Vu de métropole, le conflit social guyanais a pu faire l’effet d’une éruption imprévisible. Pour les acteurs locaux au contraire, il s’agit de la conséquence inévitable d’un manque de politiques publiques ambitieuses dans presque tous les domaines de la vie quotidienne des Guyanais.
Des modalités d’action instaurant un climat de forte tension
Il est bien difficile de qualifier le mouvement de protestation qui s’est déroulé entre mars et avril 2017.
Ce mouvement social a pu laisser penser que la population faisait spontanément irruption sur la scène sociale et politique. Or, cette impression n’est qu’en partie fondée.
Cependant leurs méthodes interrogent car elles consistent bel et bien à imposer leurs modalités d’action en instaurant un climat de tension et en marginalisant en partie les corps intermédiaires que constituent les organisations syndicales.
La Centrale démocratique des travailleurs de Guyane (CDTG), affiliée à la CFDT, a tout au long du mouvement apporté son soutien aux revendications, à ses sections et syndicats mobilisés tout en se démarquant des méthodes employées.
Les raisons de la colère…
Dans un territoire immense, aux ressources naturelles faisant l’objet d’un pillage d’ampleur, les conséquences de l’absence de stratégie en matière de développement économique et d’aménagement du territoire sont arrivées à un point insupportable.
Aussi bien en ce qui concerne la santé publique, l’énergie, les infrastructures et le maillage numérique, le logement… rares sont les besoins de la société à être satisfaits. À ce tableau, il faut encore ajouter un phénomène migratoire incontrôlé, non administré par l’État, pesant sur les services publics aux moyens insuffisants et ayant un impact sociologique négatif.
La question des moyens financiers dévolus au développement durable de ce territoire, département français depuis 1946, est certes importante. Mais la question de la coordination de l’ensemble des politiques est primordiale.
L’accord du 21 avril 2017
À ce titre, l’Accord de Guyane du 21 avril 2017 – Protocole « Pou Lagwiyann dékolé » (cf. lien ci-contre) prévoit à la fois un déblocage de fonds à hauteur d’un milliard quatre-vingt-six millions d’euros, la possibilité pour le congrès des élus de Guyane de faire des propositions d’évolutions statutaires (propositions que l’État s’est engagé à soumettre par référendum à la population) et l’élaboration d’un projet Guyane, issu d’États généraux, qui fera l’objet de discussions tripartites réunissant État, élus et société civile.
L’éducation en Guyane
Dans une collectivité territoriale où 57 % de la population a moins de trente ans, où tous les collèges, sauf un, sont classés en éducation prioritaire, la question de l’éducation est centrale.
Programmer la construction d’écoles et d’établissements
Pour le Sgen-CDTG-CFDT , il faut une programmation de la construction d’écoles et d’établissements pour accueillir dans de meilleures conditions les élèves et prévoir la création de postes dans les différentes catégories de personnels, notamment pour l’accompagnement et le soutien des élèves et l’administration des établissements.
Créer des postes à hauteur des besoins et assurer leur attractivité
Ces créations de poste devront s’accompagner d’une politique publique pour une plus grande attractivité des postes en Guyane. Des pistes existent concernant l’organisation d’un accueil de manière continue depuis la notification de l’affectation académique jusqu’à la prise de fonction. Il faudrait aussi aider financièrement et matériellement les personnels arrivant dans le département à la recherche d’un logement.
Des postes de personnels administratifs, à la hauteur des besoins locaux, doivent être implantés pour qu’enfin les fonctions-supports soient assurées de manière professionnelle.
Réorganiser la gouvernance et développer le dialogue social
Mais pour que l’ensemble de ces moyens soit employé de manière efficiente, le pilotage de l’académie doit être amélioré, la gouvernance structurée, un projet validé, le dialogue avec la collectivité et les partenaires renforcé. Il faut également que les autorités académiques instaurent un dialogue social local plus constructif avec les syndicats présents sur le territoire.
Cela passe notamment par la réorganisation du Conseil de l’Éducation nationale. Il convient de lui adjoindre un groupe d’appui opérationnel pour qu’un projet territorial et un projet académique cohérents soient structurés avec une implication des acteurs aussi bien du côté des collectivités territoriales que du côté de l’Éducation nationale.
Pour aller plus loin
- Guyane : il est temps d’agir
- Le dossier de France Guyane sur le mouvement du printemps 2017
- Les chiffres clés de l’éducation dans le dossier de l’Insee, « L’état de l’école en Guyane »
- Légifrance, l’accord de Guyane du 21 avril 2017