Une mécanique implacable est à l’œuvre : différentes décisions politiques concourent à fragiliser et discréditer les CIO pour justifier leur fermeture.
Les missions des personnels sont redéfinies de fait :
- Transfert aux régions des missions d’information sur les métiers et les formations pour tous les élèves de la 4ème à la Terminale.
: l’information des scolaires en établissement est ouverte à de nombreux acteurs sous le pilotage de la région, diminuant le rôle des Psy-EN EDCO sur ce champ. - Transfert aux profs principaux de la mission d’accompagnement des élèves pour leur projet d’orientation.
: les entretiens d’orientation sont confiés aux PP, diminuant le rôle des Psy-EN EDCO sur le champ du conseil en orientation. - Recentrage des missions des Psy-EN EDCO sur les publics scolaires, avec projet ministériel d’implanter les EDCO en lycée pour les « rapprocher des élèves».
: les publics non scolaires sont laissés aux acteurs régionaux, ce qui fragilise les CIO comme service d’accueil tout public. Le MEN viserait un CIO par département, contrainte imposée par le code de l’éducation. - Spécialisation progressive des activités des EDCO sur la grande difficulté scolaire, le mal être à l’école et le climat scolaire au détriment de l’aide à l’élaboration de projets d’orientation, dans la logique du corps unique des Psy-EN.
: les Psy-EN EDCO reçoivent davantage d’élèves en souffrance que de jeunes en questionnement sur leur avenir sauf situation problématique ; le conseil en terme d’orientation de la majorité des élèves est confiée aux enseignants.
Le modèle « service public CIO » est mis à mal !
La restructuration de la carte des CIO, en continu depuis 2015, explose l’entité « CIO » et multiplie les « modèles » hors de toute charte de service public, dans une logique de rationalisation financière.
- Suppression, fusion de CIO voire transformation en lieux d’accueil sans personnel administratif ni DCIO : limite l’accueil à des permanences ponctuelles assurées dans des lieux divers peu adaptés ; chaque académie « innove ».
- Implantation de CIO en lycée : brouille la visibilité pour les publics non scolaires et aboutit à ne plus accueillir que les élèves du lycée.
- Projet ministériel d’un CIO par département avec implantation des Psy-EN en établissement : pulvérise les collectifs de travail et pose la question du rôle des DCIO.
- Marginalisation des DCIO par certains rectorats quant aux réunions de bassin, à la gestion des décrocheurs ou aux partenariats avec les acteurs du SPRO.
- Projet d’amendement pour transférer aux Missions Locales les PSAD (plates-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs) gérées généralement par les CIO.
Pour le Ministère de l’Éducation nationale, l’accueil des publics non scolarisés ne semble plus relever du champ de compétence de l’EN ni des CIO.
Les moyens matériels et humains en CIO sont amputés :
- Baisse des budgets de fonctionnement dans de nombreuses académies selon des critères ni équitables ni transparents allant jusqu’à moins 30% pour la rentrée 2019.
- Baisse des recrutements de 120 Psy-EN EDCO au concours 2019 malgré l’engagement ministériel pris lors des discussions sur le corps unique (195 EDCO recrutés en 2017 contre 75 en 2019).
- Suppression de nombreux postes administratifs en CIO qui payent un tribu disproportionné au quota de leurs académies.
- Changement des règles du mouvement des DCIO suite à la suppression du grade de DCIO ; le nouveau mouvement, sans barème et sur avis hiérarchique, supprime la seconde phase qui permettait aux néo DCIO de candidater sur les postes restés vacants.
Résultat : 39 postes de DCIO vacants après le mouvement 2019, contre 17 en 2018 et seulement 2 en 2017 lors du mouvement en deux phases. - Possibilité de mise à disposition gratuite aux régions de personnels EN dont les Psy-EN et les DCIO sur la base du volontariat, ce qui rend impossible l’évaluation du nombre de personnels potentiellement concernés. Quels moyens pour remplacer ces personnels ?
L’ensemble des personnels est démoralisé !
Insécurisés par des informations variant continuellement et contradictoires, les personnels sont gravement impactés : perte de sens, manque de reconnaissance voire sentiment de mépris suite au rapport de l’inspection des finances qui dénonce le régime jugé trop favorable du temps de travail des Psy-EN et des administratifs.
- Les DCIO s’inquiètent de leur devenir et de leurs missions au vu des fermetures des CIO et des discussions avec les régions.
- Les Psy-EN s’interrogent sur l’évolution de leur métier compte tenu du faible recrutement, et des projets de fermeture de CIO et d’implantation en lycée ; c’est bien leur collectif de travail, source d‘expertise qui est détruit.
- Les administratifs s’angoissent de leur nouvelle affectation suite à la suppression de leur poste; les bonifications de carte scolaire ne suffisant pas à leur assurer une affectation près de leur ancien poste.
Le Sgen-CFDT dénonce les risques psycho-sociaux importants chez les personnels de CIO mais peu pris en compte par l’Education nationale : des démarches collectives pour remplir les registres de santé au travail sont un moyen d’alerter les CHSCT.
Restons mobilisé·es !
Après la mobilisation du 21 mars à Paris, il faut continuer localement à défendre le réseau des CIO : lieux d’accueil de proximité dans le cadre d’une orientation tout au long de la vie, lieux ressource pour la politique d’orientation EN et collectifs de travail indispensables à l’expertise des Psy-EN.
- alerter les parents et les publics reçus en CIO ;
- mobiliser les chefs d’établissement contre l’implantation en lycée ;
- convaincre les élu·es de proximité en mairie, département et région d’avoir des services publics de proximité pour la jeunesse ;
- préserver un climat de travail qui soutienne les équipes.