La loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées a dix ans. "Profession Éducation" lui consacrera régulièrement une page. Ce mois-ci (PE 236, avril 2015), le focus concerne l'action syndicale à travers le témoignage de deux élus Sgen-CFDT.
Nelly Bardaux, ADJAENES* à l’Université de Franche-Comté, élue Sgen-Cfdt.
(Propos recueillis par Bernadette Peignat)
“ BEAUCOUP RESTE À FAIRE POUR L’ACCESSIBILITÉ ”
Comment envisages-tu ton rôle d’élue Sgen-CFDT ?
Il fallait un nombre suffisant de candidats dans la section des Adjaenes*. J’avoue avoir hésité à me présenter car étant en fauteuil roulant, j’ai certaines difficultés à me déplacer et je craignais de ne pas pouvoir assurer cette fonction d’élue : assister aux réunions pour exprimer les revendications du Sgen-CFDT et recueillir les informations pour défendre les collègues.
Dix ans après la loi handicap de 2005, que revendiquer pour améliorer les conditions de travail des personnels handicapés ?
Beaucoup reste à faire pour l’accessibilité. Les établissements de l’université ou du second degré ne sont pas tous équipés de rampe d’accès ou d’ascenseur et ne permettent pas aux personnes qui se déplacent avec des cannes ou en fauteuil roulant de pouvoir rejoindre leur lieu de travail ou de stage, d’assister à une réunion. Certains locaux ne sont pas adaptés. Pour ma part, il a fallu créer une place de parking handicapée située le plus près possible de l’entrée de l’UFR SMP**. Une personne valide m’accompagne jusqu’à mon bureau car ouvrir les portes quand on est en fauteuil n’est pas facile… Je dois signaler que j’ai l’avantage d’avoir dans mon entourage professionnel des responsables et des collègues qui sont très coopératifs, attentifs et prêts à m’aider en cas de difficultés liées à mon handicap.
Les étudiants handicapés trouvent-ils leur place dans ton université ?
Je ne connais pas d’étudiant handicapé à l’UFR, mais certains amphithéâtres et salles sont accessibles. Le tramway s’arrête près de l’UFR, mais tout n’est pas parfait : s’il n’y a aucune marche pour se rendre à la faculté, les portes sont encore difficiles à ouvrir.
Mehdi El Herech, Conseiller principal d’Éducation, élu Sgen-Cfdt à la commission administrative paritaire nationale des CPE.
AIDANTS FAMILIAUX. LES CHOIX DE L’ÉDUCATION NATIONALE
Les travailleurs handicapés dans l’Éducation nationale peuvent, sur avis médical, bénéficier d’une bonification spécifique de leur barème pour être avantagés lors des mutations. Puisqu’est également pris en compte, pour obtenir cette bonification, le fait d’avoir un conjoint ou un enfant handicapé, pourquoi l’ascendant handicapé (parent, grand-parent) est-il ignoré ? Pourtant, les « aidants familiaux » sont identifiés statutairement par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) comme particuliers aidant ascendants, descendants et conjoints. L’administration fiscale les reconnait aussi. Lors de la commission administrative paritaire nationale (CAPN) des conseillers principaux d’éducation du 11 mars 2015, le Sgen-CFDT, dans sa déclaration préalable, a pris publiquement position pour que l’institution se mette à jour sur cette question – revendication qui a été relayée dans plusieurs académies pour que les futures circulaires rectorales du mouvement intraacadémique en tiennent compte. L’une des réponses officieuses de l’administration est que trop de collègues risqueraient d’en bénéficier. Peut-être l’une des pires réponses qu’on puisse faire pour refuser un droit et le Sgen-CFDT ne peut pas l’accepter.
* ADJAENES : Adjoint administratif de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur.
** UFR SMP : Unité de formation et de recherche en sciences médicales et pharmaceutiques.