Les nouveaux projets de restructuration de l’enseignement supérieur agronomique : opportunités et risques
Fusion au premier janvier 2020
Philippe Vinçon (DGER) a présenté au Cneseraav du 6 Mars 2019 et au CA de l’IAVFF-Agreenium du 13 Mars 2019 un projet de création d’un nouvel EPSCP, issu de la fusion au 1er Janvier 2020 de Montpellier SupAgro (MSA) et d’Agrocampus Ouest (ACO). L’ambition affichée du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA) est de créer une grande école de recherche intensive :
- délivrant les diplômes nationaux (Ingénieur, Master et Doctorat)
- offrant une formation systémique et agile (mobilité étudiante nationale et internationale)
- reconnue comme « champion mondial » sur les questions d’agriculture, d’alimentation, et d’environnement.
Le nouvel Institut intégrera MSA et ACO sous un statut d’écoles internes dotées d’une autonomie et d’une agilité leur permettant d’engager le nouvel établissement au sein des politiques territoriales. Le décret, les statuts et les règlements intérieurs (droits et devoirs du nouvel établissement et des écoles internes) préserveront les coopérations académiques, territoriales et professionnelles au sein des deux sites. A l’issue d’une période expérimentale, qui reste à définir, le nouvel établissement pourra éventuellement accueillir d’autres écoles candidates sur la base du volontariat.
Il aura vocation à devenir l’un des deux établissements « leaders » du MAA, au côté d’AgroParisTech (APT), membre de l’Université Paris-Saclay (UPSa), susceptibles de :
- Fournir des cadres à un secteur vital de l’économie nationale
- Accompagner les politiques publiques du MAA
- Appuyer l’enseignement agricole technique
L’ambition affichée des porteurs du projet est de créer deux grandes écoles de recherche intensive délivrant les diplômes nationaux professionnels (Ingénieurs) et universitaires (Master et Doctorat). Pour cela, l’école cible doit satisfaire les caractéristique clefs des universités de recherche intensive, rassemblées sous le nom de « déclaration de Hefei » : (i) une recherche de l’excellence dans toutes ses actions ; (ii) un important effort de recherche de haut niveau et dans un large éventail de domaines donnant lieu à des résultats reconnus internationalement ; (iii) un engagement dans la formation des chercheurs, qui forme des diplômés hautement qualifiés et reconnus internationalement. S’inscrivant dans une démarche sociétale et éthique, cette déclaration témoigne du souci des universités de recherche intensive de » faire reculer dans tous les domaines les frontières de la compréhension, de la connaissance » et de « contribuer à l’innovation et au développement économique à l’échelle nationale et internationale ». En application de ces principes, la CURIF (Coordination des universités de recherche intensive françaises) regroupe actuellement 18 universités (incluant Paris Sud, Montpellier et Rennes 1), qui à elles seules couvrent plus de 85 % de la recherche dans le domaine de la santé, et 70 % dans le domaine d’action du CNRS.
Les opportunités
Les opportunités mises en avant par les porteurs de ce projet de fusion (Anne-Lucie Wack, directrice générale de MSA et Grégoire Thomas, directeur général d’ACO) sont :
– Accroitre la taille critique des établissements (effectifs, budgets) et améliorer la visibilité nationale et internationale (mobilité des étudiants)
– Élargir et améliorer l’offre de formation de chaque établissement : complétude des thématiques, développement de l’interdisciplinarité et des approches systémiques dans le champ de l’agronomie et de l’environnement.
– Unifier les marques et certaines fonctions opérationnelles des deux établissements : convergence des systèmes informatiques et consolidation des budgets, CAC, fondations, marchés, etc.
Les risques
Les risques associés à la création de ce nouvel établissement ne sont, à ce stade (i.e. sept mois avant le lancement de la nouvelle école), pas évoqués. Les porteurs du projet ne tirent aucun bilan ni évaluation.
- des créations d’établissements multi-sites initiés il y a quinze ans par le MAA (Michel Thibier) par la fusion d’écoles : AgroParisTech, Agrocampus Ouest, Montpellier Supagro, Vetagrosup, Oniris et Agrosup Dijon ;
- du regroupement thématique d’établissements de type PRES (Agreenium) ou COMUE (Agreenium-IAVFF).
- des restructurations multi-sites d’écoles d’ingénieurs, réalisés sous l’égide d’autres ministères techniques (par exemple Institut Mines-Telecom),
- de l’intégration des agros de Nancy et de Toulouse dans des établissements MESR .
Nous présenterons dans nos 4 prochains envois les risques et les impacts probables de ces réorganisations.
- – Quel est l’impact d’une fusion sur la qualité de vie au travail ?
- – Quel est l’impact de la fusion MSA-ACO sur leur offre de formation-recherche-innovation ?
- – Quel est l’impact de l’intégration d’Agroparistech (APT)à l’Université Paris-Saclay (UP-Sa)?
- – Quel projet global pour l’enseignement agronomique et vétérinaire ?