Cette Interview de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, est parue dans Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT, n° 245, spécial Congrès (Aix-les-Bains, 23-27 mai 2016).
De ton point de vue de secrétaire général de la Confédération, quels sont les enjeux importants dans les champs de syndicalisation du Sgen-CFDT ?
Nous voulons redonner des perspectives d’avenir aux jeunes
Le Sgen couvre des sujets au cœur des préoccupations de la CFDT, et qui sont des leviers pour aller vers le nouveau modèle de développement que nous voulons. Lors du congrès de Marseille en 2014, nous avons réaffirmé notre choix d’une société fondée sur la qualité, une société qui ne laisse personne au bord du chemin. Aujourd’hui, nous constatons que les jeunes sont les premières victimes de la « crise ». Leur inquiétude quant à leur avenir alimente la fatigue démocratique. Nous voulons leur redonner des perspectives d’avenir. La CFDT s’est battue pour qu’ils aient accès à des droits nouveaux, comme le compte personnel d’activité, le droit à la formation ou la généralisation de la « garantie jeunes ». La CFDT continue à croire que le progrès social est possible.
… une école qui soutienne, accompagne et oriente chaque enfant.
Mais c’est, bien sûr, au sein de l’École que chacun commence à construire son parcours. La CFDT, avec le Sgen et la FEP, veut une École qui soutienne, accompagne et oriente chaque enfant. Une École de la réussite de tous, qui adapte ses modes de fonctionnement à ses objectifs, et dans laquelle chaque enfant, chaque parent et chaque professionnel peut trouver sa place. L’École est nécessaire au vivre-ensemble, tout comme l’action publique. Il faut reconnaitre le travail des agents publics et la richesse qu’ils représentent pour notre pays. Ils doivent retrouver des marges de manœuvre quant au contenu de leur travail, de son organisation, et au sens de leur métier. Ils doivent être respectés et écoutés : la CFDT se bat pour cela. Ils sont indispensables au développement du pays et à sa cohésion sociale.
Une stratégie cohérente et de long terme pour l’Enseignement supérieur et la Recherche
Le choix d’un modèle de qualité implique une montée en gamme de l’économie et une montée en qualifications des personnes. Dans un contexte de profondes mutations (numérique, écologique…), nous avons plus que jamais besoin de politiques d’enseignement, de recherche et d’innovation ambitieuses. Nous revendiquons pour l’Enseignement supérieur et la Recherche une stratégie cohérente et de long terme, portée au plus haut niveau par l’État, et une coopération de tous les acteurs sur les territoires, dans les organismes de recherche et dans les entreprises. Cela implique bien sûr des moyens suffisants. La CFDT s’est associée au Sgen pour réclamer une revalorisation du budget de l’ESR. Dans les entreprises, nos équipes pèsent sur les orientations stratégiques et contrôlent la bonne utilisation des aides publiques (notamment du crédit impôt recherche).
L’enseignement, la formation, mais aussi l’éducation populaire, sont au cœur des enjeux que porte la CFDT pour faire vivre la démocratie et le progrès humain. Voilà pourquoi le Sgen-CFDT compte autant dans la CFDT.
Tu seras présent lors du congrès de la Fédération Sgen-CFDT. Quelle importance donnes-tu aux congrès de fédérations (ou d’URI) dans la vie de la CFDT ?
Un congrès est toujours un moment important et exceptionnel dans la vie de l’organisation.
C’est le moment où l’on fait le point sur le chemin parcouru, les progrès faits, les combats menés et les difficultés rencontrées. C’est une parenthèse dans le quotidien de sa structure, où l’on se rassemble et où l’on fait le bilan. Et puis un congreès, c’est aussi se demander ce que l’on souhaite pour la suite, quels projets on veut mener et quelle vision on veut porter, tous ensemble. Bref, c’est un temps où l’on se redit pourquoi nous militons ensemble et ce que nous voulons. L’organisation de la CFDT repose d’un côté sur une approche professionnelle, avec les fédérations, et de l’autre sur une approche territoriale, avec les unions régionales. Les congrès de ces structures permettent de faire interagir ces deux approches et donc de faire vivre la CFDT.
Les rassemblements de militants et les congrès permettent donc de faire vivre le débat interne.
Et puis la CFDT est une confédération, basée sur un syndicalisme d’adhérents. Les rassemblements de militants et les congrès permettent donc de faire vivre le débat interne. C’est extrêmement important pour moi, comme pour tous les responsables nationaux, de participer à ce genre d’évènement, d’écouter et d’aller à la rencontre de ceux qui font la CFDT sur le terrain, au quotidien. Nous le faisons aussi en dehors des congrès.
Pendant son congrès, la Fédération Sgen-CFDT a décidé de réécrire son préambule afin de réaffirmer un syndicalisme qui prend en charge la dimension catégorielle des métiers de l’Éducation nationale, mais aussi qui réunit toutes les professions dans une même réflexion, un même débat et un même processus de décision politique. Afin que la force collective profite à chacun, quelle que soit sa situation. C’est aussi cela un congrès. Un moment convivial qui permet de se retrouver autour d’une ambition commune : faire vivre un syndicalisme réformiste et progressiste au plus près des personnels et des collectifs de travail.
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