Changeons le travail : paroles d'agents sur leur travail.
Rencontre et reportage à Champs-sur-Marne avec Mathieu Palerme, cuisinier au Crous de Créteil sur le campus de l'Upem - Université Paris-Est Marne-la-vallée et adhérent Sgen-CFDT.
Pouvoir parler de son travail, c’est vrai, c’est important.
Personnel ouvrier cuisinier depuis quatre ans et demi au Crous de Créteil, Mathieu, qui nous accueille un vendredi d’octobre (parce que le travail est moins dense en fin de semaine) dans les locaux de l’Arlequin, a suivi un CAP/ BEP puis un Bac pro par alternance et grâce à une dérogation de 11 mois car il n’avait alors que 15 ans. « Mais j’étais mûr pour me débrouiller seul, précise-t-il, je voulais me lancer, être indépendant. En CFA à Meaux, je ne m’ennuyais pas en cours, l’alternance (1 semaine d’école, 2 semaines de travail) me convenait bien. »
La passion pour la cuisine de Mathieu lui vient de sa famille et ce qui lui plaît particulièrement au Crous, c’est aussi le contact avec les étudiants : contrairement aux restaurants traditionnels dans lesquels il a travaillé (en semi gastronomie), « on n’est pas enfermé dans sa cuisine, il y a un vrai face à face. Je suis un être sociable, j’aime bien être au contact d’un public : cuisinier, oui, mais pas isolé. »
Le décor est très vite planté par notre hôte : la journée de travail se déploie de 7h à 15h30, avec bien sûr le temps fort du service dès 11h30, jusqu’à 14h : « la distribution des repas aux étudiants, il faut que ça débite, nous disposons d’’une minute maxi par personne, servir une assiette, c’est 10 – 15 secondes. Le manque de personnel se ressent au niveau du service de restauration. Il y a environ 900 étudiants sur ce campus, 3 cafétérias et deux restaurants. C’est ce qu’on appelle le flux tendu, non ? L’ambiance est plutôt bonne dans l’équipe (deux cuisiniers, une dizaine de personnes dans le service) : c’est important de bien s’entendre avec ses coéquipiers, avec tout le monde. »
Et les relations au travail ?
Nous arrivons à discuter, nous avons des réunions avec la responsable de service, il y a un dialogue : nous pouvons aussi demander une réunion lorsque quelque chose nécessite une mise au point, un échange. Ce sont de petites réunions de travail qui peuvent durer, c’est selon, de 15 minutes à une heure. Après le service. Nous discutons beaucoup aussi entre nous. Pouvoir parler de son travail, c’est vrai, c’est important. Pour cela il faut un minimum de cadre. Il faut pouvoir dire les choses, et surtout ne pas les déformer. Ça ne peut que mieux passer en parlant.
Pourquoi avoir adhéré à la CFDT ?
Les collègues en général écoutent quand on leur parle de ce que peut apporter le syndicat. Par exemple lorsque Delphine (militante Sgen-CFDT et représentante des personnels), est venue nous donner une information concernant la mobilisation de toutes les fonctions publiques du 10 octobre. Ils écoutent, ils sont d’accord, mais au final peu s’engagent. C’est aussi par crainte de s’afficher je pense, par crainte de se mettre en avant.
Il y a deux ans, j’ai eu besoin d’aide et de soutien et j’ai trouvé le Sgen-CFDT, notamment en la personne de Delphine. J’ai eu besoin de parler de relations de travail difficiles à vivre alors que j’avais envie de faire mon travail correctement. Et j’ai trouvé des réponses, un soutien. C’est important. J’ai adhéré un peu plus tard. Aujourd’hui, je peux aussi être un relais et faire remonter au syndicat des difficultés, par exemple récemment concernant la situation des collègues contractuelles, le paiement des emplois-jeunes.
Qualité de vie au travail
En creusant un peu la question des conditions de travail et du bien-être au travail avec Mathieu, on s’aperçoit également que les outils qui sont mis à dispositions de tous les agents, pas seulement les responsables ou les professionnels de la sécurité, ne sont pas vraiment connus, ni utilisés. Santé au travail, registres de santé et de sécurité, rôle du CHS-CT. Le campus est en travaux pour 3 ans, avec des réaménagements importants, une transformation de l’immobilier et des espaces. Ces travaux qui entourent l’ensemble du Crous, vont durer. Il y aura de quoi faire pour quelques années en terme d’information et d’attention à la qualité de vie au travail.
Après avoir vivement remercié Mathieu pour son accueil, nous rencontrons deux étudiants en Master 1 par alternance, Charles et Cédric, qui tiennent un stand face à l’entrée de la cafétéria, dans les espaces de repos et de convivialité liés au Crous. Ils acceptent de répondre à quelques questions. « Le Crous ? Bien sûr que c’est important. C’est toute la vie du campus entre midi et 14h. Et ce n’est pas cher ! À l’IUT de Sénart, par exemple, que nous avons fréquenté : il n’y a rien autour, et si on veut manger, il n’y a que le Crous… De nombreux ouvriers qui travaillent sur des chantiers à proximité peuvent également en profiter. »
De l’utilité d’un service public en somme…
Pour aller plus loin :
- Quoi de Neuf – Journal des adhérent·es du Sgen-CFDT d’Île de France N°41 – Octobre 2017 – Dossier : MÉTIERS INVISIBLES, VISIBILITÉ DES MÉTIERS.
- Vie de campus : s’engager pour que chacun.e trouve sa place