Le numéro de la revue Éducation et formations de mars 2018 est consacrée à l'égalité entre les filles et les garçons, entre les femmes et les hommes, dans le système éducatif. Un article décrypte les inégalités de rémunération entre enseignantes et enseignants. Première lecture.
Le titre est sans appel : les enseignantes perçoivent 14% de moins que les enseignants. Les inégalités sont donc élevées.
Marion Defresne, Olivier Monso et Sophie Saint-Philippe ont décomposé les inégalités de rémunération entre enseignantes et enseignants. Finalement, 10 à 20% de cet écart reste inexpliqué… Comme les auteur.trice.s le répètent dans leur article,
L’égalité de « droits » entre les deux sexes, n’est pas forcément une égalité de « faits ».
Les sources identifiées des inégalités
S’appuyant sur plusieurs études déjà menées, et sur les données ministérielles, les auteur.trice.s listent les sources des inégalités constatées. Cela contribue à la « part expliquée » des inégalités de rémunérations.
Les enseignantes, plus que les enseignants, exercent dans le premier degré. Or le système de rémunération y est moins avantageux que dans le second degré.
Au sein du second degré, les enseignantes relèvent moins que les enseignants des corps les mieux rémunérés.
Les femmes exercent plus souvent que les hommes à temps partiel, et accèdent moins souvent qu’eux à des fonctions offrant des compléments de salaire.
Elles sont aussi en moyenne plus jeunes que les hommes.
Enfin, les conditions effectives d’avancement de carrière seraient plus favorables aux hommes.
Ce n’est hélas pas une surprise pour le Sgen-CFDT
Nous retrouvons ici des éléments qui étaient perceptibles dans le bilan social et dans le rapport de situation comparée. Le Sgen-CFDT est intervenu à de nombreuses reprises pour que ces éléments soient pris en compte dans la politique des ressources humaines du ministère. Nous avons ainsi demandé à plusieurs reprise de mieux structurer le dialogue social sur les inégalités entre femmes et hommes afin de définir par la concertation, voire la négociation, des mesures permettant de progresser vers l’égalité réelle.
10 à 20% des inégalités inexpliquées
Les auteur.trice.s montrent que 10 à 20% des inégalités de rémunération constatées entre enseignantes et enseignants ne sont pas expliquées. Ce chiffre est important.
Les travaux en cours au sein de l’Éducation nationale doivent permettre d’identifier des objectifs et des leviers en faveur de l’égalité professionnelle dans les mois qui viennent :
- installation du groupe de travail sur les inégalités femmes-hommes
- premier groupe de travail à la DGRH
- remise du rapport de situation comparé 2016-2017
Les pistes proposées confortent les revendications du Sgen-CFDT
Les auteur.trice.s soulignent que les inégalités entre enseignantes et enseignants résultent essentiellement de la surreprésentation des femmes dans le corps des professeurs des écoles. Le Sgen-CFDT a demandé au Ministère de l’Education nationale une réflexion sur la mixité des métiers en soulignant la féminisation croissante du corps des professeurs des écoles, féminisation encore plus marquée à l’école maternelle.
Ils considèrent que l’ISAE et sa revalorisation à la rentrée 2016 pour lesquelles le Sgen-CFDT s’est fortement engagé sont donc de nature à réduire les écarts de rémunération entre enseignantes et enseignants. Le corps le plus féminisé accédant à une indemnité d’un niveau alors réservé aux corps du second degré, moins féminisés.
Le premier bilan des IMP (indemnités pour fonctions particulières) montrait que les hommes étaient surreprésentés parmi celles et ceux percevant le plus haut taux d’IMP d’initiative académique. Avant les IMP, des inégalités moins visibles existaient déjà. En effet, la plupart des missions ainsi rétribuées existaient. Elles pouvaient donner lieu à versement d’heures supplémentaires, à octroi de décharge de service. Et en tout état de cause permettait à des agents de voir leur activité mieux valorisée par les corps d’inspection en vue des promotions de corps ou de grade. On sait par ailleurs depuis longtemps que la proportion de directeurs parmi les professeurs des écoles est plus élevée que celle de directrices parmi les professeures des écoles.
Le Sgen-CFDT, fort de ces constat, a demandé que soit menée une réflexion de fond sur :
- la formation de celles et ceux qui évaluent, et/ou recrutent dans ces fonctions
- la manière de présenter ces fonctions
- la formation des enseignantes et des enseignants pour lutter contre toutes les formes d’autocensure
- le bilan de la distribution de ces fonctions pour progresser vers l’égalité car les laisser perdurer c’est laisser croire que les femmes seraient par essence moins compétentes que les hommes, ce serait donc inacceptable.
Les heures supplémentaires restent un facteur important d’inégale rémunération des femmes et des hommes. Là aussi, il faut agir, avant tout sur le traitement indiciaire qui doit augmenter pour toutes et tous au-delà de ce que le protocole PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations) a enclenché, et réduire le recours aux heures supplémentaires.
Les auteur.trice.s soulignent aussi l’impact des règles d’avancement. Le Sgen-CFDT l’a souligné à de nombreuses reprises. Là aussi la mise en œuvre du protocole PPCR a permis des avancées :
- rythme unique d’avancement d’échelon qui réduit l’effet des retards d’évaluation et des biais à l’évaluation sur le déroulement de carrière des femmes
- rappel des exigences légales en matière d’égalité femmes-hommes qui obligent les commissions paritaires de tenir compte de la représentation des femmes et des hommes dans les promotions.
Il reste beaucoup à faire pour accéder à l’égalité réelle. Le Sgen-CFDT sera force de proposition dans les travaux engagés par le Ministère en matière d’égalité professionnelle.