Le Comité universitaire d’information pédagogique (CUIP) a organisé le 20 novembre 2021 à la BNF une rencontre intitulée "École de la fracture ou école de la culture". Nous y avons participé et retraçons ici la démarche du Collectif d'interpellation du curriculum.
Une approche curriculaire, mais qu’est-ce donc ?
Cette rencontre se veut une étape dans une démarche de questionnement des savoirs enseignés à l’École, porté par le Cicur, Collectif d’interpellation du curriculum. Une démarche qui ouvre des perspectives et nourrit la réflexion au sujet des politiques éducatives à construire.
Le curriculum est un ensemble d’actions planifiées pour susciter l’instruction : il comprend la définition des objectifs de l’enseignement, les contenus, le méthodes (y compris l’évaluation) les matériels (y compris les manuels scolaires) et les dispositions relatives à la formation adéquate des enseignants.
À quoi sert la scolarité ? Sur quoi débouche-t-elle ? Comment tient-elle compte du vécu des élèves, des personnels ? Il s’agit bien d’une remise en cause de nos catégories de pensée habituelles, des frontières disciplinaires, des niveaux et des voies d’enseignement, des pédagogies…
« École de la fracture ou école de la culture »
L’École de la fracture serait celle qui divise les élèves entre les voies de formation (professionnelle, technologique et générale), entre les séries ou leurs remplaçantes en filière générale, les spécialités. Ce serait celle qui ne se préoccupe pas du sens donné aux apprentissages, ni du vivre ensemble.
Sa finalité serait essentiellement le classement, l’affectation et la sélection des élites.
L’alternative, ce serait une École de la culture qui donnerait tout son sens à la devise républicaine et la placerait au dessus des autres enjeux. Cette École permettrait aux élèves de donner davantage de sens à ce qu’il·elle·s apprennent. Elle leur permettrait de faire face au monde qui les entoure, marqué par la crise climatique, le numérique…
Ces savoirs transmis à l’École définiraient une culture entendue comme un ensemble de connaissances qui permet d’agir sur ce monde. La définition de ces savoirs ne serait plus de la seule responsabilité d’une administration mais une affaire d’intérêt national.
Cette démarche peut sembler irréaliste par l’ampleur des transformations qu’elle peut générer. Elle a pourtant des précédents. Dans les pays décolonisés, après une période où les programmes de la puissance coloniale ont souvent subsisté, des questionnements ont permis de définir un nouveau curriculum (parfois au service d’une idéologie totalitaire).
Dans notre système éducatif, de nombreux projets se construisent au quotidien qui permettent aux élèves de donner du sens à ce qu’ils apprennent, d’agir sur le monde qui les entoure. Ces projets sont souvent en décalage avec les curricula actuels.
Une démarche est lancée
Le Cicur propose une démarche qui doit aboutir à une interpellation au moment des élections politiques de 2022. La démarche peut sembler tardive mais elle a été retardée par la crise sanitaire. Il s’agit aussi d’installer durablement ce questionnement sur le curriculum dans le paysage éducatif.
Cette préoccupation rejoint bien des questionnements que le Sgen-CFDT évoque dans ses résolutions de congrès.
Il y a eu des « tables rondes » comprenant des contributions vidéo accessibles auxquelles on accède ici.
Des jalons ont été rédigés sur différents champs disciplinaires et problématiques liées à cette interpellation : ils sont accessibles ici.
Cinq groupes de travail vont fonctionner jusqu’au mois de mars 2022 :
- Quelle école pour faire entrer tous les élèves dans la culture de l’humanité ?
- Quels savoirs porteurs de sens pour tous les élèves ?
- Qu’évaluer chez les élèves et comment ?
- Quels professionnels de l’éducation imaginer et former ?
- Quelle politique curriculaire pour le XXIe siècle ?
Si vous êtes intéressé·e par cette démarche, ou par une de ces thématiques, un compte rendu plus exhaustif de cette journée peut être partagé. Des vidéos des différentes séquences de la journée sont disponibles sur cette page.
Nous avons aussi la possibilité de contribuer dans ces groupes. Merci de contacter l’auteur de l’article.