Les publics accueillis dans la voie professionnelle sont de plus en plus des élèves à besoins particuliers (E.B.P.). Cela impacte fortement le travail des équipes pédagogiques. Que porte le Sgen-CFDT pour une meilleure reconnaissance des personnels qui exercent dans la voie professionnelle ?
publics accueillis dans la voie professionnelle
Ce que défend le Sgen-CFDT dans sa résolution de Congrès de Dijon 2021
- Construire des compléments de parcours s’appuyant sur un socle commun, pour trouver un chemin et réaliser son projet futur professionnel. Pour cela, les personnels doivent être formés et reconnus.
- Différencier ce qui relève de la construction du parcours individuel, des situations d’enseignement qui doivent rester collectives.
- Articuler les parcours individuels et le cadre social. Adapter l’enseignement sans renoncer au collectif pour contribuer au développement de compétences psychosociales
- Penser le processus d’orientation bac-3/bac+3 entre les acteurs de l’Éducation Nationale et ceux de l’Enseignement Supérieur
- Utiliser des formes d’apprentissages variés, valoriser des compétences différentes, ne pas opposer pratique et théorie, offrir des modalités et dispositifs pédagogiques adaptés où chacun se reconnaisse.
Publics accueillis dans la voie professionnelle
La voie professionnelle accueille 645.000 élèves : 105.000 en CAP 2 ans, 520.000 en Bac Pro. Ils se répartissent à 43.3 % dans le secteur de la production, et 56.7 % dans les services. Source : DEPP – RERS2021 – Page 87
Des élèves issus de l’éducation prioritaire
Ils ont des trajectoires scolaires différentes de la plupart des autres élèves. Ils ont aussi des difficultés à se construire une identité professionnelle.
- Depuis 1999, environ 20 % des collégiens sont en éducation prioritaire. La part des collèges classés REP+ en France représente 6.9 % des collèges (7.3 % des élèves). Source : DEPP – RERS2021 – Page 52.
- 57% des élèves de la voie pro (en 2020) sont issus d’une catégorie sociale défavorisée (39.4 % pour l’ensemble des élèves du second degré). Source : DEPP – RERS2021 – Page 83
« Bien qu’accueillant essentiellement des élèves issus de l’éducation prioritaire, les LP ne sont plus classés en éducation prioritaire. Moins de dépenses pour moins d’efficience ! »
Des élèves en situation de handicap et/ou à besoins éducatifs particuliers
Ils nécessitent des schémas de prise en charge particuliers (GEVA-SCO, PAP, PPRE, ESS…). Ces dispositifs d’accueil, construits en équipe pluri-disciplinaires (enseignants, infirmière, référent handicap, CPE, …) sont chronophages. Cette charge de travail invisible n’est que trop peu reconnue.
- Entre 2019 et 2020, les établissements du second degré ont vu les effectifs d’élèves en situation de handicap croitre de 10.2 % (183.619 élèves en 2020). Source : Depp – RERS2021 – page 19
- En 2020, 33279 élèves en situation de handicap étaient en classe ordinaire de lycée et 7001 élèves en ULIS Lycée. Source : Depp – RERS2021 – page 19
- Les élèves du 2nd degré, en situation de handicap, présentent majoritairement des troubles intellectuels ou cognitifs, troubles du langage ou de la parole, troubles du psychisme. Source : Depp – RERS2021 – page 19
Le Sgen-CFDT réclame une véritable inclusion des élèves : une formation pour les personnels, des moyens humains supplémentaires, une reconnaissance…
Autres particularités des publics accueillis dans la voie professionnelle
Peu de mixité sociale: Plus d’un élève sur deux dans les formations professionnelles en lycée (53,0 %) est enfant d’ouvriers, de retraités ou d’inactifs (35.2 % pour l’ensemble du 2nd degré). Source : DEPP – RERS2021 – Page 82
- Des élèves de plus en plus jeunes: En 2020, 67 % des élèves entrants en Bac Pro ont moins de 15 ans . En CAP, ils sont 41.4 % à avoir moins de 15 ans. Source : DEPP – RERS2021 – Page 88
- Un manque d’appétence pour les études:
50 % des sortants de CAP poursuivent leurs études,
50 % des sortants de Bac Pro poursuivent leurs études,
36 % des sortants de BTS poursuivent leurs études
Source : DEPP – RERS2021 – Page 255 - Des difficultés à s’insérer:
27 % des titulaires d’un CAP, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
39 % des titulaires d’un Bac Pro, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
56 % des titulaires d’un BTS, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
Source : DEPP – RERS2021 – Page 255
Les personnels de la voie pro s’interrogent
- Dès lors que les personnels exercent dans un environnement inclusif, comment reconnaître l’ensemble de leurs compétences et l’exercice exigeant de leur métier ?
- Dans certains territoires, les élèves sont majoritairement issus de l’éducation prioritaire, comment reconnaître cette particularité pour les personnels ?
- Quelles sont toutes les conditions pour exercer correctement ses missions et donner du sens à son travail ?
- Quels moyens sont nécessaires pour parvenir à faire correctement son travail ?
- Quels partenariats, quels dispositifs existants ou à créer pour offrir une réponse globale et durable ?
- Comment rendre plus attractif le métier de PLP ? Faut-il redéfinir de nouveaux attendus ?
Ce que demande le Sgen-CFDT
- La redéfinition et la reconnaissance de l’ensemble des missions des PLP en phase avec la réalité des publics accueillis dans la voie professionnelle
- La prise en compte de la diversité des territoires pour l’attribution des moyens
- Un véritable plan de formation à l’inclusion
- Des moyens humains supplémentaires pour accompagner collectivement les élèves à besoins particuliers, qu’ils soient sociaux, cognitifs, psychomoteurs ou linguistiques
- La prise en compte des difficultés d’exercice, par une pondération de 1,1 des heures d’enseignement
- Un accès au vivier 1 de la classe exceptionnelle pour valoriser l’accompagnement de ces publics
- Une harmonisation vers le haut des primes de professeur principal
- Une dotation augmentée et un cadrage plus précis de la répartition des IMP pour reconnaître le travail invisible au bénéfice du collectif
- La participation des équipes au choix d’utilisation des moyens et des heures complémentaires
Inclusion et TVP publics accueillis dans la voie professionnelle
Pour parvenir à répondre aux besoins divers des élèves, l’inclusion « à marche forcée » ne suffit pas. Vouloir absolument qu’un élève de CAP aille jusqu’au Bac, voir au BTS, est illusoire. Les personnels de la voie professionnelle exercent dans un environnement inclusif sans moyens suffisants. Comment continuer encore à promettre l’égalité des chances dans de telles conditions ?
La TVP a bouleversé les pratiques. La réduction des heures d’enseignements pour coller au lycée GT, a augmenté les difficultés pour les publics accueillis dans la voie professionnelle. Les heures complémentaires, qui permettent des dédoublements, sont souvent mal réparties entre enseignement professionnel et enseignement général. Les bénéfices attendus en termes de conditions de travail et d’apprentissage sont amoindris. Les programmes et référentiels ne sont pas construits autour de l’inclusion.
Les remontées de terrain sont alarmantes : manque (ou absence) de formation à l’accueil des élèves à besoins particuliers, manque d’enseignant dédié, manque d’AESH, manque d’infirmière, manque d’assistante sociale, …
La voie professionnelle a toute sa place à jouer dans la formation d’élèves en difficultés. Mais concentrer toutes les difficultés dans les Lycées Professionnels, en sous estimant les besoins humains, en ne reconnaissant pas ce travail particulièrement difficile, ne permet pas d’œuvrer équitablement pour l’inclusion.