Alors que le Ministère se targue de répéter la confiance envers les cadres de son administration pour accompagner les enseignant.e.s, les Inspecteurs et inspectrices de l’éducation nationale du premier degré sont en mode saturation. Aujourd’hui, les mots ne suffisent plus, il faut des actes.
Coincés entre le marteau et l’enclume, les IEN 1D n’en peuvent plus face à un ministère qui vient obérer leurs marges de pilotage des équipes pédagogiques dans les circonscriptions. A force d’injonctions constantes, c’est le sens même de leur métier qui est remis en cause.
Dès lors, comment répondre aux besoins des professeurs des écoles quand il s’agit de mettre en œuvre des commandes institutionnelles en déconnexion avec les besoins ?
L’invisibilisation du métier d’IEN
Depuis quelques années maintenant, le Ministère se contente de visios envers les IEN se limitant à leur donner des directives à mettre en œuvre dans leurs circonscriptions. Jamais on ne les consulte pour mettre en œuvre une politique éducative ce qui est pourtant leur champ d’expertise. Par exemple, les IEN sur les académies ont reçu la feuille de route académique de la part des recteurs sans qu’aucun IEN n’ait été associé à sa rédaction alors même que les corps d’inspection y sont cités à de nombreuses reprises.
Pour la CFDT, cela s’apparente à du mépris vis-à-vis d’une profession qui est pleinement mobilisée pour donner aux équipes les moyens de réussir auprès des élèves. La situation actuelle tend donc là aussi à en faire des exécutants et non des concepteurs.
Un pilotage pyramidal de la profession
Face aux annonces constantes du Ministère, les IEN ne peuvent faire remonter les besoins de terrain. Meilleur exemple s’il en fallait un : le plan de formation du premier degré de plus en plus encadré avec les plans maths et français. La directive est pour l’année scolaire 2025-2026 de consacrer 6 heures pour le français, 6 heures pour les maths et 6 heures pour la mise en œuvre du programme pHare.
Les IEN n’ont donc plus aucune marge de manœuvre pour accompagner tout autre besoin ou demande des équipes pédagogiques notamment autour de la question de l’inclusion qui est centrale pour beaucoup d’enseignant.e.s.
Et comme cela ne suffit pas, alors que le plan de formation est engagé pour cette année scolaire, la DGESCO leur demande de déployer une formation spécifique à destination des professeurs des écoles de Cycle 1 et 2 sur les 18 heures dès cette année scolaire.
Franchement, de qui se moque-t ’on ? N’importe quel IEN ou conseiller pédagogique sait bien qu’une telle demande est impossible à mettre en œuvre à cette époque de l’année. Où est l’urgence pour présenter ces nouveaux programmes ? Pour les IEN, cela pourrait tout à fait attendre la prochaine rentrée scolaire.
Un manque de moyens pour rendre la circonscription opérationnelle
A l’image des écoles où il manque des adultes supplémentaires pour aider notamment au déploiement de l’école inclusive , les équipes de circonscriptions sont trop peu nombreuses pour répondre aux sollicitations le plus souvent légitimes des équipes pédagogiques. Avec une secrétaire souvent partagée entre plusieurs IEN, un troisième conseiller pédagogique qui peine à se déployer faute souvent de candidats, tout cela entraine une impuissance dans le suivi y compris chez les cadres qui rencontrent des difficultés pour accompagner certaines situations complexes.
A cela s’ajoute un empilement des tâches qui éloignent les IEN de leurs priorités : gestion technique du pacte, pilotage des PIAL, suivi des cités éducatives. Pour compléter ce millefeuilles des tâches, les évaluations d’école parfois à une heure trente de route de leur circonscription et les évaluations des directeurs et directrices, des missions qui s’ajoutent au quotidien.
Leur agenda ne tient plus. Comment alors prendre le temps d’être auprès des équipes lorsqu’on est constamment happé par ce type d’injonctions. Ce temps conséquent pourrait être consacré aux véritables missions du métier d’IEN. Là encore, tout est une question de priorité.
Formation, rémunération, pilotage : des objectifs pour reconnaître le métier d’IEN 1D
Si l’on ajoute à tout cela, l’absence ou quasi-absence de formation continue sauf à penser qu’une heure de visio une fois par an suffit à les former, on voit bien toute la difficulté des IEN à retrouver du sens à ce qu’ils font.
Pour la CFDT EFRP, un cadre a besoin d’objectifs stratégiques précis mais avant tout d’une grande liberté de mise en œuvre pour pouvoir être efficace.
Ce n’est absolument pas un simple exécutant, au même titre qu’un professeur des écoles d’ailleurs. Il doit pouvoir être reconnu pour son expertise, sa capacité à mettre en œuvre en fonction de la réalité de son territoire, des publics accueillis, d’adapter. Cela doit par exemple commencer par un alignement de traitement de grille indiciaire des IEN 1D avec leurs homologues du 2D comme par exemple pour un accès linéaire à la hors échelle B.Bis. Le ministère doit mieux considérer ces personnels, centraux pour une meilleure synergie de notre système éducatif.