Au delà des ambitions affichées par le Ministère, et malgré la bienveillance des collègues dans les écoles, la mise en place de l'école inclusive balbutie. Pour le Sgen-CFDT, l'état doit se donner les moyens de ses ambitions.
Le Sgen-CFDT a déposé une alerte sociale autour de l’inclusion scolaire pour dénoncer les conditions de mise en place de l’accueil des enfants porteurs de handicap mais aussi des enfants à besoins particuliers notamment des enfants allophones. Les enseignants n’ont pas la possibilité de travailler correctement.
Aujourd’hui les personnels n’ont en effet pas la possibilité d’accueillir les enfants à besoins particuliers dans de bonnes conditions. Ils ne peuvent donc pas dispenser les enseignements correctement et avec toute la bienveillance nécessaire.
Le Sgen-CFDT revendique :
- la nomination d’un accompagnant dès la notification MDP et des moyens humains et matériels suffisants
- de la formation pour tous les acteurs de l’inclusion
- du temps pour échanger, analyser et construire les projets d’inclusion
- des emplois pérennes et complets d’AESH
- un recensement des ressources existantes méconnues ou mal réparties
- une gestion et une optimisation des besoins au plus près du terrain
- une coopération entre l’éducation nationale tous les partenaires médico-sociaux publics ou libéraux (orthophonistes, psychologues, ergothérapeutes, …)
- une personne ressource handicap dans chaque école ou établissement
Inclusion scolaire : une ambition qui tarde à se concrétiser !
A l’instar de beaucoup de pays européens, la France a pris en 2005 la décision de mettre en place un dispositif ambitieux visant l’inclusion de tous les élèves en situation de handicap au sein des écoles. 13 ans après, on est encore loin du compte ! La faute sans doute à des décisions politiques qui ont pesé sur les choix en matière notamment de recrutement des personnels mais aussi sur le suivi et l’accueil de ces enfants.
En 2018, malgré les fausses annonces des Ministres (recrutement de 11 200 postes d’AESH – AVS mais suppression de 15 000 contrats aidés), les enseignants sont au bord de la rupture, épuisés entre les injonctions d’inclusion, d’accueil d’enfants et le manque de considération et d’accompagnement.
Des effectifs qui ne cessent de croître du fait des CP à 12 qui mobilisent les moyens de l’école primaire !
Et pourtant, les arrivées, légitimes, d’enfants avec des besoins spécifiques sont de plus en plus nombreuses dans les écoles. Elles viennent percuter des effectifs accrus dans les classes notamment en REP + du fait de l’arrivée des CP à 12 (et demain leur extension au CE1) qui mobilisent des moyens humains importants. Tout cela, c’est autant de personnels enlevés à l’ambition de l’école inclusive et au soutien de son dispositif dans toutes les écoles de France. En effet, disposer de maîtres en plus dans toutes les écoles de France, c’est disposer de personnels qui vont soutenir l’inclusion au quotidien, la faciliter !
Une lourdeur administrative donc des AESH – AVS qui tardent à arriver !
Ce qu’attendent avant tout les enseignants, c’est d’obtenir des réponses à leurs interrogations ! Accueillir un enfant à besoins particuliers ne s’improvise pas et demande un minimum d’informations préalables, de formations. L’institution semble faire croire que tout se passe bien, que les enfants sont intégrés, que les collègues ont les moyens de mener à bien cette mission. C’est bien mal connaître leur quotidien, leur isolement en la matière. Entre les lourdeurs administratives pour la constitution des dossiers, les réunions d’équipes éducatives multiples, la bienveillance apportée au suivi des enfants, les enseignants sont aujourd’hui saturés et ce malgré leur volonté de bien faire.
Ils attendent notamment de pouvoir bénéficier de l’arrivée des AESH-AVS dès la notification par les MDPH. Actuellement, cela se fait au plus tôt deux mois plus tard et ce, faute de recrutement de la part de l’administration. Dès lors comment développer une inclusion sereine quand les décisions prises collectivement ne sont pas appliquées à l’arrivée de l’élève ?
Un manque criant de formation au suivi des enfants à besoins particuliers !
Il en va aussi de la formation des collègues. Inclure un élève, lui apporter un soutien particulier ne s’invente pas. L’Institution compte trop souvent sur la bonne volonté des personnels et leur capacité d’adaptation.
Pour le Sgen-CFDT, cela ne peut suffire et chaque enseignant doit disposer d’un temps spécifique pour se former, préparer et surtout travailler collectivement, en équipe de professionnels, à l’inclusion des élèves à besoins particuliers.
L’école inclusive demande du temps de concertation collectif !
Il s’agit bien de construire un parcours à cet élève, un parcours qui sera constant tout au long de sa scolarité et qui se transmettra. Il ne peut donc être le fruit seulement de l’enseignant qui accueille l’enfant dans sa classe. C’est donc un travail collectif; dans les équipes, au sein des établissements qui doit être mené. Pour pouvoir y parvenir, les enseignants doivent disposer de temps pour partager un projet, le construire. Dialoguer, c’est donner les moyens aux équipes de répondre plus facilement à des situations particulières et de faire face collectivement aux difficultés.
Disposer enfin d’un plateau technique pour soutenir les enseignants
Pour le Sgen-CFDT, il faut aller beaucoup plus loin. Il faut installer dans et autour des établissements des plateaux techniques afin d’aider les élèves au quotidien. Ces personnels seraient également un soutien très important aux équipes qui n’auraient plus le sentiment d’être seules et délaissées par l’institution.
Pourquoi donc ne pas disposer dans les écoles d’éducateurs spécialisés, d’éducateurs de jeunes enfants, d’orthophonistes, de psychologues en nombre plus important ? Cette réflexion n’est pas nouvelle mais la réponse que donne le Ministère est que ces personnels, présents dans les établissements médico-sociaux, sont aujourd’hui dépendants des financements du Ministère de la Santé. Les fonds ne sont-ils pas transférables, modulables ? Cela doit changer car au bout du compte, ces fonds proviennent des mêmes caisses, le budget de l’État. Il serait enfin temps que les Ministres concernés mobilisent ensemble des fonds communs pour faire de l’inclusion une véritable cause nationale, au-delà des beaux discours et des belles intentions.