L'intelligence artificielle a fait irruption à l'école depuis 2022. Il est urgent de nous en saisir, d'en maîtriser les potentiels, les limites et les risques d'autant que les élèves, les jeunes l'utilisent au quotidien. Pour la CFDT, il faut mieux accompagner son utilisation et son développement.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques est consultée par la Direction du numérique éducatif (DNE) et la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) sur l’encadrement de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) à l’École. Pour cela, une charte d’usage de l’IA en éducation est en cours de finalisation. Si la démarche proposée par la DGESCO semble aller dans le bon sens, la CFDT reste cependant dubitative sur ses effets. Comment le ministère pourra-t-il mettre en œuvre ses préconisations ?
Se former à son usage

Le ministère pointe un besoin de travail en équipe dans les écoles, circonscriptions ou établissements pour à minima s’approprier l’outil mais surtout en mesurer les conséquences sur le travail. La CFDT ne voit pas comment il pourra se mettre en œuvre sans que des choix soient faits sur l’utilisation d’un temps de travail trop contraint. Le besoin de formation est réel et ne peut trouver réponse par des modules Magistère, fussent-ils très bien conçus. La formation exige un temps de présentiel, de travail collectif sous peine de se limiter à une simple sensibilisation.
Découvrir les possibles
L’intelligence artificielle générative peut être un outil très pertinent pour réaliser certaines de nos tâches professionnelles. De manière générale, les différents types d’intelligence artificielle peuvent nous permettre de mieux différencier notre enseignement, de modifier nos approches pédagogiques. Mais cela suppose avant tout d’en maîtriser les fonctionnements et les enjeux. Ceci, afin de décider de la pertinence de son utilisation dans certaines situations d’apprentissage. Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, il ne s’agit pas de subir son utilisation mais bien d’anticiper ce à quoi elle peut servir dans le cadre des pratiques au sein de la classe. Pratiques qui concernent autant les élèves que les professionnel⋅les.
Changer l’évaluation des élèves et s’adapter à la réalité des pratiques
Un aspect important de nos missions est impacté : l’évaluation des travaux que réalisent nos élèves. Alors que de nombreux devoirs à la maison se font avec le concours de l’intelligence artificielle, comment dès lors mesurer le niveau de compétence atteint par les élèves ? Pour la CFDT, une réflexion est nécessaire et elle doit se faire collectivement au sein des établissements en équipes pluridisciplinaires. Parmi les solutions possibles : la pertinence d’un renforcement de l’oral dans l’évaluation de travaux réalisés en dehors de la classe. Mais c’est aussi mieux mettre en avant l’évaluation par compétences sans pour autant minimiser l’évaluation des connaissances ou des savoirs.
Adapter les programmes
Pour la CFDT, il semble nécessaire de faire évoluer certains programmes d’enseignement, au moins ceux de SNT et de NSI en voie générale et technologique du lycée. Car son utilisation par les élèves est précoce et ne concerne pas que les élèves du lycée en voie générale. Des élèves, dès le collège maîtrisent son utilisation, il en est de même dans la voie professionnelle. Il est donc nécessaire de prendre en charge ces enjeux. A cet effet, l’utilisation de Pix ne semble pas suffisante pour y parvenir. On ne peut donc se contenter d’introduire ça et là dans les programmes quelques notions vagues sur l’IA. Il convient d’avoir une réflexion approfondie sur son utilisation et sur les nécessaires compétences à acquérir.
Prendre en compte la question de l’empreinte écologique de l’IA
La CFDT est attentive aux questions écologiques et de protection des données. En effet, l’intelligence artificielle générative peut être un poison pour l’environnement si son usage se développe de manière incontrôlée. Il faut renforcer les alternatives, y compris respectueuses d’un cadre européen. L’interrogation sur les biais, les conditions sociales d’élaboration des modèles de langage, le respect des droits d’auteur doit influencer les choix que nous faisons. Il faut enfin que les professionnel⋅les tiennent compte des effets de l’utilisation de l’IA sur la construction des capacités d’apprentissage des élèves. Cela implique d’éviter une utilisation trop précoce et/ou systématique.
Ne pas se limiter à la rédaction d’une charte
La formation à l’usage de l’intelligence artificielle paraît aujourd’hui un élément incontournable pour répondre aux besoins de notre société. Les professionnel⋅les en ont besoin pour à la fois réaliser dans de meilleures conditions les tâches qui leur sont confiées, et, pour accompagner les publics accueillis. Pour la CFDT EFRP, la charte en cours de finalisation, basée sur celle mise en place au ministère de la Culture (pdf), doit pouvoir être discuté avec l’ensemble de la communauté éducative. Ce sujet devra donc être abordé lors d’une prochaine réunion du Conseil supérieur de l’éducation.