La CFDT du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) a été reçue par le ministre, Marc FESNEAU, le 20 juillet 2022. Etaient présent.es à l’audience : Béatrice LAUGRAUD, Jacques MOINARD, Catherine NAVE-BEKHTI, Laure REVEL.
Conforter la place de l’enseignement agricole au sein du MASA
La CFDT salue la réaffirmation des attributions du MASA portées par le ministre en matière d’enseignement agricole (qu’il soit technique ou supérieur) au travers du décret 2022-840 du 01/06/2022. Il stipule que le ministère de l’Agriculture définit et met en œuvre la politique en matière d’enseignement et de formation continue. Pour la CFDT, l’ancrage de l’enseignement agricole au sein de ce ministère est pertinent.
A ce sujet, « l’appellation » de la nouvelle conseillère du ministre en charge de l’enseignement agricole pose question. Un éclairage sur cette appellation inédite est nécessaire afin de mieux appréhender les tenants et aboutissants de sa mission. « Enseignement agricole, formation, apprentissage, emploi » sont devenus « Formation, entrepreneuriat, transmission et emploi ».
Réponse du ministre : « le changement d’appellation n’a pas vocation à modifier les attributions de la conseillère. Le ministre suggère la réintroduction du mot « enseignement » si nécessaire.
Les priorités d’action pour l’enseignement agricole technique (EAT) sur l’année scolaire 2022/2023 font l’objet d’une note de service (NS DGER/SDPFE/2022-468 21/06/2022). Elle a pour objectif de définir des priorités autour desquelles la mobilisation des communautés des personnels des établissements est attendue.
Le travail d’écriture mené par la DGER et les ambitions affichées vont dans le bon sens (agroécologie, innovation pédagogique etc.). La CFDT souhaite cependant aller plus loin, notamment au niveau des moyens supplémentaires à mobiliser.
Organiser la représentation de l’enseignement agricole au niveau départemental
Le courrier DGER/DGESCO du 14/12/2021 formalise le principe de la désignation d’un.e représentant.e de l’enseignement agricole technique par département pour être l’interlocuteur des DASEN. Souvent ce sont les directeurs ou directrices d’EPLEFPA qui occupent ces fonctions. Leur charge de travail, déjà trop dense, s’en trouve alourdie. Pire, leur légitimité est souvent mal comprise par les DASEN, ce qui semble cohérent.
La CFDT demande que soit créé dans chaque DRAAF/SRFD un poste d’adjoint.e à la (au) chef.fe SRFD, en charge des relations avec les DASEN. Il ou elle sera également chargé.es des questions d’orientation, de recrutement, de communication avec les INSPE et les universités, de transition agroécologique, de santé sécurité des apprenants, des élèves en situation de handicap et du recrutement AESH. Sa qualité d’adjoint.e lui confèrera toute légitimité. Par ailleurs, cet emploi permettra aux DRAAF/SRFD de répondre aux nombreuses commandes de la note de rentrée. Commandes légitimes et ambitieuses réclamant des moyens supplémentaires pour la mise en place et le suivi des actions.
Réponse du ministre : « je prends le point ».
Moyens, budget, propositions CFDT pour le ministre
Pour la CFDT, les EPLEFPA ne doivent pas être pilotés par les moyens. Cette option les contraindrait à ne plus pouvoir réaliser les cinq missions qui leur sont dévolues. Le retrait dans la note de rentrée de l’allusion au fait que les moyens ne seraient plus attribués aux ouvertures de filières générales est positive.
La CFDT souhaite que le ministre participe aux débats parlementaires portant sur l’examen du budget de l’enseignement agricole, tant technique que supérieur. L’histoire indique que seul un ministre de l’Agriculture a participé à ces débats stratégiques. Laisser le soin au ministre de l’Éducation nationale d’examiner ce budget pour l’enseignement agricole est vraiment regrettable.
Enfin, la CFDT note la création d’un observatoire chargé d’étudier les conditions de travail et de rémunération des agents contractuels budget (ACB), employés en CFA-CFPPA. Les conditions de travail et de rémunération d’un centre à l’autre doivent converger et non diverger comme c’est le cas actuellement. La rémunération des agents doit augmenter.
Réponse du ministre : le ministre participera aux débats parlementaires portant sur l’examen du budget de l’enseignement agricole. Le Ministre espère voir aboutir le dossier ACB, grâce notamment à la mise en place de cet observatoire. « Il devrait permettre de mettre à jour les fonctionnements des centres et d’en tirer les meilleurs enseignements au bénéfice des agents ».
Soutenir les filières « service » et « agroalimentaire »
Le nouveau projet stratégique pour l’enseignement agricole est à l’écriture. Ce projet devrait pouvoir associer l’Éducation nationale, le ministère du Travail, les instituts de recherches, l’enseignement supérieur, les régions et les branches professionnelles. Il faut faire de ce nouveau projet stratégique, un projet clair et ambitieux, assorti d’indicateurs de suivi et de performance. Pour la CFDT, l’enjeu lié aux difficultés de recrutement (EA sup comme technique) dans la filière agroalimentaire comme dans la filière service en milieu rural (EA technique) motive cette exigence de recherche d’une association plus étroite à ce projet de nos partenaires. Ce dossier est urgent.
Pédagogie, réformes, agroécologie
Pour la CFDT, la singularité de notre enseignement est une richesse qui doit être cultivée. Elle se caractérise par une pédagogie innovante, reconnue et saluée par les familles et l’ensemble des acteurs du monde agricole et de l’éducation. Dans un contexte marqué par le changement climatique et les transitions dont l’agroécologie, l’enseignement agricole doit répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux. Des moyens supplémentaires doivent être dédiés au plan « Enseigner à produire autrement ». Ils doivent faire l’objet d’une programmation pluriannuelle pour correspondre au projet stratégique 2022-2027.
Ces dernières années, l’EAT a connu nombre de rénovations ambitieuses. Souvent dans un laps de temps réduit. Cette course a créé stress et tension au sein des équipes pédagogiques et de direction des EPLEFPA. La CFDT plaide pour un accompagnement de qualité de ces réformes fait par le dispositif national d’appui et l’inspection. C’est une condition incontournable de leur réussite. Les enseignan.tes confronté.es à ces référentiels innovants ont besoin d’une vraie formation pédagogique pour pouvoir s’en saisir pleinement et adapter leurs pratiques d’enseignement. Souvent, l’approche par compétences qui forme le socle de ces rénovations est imparfaitement maitrisée, du moins pose questions.
Le ministre a pris note de ces remarques. Les réformes nombreuses doivent être planifiées et accompagnées. « Il est nécessaire d’appeler le sens et la méthode. La programmation pluriannuelle est un outil dont il faut s’emparer ».
Enseigner les langues régionales
La CFDT demande le renforcement de l’enseignement des langues régionales, en s’appuyant sur un partenariat avec l’Education nationale. L’attractivité de nos établissements en sortirait renforcée, ainsi que leur rayonnement au sein du monde rural. Les alsaciens, basques, bretons, corses, occitans apprécieront la proposition…
Inclusion…oui mais avec des moyens !
La CFDT est favorable à l’inclusion des élèves à besoins particuliers au sein de notre système éducatif. En revanche, elle dénonce le manque de moyens actuels bien en deçà des ambitions affichées. La situation des AESH doit évoluer. Les familles comme les enseigant.es portent cette demande, urgente.
Réponse du ministre : « les élèves en situation d’inclusion sont une priorité qui sera traduite dans le budget 2023. D’autre part, l’attractivité de l’EA repose sur le fait qu’il n’existe pas de distorsion de concurrence avec l’EN. L’enseignement des langues régionales trouve tout son sens dans cette assertion ».
Améliorer l’attractivité de l’enseignement agricole
La reconquête des effectifs élèves et le recrutement des apprenants et des étudiant.es est au cœur de l’action du ministère. Il faut également se préoccuper de celui des enseignants, des CPE et des personnels de direction. La réforme du concours de recrutement de ces agents représente un réel changement de paradigme. Le ministère devra mieux communiquer sur son offre de postes ouverts aux concours (actuellement peu visible voire invisible). Il doit mieux informer les éventuels candidat.es, notamment en étant actif sur les réseaux sociaux. Il convient de cibler une population large d’étudiant.es (ce pourraitêtre une des missions de l’adjoint SRFD que la CFDT propose de mettre en place dans chaque DRAAF).
La qualité de la formation dispensée à l’ENSFEA sera aussi un élément important, renforçant l’attractivité des postes ouverts par notre ministère pour ces nouvelles recrues. Actuellement, les postes ouverts ne sont pas tous pourvus, preuve de leur manque d’attractivité. La CFDT propose de faire systématiquement appel aux candidats sur liste complémentaire pour pallier ces manques.
Réponse du ministre : « la politique de reconquête des élèves est en train de porter ses fruits. Il faut poursuivre de manière soutenue les campagnes de communication initiées par le précédent ministre ».
Des personnels de direction à considérer
Il est urgent d’endiguer le désamour pour la fonction. Il faut mettre en place une vraie politique de recrutement et de suivi de carrière, mobilisant notamment le principe de l’égalité Femmes/Hommes. Nous assistons chaque année à une désaffection pour les postes de directeur.trice adjoint (D2) d’EPLEFPA. La CFDT propose que lors du prochain séminaire des personnels de direction, la mise en discussion des questions du bien-être au travail en définissant des actions à mettre en place en place pour étayer ces fonctions.
La CFDT propose de respecter la parité Femmes/Hommes sur les postes de Directeur.trices (D1) dans les emplois de groupe I et II (Arrêté du 14 novembre 2019 fixant le nombre des emplois d’encadrement de l’enseignement et de la formation professionnelle agricoles). Actuellement on trouve surtout en relégation des directrices dans le groupe III et dans les fonctions de D2.
Réponse du ministre : « la DGER a noté ces deux points, et une entrevue avec la conseillère permettra de spécifier les contours de ce sujet ».
Le mot de la fin pour le ministre
La CFDT compte sur l’engagement du ministre pour associer l’enseignement agricole à la grande consultation visant à promouvoir la réussite de tous les élèves et lutter contre les inégalités sociales, organisée par le ministère de l’Education nationale à la rentrée.
Réponse du ministre : il comprend ce souci de visibilité et de portage politique des enjeux de l’enseignement agricole. Il a annoncé travailler avec le ministre de l’Education nationale. Il donne son accord pour que l’enseignement agricole soit bien dans le périmètre du débat sur l’Ecole.
Enfin, le MASA devrait candidater au fonds d’accompagnement interministériel des ressources humaines. Il sert à « anticiper, concevoir, et accompagner les transformations RH au sein de la fonction publique ». La secrétaire générale du MASA a bien pris le point. Ainsi, « si le ministère de l’intérieur, Bercy et le MTE utilisent ce fonds, le MASA le peut également ».