Le 20/11/2023, le Collectif national RASED a été reçu en audience au Ministère de l’Éducation nationale. L’objectif était de faire un point sur l’état des RASED, d’exposer les inquiétudes quant à leur organisation et leur fonctionnement actuels et d’interroger sur leur avenir.
Les positions et revendications du Collectif national RASED
Lors de l’audience, le Collectif national RASED a réaffirmé les revendications des enseignants spécialisés :
→ Maintenir la dimension humaine des interventions et adapter les pratiques en fonction de chaque enfant et de chaque situation ;
→ Conserver une liberté de choix quant aux modalités des aides en fonction de ce que l’enseignant spécialisé connaît des difficultés du sujet. Celles-ci, toujours singulières, nécessitant d’agir tantôt en groupe et tantôt en relation duelle, tantôt dans la classe et tantôt dans un autre lieu plus sécure pour lui ;
→ Les enseignants spécialisés refusent de se cantonner au rôle de « personne ressource » auprès des enseignants, de conseillers polyvalents, au détriment de la prévention et de l’aide « directe » de terrain, au plus près des écoles et des élèves.
Le Collectif national RASED a demandé :
- L’augmentation substantielle des effectifs de personnels à hauteur de ce qu’ils étaient avant les coupes sombres de 2008. Ceci, afin d’offrir à chaque élève et à chaque famille le même service sur tout le territoire. Pour rappel, les RASED disparaissent petit à petit depuis 15 ans, en particulier en 2008 et en 2012 :
- les enseignants spécialisés à dominante pédagogique (ESADP) ont perdu près de 40 % de leurs postes,
- les enseignants spécialisés à dominante relationnelle (ESADR) près de 60 %,
- les postes de psychologues sont de moins en moins pourvus.
- Un plus grand nombre de départs en formation ;
- La pérennisation des RASED complets en confortant la place des trois professions qui les composent, dont celle des psychologues, restant rattachés à l’Éducation nationale ;
- Le recentrage des missions sur les aides spécialisées auprès des élèves en augmentant significativement le nombre d’heures de formation au CAPPEI consacrées aux spécialisations distinctes ADP / ADR (module de professionnalisation) ainsi que celles consacrées au tutorat par des pairs expérimentés.
Le Collectif précise que la question du manque d’effectifs des RASED reste posée et cela a un impact :
– Des missions de prévention en maternelle ne peuvent plus être assurées;
– La grande difficulté non prise en charge peut se transformer en trouble et les troubles en handicaps. La souffrance des enfants est de plus en plus médicalisée. Plus nombreux, les RASED pourraient davantage travailler en amont de la difficulté. Cela permettrait d’éviter l’ancrage de celle-ci et sa transformation en trouble.
Les RASED sont au plus près du terrain, des élèves et des enseignants. Ce sont des ressources de proximité et ils travaillent avec les familles, les partenaires EN et hors EN.
De plus en plus, il y a le déploiement d’un grand nombre de « personnes ressources » (EMAS, « référents comportements divergents », etc.) qui ne voient pas les élèves, ne les prennent pas en charge, mais distillent quelques conseils auprès des enseignants. Mais quid de l’humain et du travail avec l’enfant ?
Les réponses du MEN
Mme Cécile Laloux, Conseillère pédagogique du Ministre, précise que celui-ci a engagé une ambitieuse « Mission Exigence des Savoirs ». Elle doit permettre d’élever le niveau des élèves et de bâtir une école du bien-être et de la confiance. Cette mission réaffirme aussi l’autorité des personnels. Il s’agit de poser un regard précis et spécialisé sur les EBEP (élèves à besoins éducatifs particuliers).
M. Sébastien Mounié, Chef du bureau de l’École inclusive à la DGESCO, évoque le problème du manque d’attractivité des métiers d’enseignants spécialisés et de PsyEN.
Mme Valentine Tchou-Conraux, Conseillère sociale du Ministre, et M. Sébastien Mounié précisent qu’il n’y a pas de disparition des RASED. Mais, on ne reviendra pas aux effectifs de 2002 car entre-temps, il y a eu l’école inclusive. À l’avenir, les PAS (Pôles d’Appui à la Scolarité) avec une personne dédiée à temps complet remplaceront les PIAL. Les PAS donneront une réponse de premier niveau par rapport aux élèves à besoin éducatifs particuliers (et ceci en amont de la MDPH). Ils seront dotés de matériel pédagogique et le personnel médico-social sera mobilisé. Cela ne remet pas en cause le travail des RASED.
Mme Cécile Laloux (MEN) complète les propos en affirmant que rien ne se substitue aux RASED : c’est complémentaire. Elle confirme qu’à ce jour, il n’est pas question de supprimer les RASED ni de confondre les deux spécialisations des aides. La question plus globale est de savoir comment aider chaque élève dans son « parcours de réussite » en réinterrogeant tous les moyens existants. Favoriser le bien-être et l’épanouissement des élèves, ce n’est pas que l’affaire des RASED, c’est le métier de tous les personnels de l’école.
Concernant le PAS, le Collectif indique que les interventions du personnel médico-social dans les écoles pose question car ce secteur est exsangue. Dès lors, dans quelle mesure pourraient-ils intervenir dans les écoles ?
Ce que pense le Sgen-CFDT
L’une des priorité du MEN s’articule autour de l’école inclusive au sens large et des enfants à besoins éducatifs particuliers. À ce sujet, les RASED constituent des réseaux de professionnels formés – entre autres – à l’accompagnement relationnel et pédagogique des enfants en grande difficultés scolaires.
Et pourtant, aucune mention des RASED n’a été faite par le MEN suite à la mission Exigence des savoirs. Aucune directive ne vise à augmenter les effectifs des RASED. Leur rôle primordial dans la lutte contre l’échec scolaire est totalement occulté.
Le Sgen-CFDT déplore cette réalité et revendique une politique volontariste à l’égard des RASED et une revitalisation de ces derniers.