Si la ministre poursuit la politique du choc des savoirs dans sa totalité, elle apporte une évolution concernant les groupes de niveau au collège auxquels s'est fortement opposé le Sgen-CFDT. L’arrêté collège sera publié, la semaine prochaine, sans référence à la notion de groupes de niveau.
La fin d’une logique d’assignation et de tri social dans des groupes de niveau
La contestation forte contre les groupes de niveau, par les personnels enseignants et de direction, les parents d’élèves a permis de faire bouger la ministre de l’Éducation Nationale. Les mobilisations des équipes dans toute la France, la signature massive de la pétition contre le choc des savoirs, les différentes interventions du Sgen-CFDT auprès des ministres successifs ont permis d’obtenir une évolution de la philosophie d’une réforme du collège qui ne dit pas son nom.
La nouvelle formulation de l’arrêté collège supprime toute référence aux groupes de niveau.
Les groupes seront définis par les équipes enseignantes en fonction des besoins des élèves. La composition des groupes devra être re-examinée dans l’année. Des temps d’enseignement de français et mathématiques pourront être faits dans la classe de référence pour garantir le brassage des groupes.
La fin d’une organisation pédagogique définie rue de Grenelle
La mise en œuvre revient aux équipes pédagogiques.
La ministre affirme que ce n’est pas au ministère de faire les emplois du temps. Elle fait toute confiance à l’expertise du terrain et aux pilotes pédagogiques que sont les chefs d’établissements.
Pour le Sgen-CFDT, la définition et la régulation de cette nouvelle organisation nécessite de dégager du temps de concertation pour les équipes. En nous répondant, la ministre a annoncé qu’il y aura deux demi-journées banalisées d’ici la fin de l’année scolaire pour permettre aux équipes d’avoir le temps de penser leur fonctionnement pour la rentrée. Lors du CSE, nous avions demandé une heure de pondération pour les enseignants concernés, sans succès. Ce temps manque aux personnels qui accumulent les heures supplémentaires, le pacte, les enseignants absents sur de longues durée et non remplacés.
Pour le Sgen-CFDT, c’est tout au long de l’année que les enseignants auront besoin de temps pour définir et ajuster les groupes.
Le Sgen-CFDT défend depuis les premières annonces choc des savoir en décembre, la nécessité d’un accompagnement des équipes par les corps d’inspection. La ministre nous a entendu et les a missionnés à cette fin.
Le Sgen-CFDT a aussi été entendu sur le besoin de déployer des temps de formation continue afin de soutenir les équipes dans ces nouvelles modalités d’organisation pédagogique. Pour nous, ces temps de formation devront se dérouler sur temps scolaire, en équipe pédagogique d’établissement voir de bassin dans les zones rurales, avec une programmation pluriannuelle.
Cela implique que le ministère revienne sur l’obligation faite aux académies de déployer la formation continue totalement en dehors du temps d’enseignement. Le cœur pour faire réussir tous les élèves, pour faire progresser tous les élèves ce sont les pratiques pédagogiques, l’expertise pédagogique et la capacité à articuler, selon les besoins des élèves qui ne sont pas monolithiques, des pratiques pédagogiques les plus adaptées et ajustées. C’est tout l’enjeu de la formation, du temps de conception, du temps pour se nourrir des apports de la recherche.
Éviter le contrôle à priori
Si le Sgen-CFDT ne voit pas d’objection à la demande, pour chaque établissement, de produire un projet d’organisation, à faire remonter au DASEN, il faudra éviter toute dérive du contrôle à priori et du blocage de l’autonomie des équipes. La validation devra se faire uniquement sur la base des textes de cadrage et non sur des contraintes supplémentaires imposées localement.
Afin d’éviter toute dérive, le Sgen-CFDT demande que les notes de services, circulaires, guides, vademecum et autres lettres de cadrages aux recteurs, inspecteurs, chefs d’établissement, soient soumis à la concertation des organisations syndicales et connus de tous. De même nous demandons que les consignes qui avaient été données en janvier soient caduques.
Nous nous opposons à l’évaluation de l’efficacité du travail des équipes par les évaluations nationales de l’année suivante. Cet indicateur ne nous semble pertinent ni sur le fond, ni dans sa temporalité. Nous sommes opposés aux évaluations annuelles nationales systématiques comme système de pilotage des enseignements.
Des revendications restées sans réponse
- Aucune annonce d’abondement de moyens humains supplémentaires pour réduire la taille des groupes. Ce serait pourtant indispensable pour aller jusqu’au bout de la logique du fonctionnement en groupe et faciliter l’école inclusive.
- Aucune réponse pour les établissements dans lesquels les locaux ne permettent pas de faire bouger si facilement les groupes, les emplois du temps.
- Aucune réponse pour les petits collèges ruraux qui ont deux voir une seule division par niveau.
- Aucune réponse sur l’explosion des postes partagés pour assurer les enseignements en barrette qui auront des conséquences connues sur les conditions de travail et l’attractivité du métier.
Une opposition au choc des savoirs dans son ensemble
Nous continuons de nous opposer fortement aux mesures du choc des savoirs dans leur ensemble.
Le choc des savoirs n’est pas une orientation de politique éducative qui nous convient.
Elle tourne le dos aux apports de la recherche en éducation. Elle tourne le dos à la reconnaissance de l’expertise professionnelle des enseignants. Les programmes qui s’écrivent en ce moment ou la labellisation des manuels sont deux exemples de la vision réductrice du métier d’enseignant porté par le gouvernement.
Enfin, si le tri social est évité avec les groupes au collège, il reste bien présent avec le nouveau rôle du DNB et la classe prépa-seconde.
Le Sgen-CFDT reste mobilisé pour s’opposer fermement à ces mesures passéistes.