécifiques et réunissant différents collèges de représentants, certains choisis par l’institution, d’autres par les organismes et organisations présents : organisations syndicales, représentants de parents ou d’associations diverses, élus. L’objectif affiché par le Ministère se résume en trois mots : reconnaissance, coopération et ouverture.
Des premières réunions où le dialogue est de mise
Les premières réunions ont eu lieu et ne se font pour le moment qu’en visioconférence, confinement et distanciation obligent. Chaque thématique peut être divisée en plusieurs ateliers afin de cerner, mettre en discussion un point plus particulier. Ainsi pour ne citer qu’un exemple, la thématique « coopération » est divisée en trois ateliers : collectifs pédagogiques, gouvernance des écoles et des établissements et formation.
Au vu de ce travail de concertation il est raisonnable de penser que le dialogue social, partenarial est au centre de ce Grenelle. Reste maintenant à ce que les intentions se confirment et que ces premières impressions s’inscrivent dans la durée. Pour le Sgen-CFDT, il est en tout état de cause certain qu’il faut se saisir de ces moments pour porter ce qu’attendent les personnels et au delà de cela la vision d’une École qui a besoin d’évoluer pour mieux coller à la réalité actuelle.
Des interactions avec l’Agenda social
Avec tout cet ensemble de dispositifs chargés de recueillir la parole de ceux qui vivent l’éducation au plus près du terrain, difficile parfois de s’y retrouver. en effet certains ateliers du Grenelle viennent faire doublon avec certains groupes de travail de l’agenda social. Le Ministère parle de complémentarité mais on peut aussi se demander si en faisant feu de tout bois, le Ministère n’est pas en train de perdre tout son monde. Pour sortir de cela, il convient pour le Sgen-CFDT d’afficher clairement les objectifs et ce au delà du simple affichage médiatique.
Un dialogue social fragile
Les organisations syndicales ont appris à se méfier de ce Ministre. Les portes du ministère sont en effet trop longtemps restées fermées et le dialogue social avec les organisation syndicales réduit au strict minimum. Les annonces médiatiques du Ministre avant d’en informer les personnels, ont été régulièrement source de mécontentement et vécues comme un manque de considération pour les agents. L’image du dialogue social au ministère de l’Éducation nationale est donc très fortement écornée et il faudra sans doute plus que des groupes de travail pour la restaurer.
Contribuer à construire un plan pluriannuel pour l’éducation
Chaque thématique remettra en février prochain un rapport faisant état des discussions et des contributions des participants du Grenelle. Dans ces rapports figureront des préconisations adressées au Ministère afin d’améliorer le service public d’éducation et de l’adapter aux nouvelles contraintes d’une société en perpétuel mouvement.
Pour le Sgen-CFDT, ce sera donc l’occasion, outre le fait de proposer des contribution écrites, de porter sa vision de l’éducation de la maternelle à la terminale dans une analyse systémique. Il faut le reconnaître, l’École, son environnement et le public accueilli ont changé. Il paraît donc important sinon nécessaire de proposer des changements qui puissent répondre à cette évolution. Le Sgen-CFDT y travaille depuis longtemps et entend apporter sa pierre à l’édifice en proposant notamment :
- une réflexion sur le statut juridique de l’école primaire,
- une réflexion pour une plus grande modularité de l’enseignement dans le secondaire,
- une réflexion sur les obligations réglementaires de service des enseignant·es.
Tout cela doit pouvoir alimenter et participer à la construction d’un plan pluriannuel d’évolution du système éducatif.
Que peut-on attendre du Grenelle de l’Éducation ?
Mirage de dialogue social ou réelle volonté du Ministère, l’avenir le dira. C’est en tout cas une nouvelle occasion à saisir pour porter auprès du Ministère la parole des professionnels de terrain. Le Sgen-CFDT, comme il l’a toujours fait, participera à tous ces espaces de dialogue avec l’objectif d’y défendre des propositions. En particulier, des propositions pour répondre aux attentes des personnels en matière de reconnaissance et de revalorisation. Il est en effet nécessaire de penser les établissements, les écoles au delà simplement des enseignants mais dans une vision globale qui intègre l’ensemble des personnels et notamment les métiers supports. Tout ceci doit en effet contribuer à construire un service public d’éducation qui réponde à ses objectifs ; la réussite des élèves, des enfants.
L’école doit pouvoir s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux… Un objectif qui pour le Sgen-CFDT ne peut être atteint sans accorder plus d’autonomie aux équipes pédagogiques. La communauté éducative veut retrouver le pouvoir d’agir, c’est une attente forte et légitime.