Déclaration liminaire du Sgen-CFDT au CSE du 15 septembre
L’enjeu de l’attractivité et de la revalorisation a connu en cette rentrée un éclairage médiatique inédit. Il était temps car ces problèmes sont loin d’être récents, et les discussions qui vont s’ouvrir dans le cadre de l’agenda social vont être décisives. Mais l’urgence salariale ne doit pas masquer l’urgence climatique, dans un contexte aggravé par la situation géopolitique.
Mener les investissements nécessaires
Pour le Sgen-CFDT le système éducatif doit s’engager de manière plus résolue dans la transition écologique. Cela suppose de travailler dans plusieurs directions, d’accompagner tous les acteurs concernés : il faut une approche systémique, il faut lier transition de l’éducation et éducation à la transition.
L’urgence du court terme, urgence qui rejoint aussi la question du pouvoir de vivre et donc des moyens mis en œuvre pour pouvoir s’adapter, ne doit pas estomper la nécessité d’une réduction drastique de nos émissions.
Les mesures d’urgence, aération des salles, renforcement des systèmes de transport peu carbonés, adaptation des menus en restauration collective… rejoignent les mesures de moyen terme, isolation thermique, résistance aux intempéries… et les mesures de long terme, rénovation et construction de lieux de travail zéro émission, de systèmes de transport décarbonés…
Pour le Sgen-CFDT, les conséquences du changement climatique telles que nous les vivons, telles que les décrivent les experts du GIEC doivent amener à agir aussi sur le fonctionnement, les infrastructures du système éducatif dans son ensemble.
Des phénomènes météorologiques à anticiper
Ce qui s’annonce, ce sont des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents qui peuvent empêcher le fonctionnement d’une partie du système éducatif. Ce sont aussi des épisodes de fortes chaleurs, voire de canicules plus nombreux, plus précoces, plus longs et plus intenses.
Il faut réaliser les investissements permettant d’y faire face. Il faut élaborer des modèles de gestion de crise sans attendre que la crise se réalise. Il faut organiser la décarbonation du fonctionnement du système éducatif. Le ministère de l’Éducation nationale, ses services déconcentrés ne le feront pas seuls mais ils doivent contribuer à impulser la réflexion, le travail pour agir.
L’importance de la rénovation énergétique
Un travail essentiel doit être mené avec les collectivités pour des rénovations énergétiques avec des bâtiments mieux isolés et adaptés aux périodes de canicules. Il existe des écoles qui produisent plus d’électricité qu’elles n’en consomment. Des programmes de réfection des cours d’école pour des espaces végétalisées, qui en plus d’éviter les îlots de chaleur améliorent le climat scolaire en apaisant les relations entre garçons et filles et entre petits et grands. Ils doivent se généraliser en zone urbaine.
Le coût financier et énergétique des déplacements foyer-établissement
La question des déplacements est aussi une question centrale, tant pour les personnels, que pour les collectivités territoriales, les familles et les élèves. La crise énergétique rend ces déplacements trop coûteux à la fois en termes climatiques et en termes financiers.
Repenser les rythmes et le calendrier scolaires
Si le bouleversement climatique nécessite de reconsidérer le bâti scolaire, il rend surtout indispensable une remise en cause des rythmes et des programmes scolaires, de tout ce qui fait le quotidien des élèves.
Les rythmes :
La possibilité laissée aux familles de ne pas envoyer leurs enfants à l’école pour 12 départements suite à l’épisode caniculaire des 16 et 17 juin dernier doit alerter.
Cela impose la nécessité d’une réflexion sur le calendrier scolaire au delà des seuls intérêts des adultes et du tourisme notamment. Comment continuer de faire classe alors qu’il fait 40°C au mois de juin dans les locaux scolaires ? Comment mieux répartir le temps scolaire sur l’année ? Les zones de vacances actuelles ont – elles encore un intérêt dans la situation climatique où nous sommes ?
Des examens en période de canicule : un constat amené à se reproduire
Ces questions impactent directement les conditions de travail des personnels mais aussi les conditions d’apprentissages des élèves, des jeunes, des étudiants. Comment envisager les examens ? Le rapport Demarcq de 2020 préconisait au ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse d’ouvrir sans délai avec les régions un chantier visant la sécurisation d’urgence des salles d’examen par rapport au risque d’une canicule pendant les épreuves du baccalauréat, citant aussi le DNB. On n’y est pas et ces épreuves restent sous la menace d’une vague de chaleur qui se produira inévitablement.
Adapter à l’échelle locale ?
Nous devons prévoir un fonctionnement différent du système éducatif selon les périodes, selon les territoires et questionner sa résilience et sa capacité d’adaptation, et, in fine, l’autonomie donnée à chaque échelon de notre administration afin de pouvoir prendre des décisions acceptées par tous. Cela doit être le premier filtre au travers duquel doivent être examinées toutes nos décisions.
Enseigner et éduquer pour la transition
Il faut enseigner et éduquer pour la transition.
Pour nous, il ne s’agit pas de créer un nouvel enseignement disciplinaire comme le ministre semblait l’envisager un temps,
alors même que la recherche sur les enjeux environnementaux et climatiques se structure de plus en plus dans l’interdisciplinarité et la pluridisciplinarité, et que de nombreux et nombreuses scientifiques appellent à une éducation articulant savoirs académiques, expériences sensibles et action collectives.
Donner des objectifs et des moyens à l’éducation à la transition
Nous serons donc attentifs aux analyses conduites par le conseil supérieur de programmes et aux propositions qui en émaneront, et plus largement aux inflexions de la politique éducative.
Il ne doit pas s’agir non plus de se contenter de demander aux élèves d’élaborer des projets, il faut aussi que l’Éducation nationale se donne des objectifs et des moyens de permettre que des projets des élèves puissent être réalisés. Il en va à la fois de la crédibilité de la démarche de projet, d’éducation au développement durable, mais aussi de la formation à la citoyenneté.
La Coalition Education pour le climat
Le Sgen-CFDT, fidèle à son engagement en faveur de l’EEDD, soutient la « Coalition Education pour le climat » initiée par la Commission européenne et appelle à s’emparer de cet outil.
Au sein des établissements du second degré, le conseil d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement doit être un lieu d’échange, de partage entre les acteurs sur ces questions pour que les communautés éducatives structurent leurs actions.
Je terminerai en saluant la mémoire de Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT, ancien secrétaire général du Sgen-CFDT, qui avait siégé au CSE entre 2012 et 2015.