Le Sgen-CFDT a interpellé le cabinet de la ministre de l'enseignement supérieur sur le contenu de la lettre de mission de Mark Sherrigham, inspecteur général, et sur la réforme des masters MEEF. Il a fait part de sa surprise et de son mécontentement.
Le Sgen-CFDT a fait part de sa surprise, et de son mécontentement, à l’annonce de la mission confiée à M. Sherringham, que nous avons découverte par voie de presse. Le contenu de la lettre de mission fait apparaitre des éléments inacceptables jamais abordés avec les organisations syndicales et qui vont à l’encontre même de l’organisation de l’enseignement supérieur en France dont les INSPE, en tant que composante, dépendent.
La lettre de mission pose problème sur plusieurs points :
1. Elle acte la mise en place de l’alternance dès la rentrée 2021 et uniquement en M2.
Cela est contradictoire avec les dernières versions proposées de l’arrêté MEEF et avec les demandes générales de report.
La crise sanitaire rend impossible le travail sur de nouvelles maquettes.
Rappelons que toutes les équipes sont actuellement confinées et accaparées par la réorganisation de la fin d’année liée à la pandémie, si bien qu’il leur est impossible de travailler au montage de nouvelles maquettes, qui plus est en l’absence de publication de la nouvelle version de l’arrêté master MEEF.
Le président de la République a pourtant officiellement annoncé le report des réformes !
2. Elle annonce la création de classes préparatoires au professorat des écoles.
Ces classes préparatoires n’ont jamais fait l’objet de la moindre discussion avec les organisations syndicales. Le sujet lui même n’a jamais émergé ni lors des auditions avec la mission conduite par Monique Ronzeau et Bernard Saint Girons, ni lors des différents échanges avec le MEN ou le MESRI.
Un mépris manifeste pour le travail mené ces dernières années…
Pour le Sgen-CFDT, ces classes préparatoires vont concurrencer directement les filières de préprofessionalisation mises en place en licence, sans aucune réflexion collective sur l’éventuelle orientation en master MEEF marquant ainsi un mépris manifeste du travail mené ces dernières années par les collègues des universités en général et des INSPE en particulier.
3. Elle annonce l’avis des recteurs sur les dossiers d’accréditation des INSPE et sur le contenu des maquettes.
Cette compétence relève pourtant normalement des services de la DGESIP… Faut-il comprendre que ces services seraient défaillants ? Nous ne le pensons pas. Le ministère de l’éducation nationale est d’ailleurs membre du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) où sont présentés et votés les dossiers d’accréditation des établissements. Il a donc toute la possibilité d’intervenir en amont et en aval sur ces dossiers. Encore faut-il qu’il le fasse…
4. Elle annonce la désignation des candidats à la direction des INSPE par le ministre de l’EN.
On peut en effet lire dans la lettre de mission que :
« Il revient à Mark Sherringham de veiller à évaluer la richesse des viviers des candidats à la direction des Inspé »
Cela laisse entendre que c’est J-M Blanquer qui va directement constituer la liste des candidats examinés par le comité de sélection de chaque INSPÉ. Il est vrai que, comme l’avait dénoncé le Sgen-CFDT, le conseil d’institut a été mis hors jeu pour les auditions !
Une formation qui passe encore un peu plus sous la tutelle de l’Éducation nationale…
Cette « mission spéciale », qui acte une dissociation entre la formation des futurs enseignants du premier et du second degré, et qui fait passer encore un peu plus cette formation sous la tutelle du Ministère de l’Éducation nationale, en l’éloignant des cadres universitaires, est pour nous inacceptable.
Le Sgen-CFDT demande des éclaircissement sur cette mission et sur la mise à l’écart du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Il s’étonne également du silence de la CPU sur un dossier qui relève pourtant de son champ de compétence.
La lettre de mission remise à Mark Sherrigham n’est pas conforme à l’organisation de l’enseignement supérieur en France…
Le Sgen-CFDT est attaché à l’universitarisation de la formation des enseignants et des CPE. La lettre de mission rédigée par le ministre de l’Éducation nationale et remise à Mark Sherrigham n’est pas conforme à l’organisation de l’enseignement supérieur en France, qui prévoit que les maquettes de formation relève des établissements d’enseignement supérieur dans le respect des textes législatifs et réglementaires en vigueur. Ces établissements sont autonomes. L’INSPE est une composante universitaire et ne relève pas du ministère de l’Éducation nationale.
Enfin, le Sgen-CFDT rappelle que dans le contexte actuel, les personnels des INSPE ne pourront pas travailler sur une refonte des maquettes de formation des masters MEEF même a minima.
Le Sgen-CFDT demande donc, en accord avec l’expression du Président de la République, le report de l’ensemble de la réforme à la rentrée 2021.