Dans cette période de crise sanitaire, l’EPS est en adaptation permanente entre l’application des protocoles, et la réalité du terrain.
Cette situation ouvre certaines questions de gouvernance
A quel niveau doit se jouer le côté décisionnaire de ces adaptations ? A t-on besoin de directives nationales plus précises ? Le poids des IA-IPR doit-il être plus fort ? Celui du chef d’établissement ? Des équipes EPS ? Du prof ?
Cette période fait effet de loupe sur la nécessaire réflexion relative aux modalités de gouvernance les plus adaptées pour répondre aux besoins des élèves et des enseignant·es et garantir un maximum d’équité sur le territoire ?
Faire confiance au terrain…
Pour le Sgen-CFDT, les grands axes et lignes directrices doivent être donnés en amont et une confiance au terrain doit être apportée pour s’adapter au plus près des besoins. Les chefs d’établissement, qui se retrouvent, eux-aussi pris entre le « haut et le bas » doivent être conscients de ces enjeux, et coconstruire avec les équipes les modalités les plus adaptées.
Une des pires modalités de gouvernance serait de… faire croire que l’on doit se débrouiller sur le terrain, et à tout moment, amener des directives de là haut parfois contradictoires, ou irréalistes… Et/ou, amener des directives floues, mais exiger que l’on applique des choses strictes… Et c’est un peu le sentiment que certaines équipes ont pu avoir…
Conséquences à moyen et long terme dans l’application de l’EPS en temps de Covid
Il y a eu un positionnement plus fort de la part du gouvernement, pour ce deuxième confinement, de maintenir l’EPS dans les emplois du temps des élèves. Les discours étant ceux de la confiance envers les équipes etc… Mais avec de fortes restrictions, et des mesures quasiment impossibles à faire respecter (les deux mètres notamment), et sans la proposition de leviers d’action pour rendre ces contraintes viables (jusqu’à la décision quand même de dédoublement des classes pour les lycées).
Appliquer des directives dont les conséquences en terme d’organisation n’ont pas été anticipées…
Dès lors, les équipes ont :
- Soit le choix de les respecter et de limiter très fortement leurs propositions.
- Soit le choix de faire au mieux pour appliquer ces mesures, mais en acceptant de passer outre parfois, pour continuer de fonctionner. On peut observer aujourd’hui par exemple, des choix d’enseignants consistant à faire pratiquer les élèves avec masque, à intensité réduite (cela permettant de maintenir une forme de pratique impossible à distance), et à prévoir des temps de pause, sans masque, pour se ré-oxygéner… Alors même que le protocole invite à faire l’inverse,… sans anticiper les conséquences en terme d’organisation).
Cette période amène, et amènera son lot de conséquences
- Pour les élèves surtout : en termes d’hygiène / de temps de pratique / conséquences liées aux habitudes d’être constamment à distance de ses partenaires, de ne plus lire des émotions sur un visage, de moins faire ensemble…. Conséquence en terme de variété des pratiques (programmation limitées sur ces deux années) et d’acquisition. Et toutes les autres conséquences qui dépassent le champs de l’EPS, et qui seront essentielles à questionner bien sûr.
- Pour les équipes : en terme de santé / de qualités de travail / de fatigue / de stress…
- Pour les Associations sportives : en terme d’offres, de nombre de licenciés…
Le Sgen-CFDT a été reçu en audience dans le cadre d’une enquête parlementaire visant à mesurer et prévenir les effets de la crise sur les jeunes. Nous avons pu, à cette occasion exprimer nos constats, inquiétudes et nos convictions sur la place nécessaire de l’EPS à tous les niveaux de la scolarité, à tous les instants de cette crise, et encore plus pour la suite.
Des pistes, pour aujourd’hui, s’adapter à cette problématique Protocole / pratique de l’EPS
Le Sgen-CFDT soutient qu’il est nécessaire de mettre clairement des moyens pour faire face à cette situation, notamment si elle était amenée à perdurer après Noël :
- Des moyens humains pour les collectivités locales ⇒ pour l’entretien des installations permettant l’utilisation des sanitaires et vestiaires dans le respect du protocole de nettoyage,
- Des moyens humains sur le pôle des enseignants ⇒ pour garantir un encadrement compatible avec le maintien de la distanciation, et minimiser les temps inactifs pour les élèves (moindre effectifs parfois, co-intervention à d’autres moments, etc.).
Alors même que la priorité à l’activité physique est énoncée, on supprime des postes au concours…
Nous soulignons qu’alors même que la priorité à l’activité physique est énoncée, on supprime des postes au concours, et que les conditions d’enseignement dans le premier degré restent très compliquées (manque de temps, de formation, injonctions contradictoires, pressions…).
- Des moyens matériels ⇒ pour favoriser les pratiques à l’extérieur. Permettre à ceux qui en auraient besoin, l’attribution de bus pour se déplacer sur des espaces naturels, permettre la mise à disposition d’enseignants ou d’encadrants pour les sorties plein air etc .…
- Des moyens sanitaires ⇒ pour équiper de masques chirurgicaux tous les enseignants (qui sont face à des élèves sans masque), pour équiper, ceux qui en ont besoin d’amplificateurs de voix. Nous vous invitons à remplir des fiches RSST dès lors que vous estimez vos conditions de sécurité non remplies, et à échanger avec votre direction pour améliorer vos conditions de travail. Ces demandes peuvent être ensuite remontées au niveau départemental et académique.
- Des moyens pédagogiques ⇒ Pour obtenir du temps nécessaire pour échanger, co-construire, se former à de nouvelles pratiques, revoir les modalités des épreuves du bac etc.
De nombreuses questions subsisteront après la crise sanitaire.
L’enjeu n’est pas de penser la discipline uniquement au regard de cette crise sanitaire, mais de garantir à tous et toutes les conditions d’un enseignement de qualité. C’est aussi une occasion de réfléchir plus profondément à notre place au sein du système éducatif, et à la réalité de nos enjeux d’apprentissage.
En terme de moyens, nombreux seront les sujets qu’il faudra continuer de porter : les questions du temps de pratique de l’EPS de l’école à l’université ; la questions des infrastructures (nombre, qualité); la questions des recrutements, la questions des effectifs par classe ou groupe en EPS et/ou des modalités de co-intervention… ainsi que la question du soutien de l’UNSS.
Plus largement, c’est la place du corps, et l’épanouissement de tous les enfants qui est en jeu au sein de l’École.