Handicap et travail : quels sont les droits, les dispositifs existants ?
Pour les collègues concernés, c'est souvent un vrai parcours du combattant. Le Sgen-CFDT leur donne la parole.
Un extrait du témoignage d’Alzira sur le handicap à l’Éducation Nationale a paru dans le no 282 – Novembre-décembre 2021 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.
Peux-tu te présenter ?
Je suis personnel de laboratoire (adjoint technicien de recherche et de formation-ATRF P2) et, depuis quatorze ans, je travaille dans un lycée situé dans l’académie de Versailles. J’ai commencé à exercer en tant que contractuelle. Concernant ma situation familiale, je vis seule avec deux enfants.
Qu’en est-il de ton handicap ?
J’ai une malformation au niveau du dos dont je souffre depuis mes dix ans. Ma maladie est évolutive et en 2016, elle s’est réveillée, provoquant des douleurs intenses.
J’ai dû faire les démarches pour constituer mon dossier auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleuse handicapée (RQTH).
C’est vraiment difficile de reconnaître soi-même qu’on est en situation de handicap, et pour cette raison, je n’ai pas entrepris tout de suite les démarches nécessaires.
C’est vraiment difficile de reconnaître soi-même qu’on est en situation de handicap…
Par rapport à ton handicap, comment sont organisés ton poste et ton temps de travail ?
Je dispose de droit d’un temps partiel à 80 %, mais n’ai pas de compensation pour la perte de salaire. Or avec un ex-conjoint qui ne paie pas régulièrement de pension alimentaire, vivre, en assumant seule la charge de deux enfants, est vraiment compliqué.
Alors que dans certains métiers, une pension compense la perte de salaire, d’après ce que j’ai compris, ce n’est pas prévu dans l’Éducation nationale.
Pourtant l’employeur touche une prime quand il embauche un personnel handicapé. Où passe l’argent en retour ?
Quelle écoute, quelle aide as-tu reçu de ton employeur ? Et de la part de tes collègues ?
Dans l’ Éducation nationale, on est livré à soi-même. Souvent l’administration ne sait pas faire et, tout le monde se renvoyant la balle, on ressent une grande solitude.
Le médecin de prévention a bien fait le travail : j’ai eu un fauteuil ergonomique et elle m’a pris un rendez-vous auprès de la conseillère mobilité carrière. Quant à l’assistante sociale des personnels, elle a pu débloquer quelques aides ; mais c’est davantage l’assistante sociale de la Caisse d’allocations familiales et celle du département qui, ensuite, ont pu m’aider.
On se sent très seul face à une administration qui ne nous dit pas quels sont nos droits.
Le rectorat est-il seulement conscient de nos problèmes ? Je n’ai reçu aucune proposition de formation d’adaptation à l’emploi. Pourtant, je suis tout le temps debout et obligée de transporter des objets lourds, ce que je ne devrais pas faire.
J’ai un collègue porteur de handicap qui rencontre les mêmes difficultés que moi, il ne sait pas vers qui se tourner, il est perdu. On se sent très seul face à une administration qui ne nous dit pas quels sont nos droits. Ainsi, je viens d’apprendre que je peux avoir une personne pour faire le ménage chez moi, personne ne me l’avait dit.
Dans les différents postes que j’ai occupés, j’ai fourni un gros travail de formation de mes collègues (contractuel·le·s, chef·fe·s de labo et technicien·ne·s, ….) qui n’est pas reconnu.
De manière générale, c’est dur de travailler dans l’Éducation nationale, surtout quand on est porteur d’un handicap qui ne se voit pas. Il m’arrive d’être placée en arrêt de travail durant un mois. Mes collègues, qui pourtant connaissent mon handicap, me reprochent ces absences. Je pense aussi que cela m’empêche d’être promue.
De manière générale, c’est dur de travailler dans l’Éducation nationale, surtout quand on est porteur d’un handicap qui ne se voit pas.
Quelles sont tes perspectives ?
J’ai un caractère bien affirmé, heureusement. Je fais des recherches pour trouver les textes officiels afin de faire reconnaître mes droits, et parfois, je pense que ça fait peur. Quand on dérange la hiérarchie, c’est foutu.
Être porteur d’un handicap ne devrait pas entraver notre progression de carrière, mais l’administratif, ça nous tue !
Je dois me battre pour obtenir des formations et pouvoir évoluer pour me sortir de là. Par exemple, parce que les notices sont souvent rédigées en anglais, j’ai demandé un stage dans cette langue auquel le chef d’établissement n’a pas mis un avis favorable. Je demande également à utiliser mon compte personnel de formation pour faire un stage de management, mais c’est très compliqué.
Être porteur d’un handicap ne devrait pas entraver notre progression de carrière, mais l’administratif, ça nous tue !