La crise du COVID-19 impose des modifications importantes des modalités de contrôle des connaissances dans les universités. Quelles sont les idées fortes qui doivent guider ces adaptations ?
Ne pas empiéter sur les vacances d’été
Tout d’abord, il faut avoir clairement en tête que la situation est exceptionnelle, et qu’il est donc impossible de trouver une solution totalement satisfaisante, équivalente à une période de non-crise.
Il faut donc accepter des solutions de moindre mal, qui représentent les meilleurs compromis possibles compte tenu des contraintes qui sont les nôtres.
La période en cours est particulièrement éprouvante, tant en termes de stress que de difficultés d’organisation, avec quelquefois pour les personnels : un travail à distance qui se surajoute à la présence et l’encadrement scolaire de leurs enfants. Pour permettre une reprise en septembre dans de bonnes conditions, il faut donc éviter d’empiéter sur les vacances d’été, pour compenser le confinement actuel. Et ceci d’autant plus que certain·es étudiant·es ont impérativement besoin de travailler pendant les grandes vacances pour financer leur année universitaire.
Il nous semble également important que les nouvelles organisations mises en place n’aient pas d’impact sur la prochaine rentrée universitaire, ne serait-ce que parce que certain·es étudiant·es peuvent vouloir changer d’université, et des examens en septembre leur rendrait ce changement très difficile.
Être attentif à ne pas creuser les inégalités
Ces modifications de modalités de contrôle des connaissances (MCC) excluent pour nous la possibilité de valider les unités d’enseignement du second semestre par des notes uniformes.
En effet, une part importante de ce semestre avait déjà eu lieu quand le confinement a débuté. Ensuite, un diplôme représente des compétences qui doivent être acquises à la fin d’une année : attribuer à tous une note qui validerait l’ensemble des unités sans réel contrôle des connaissances reviendrait à nier le rôle des formations dans la construction de ces compétences.
Mais bien sûr, il faut être attentif à ne pas creuser les inégalités (liées en particulier aux difficultés de connexion, aux zones blanches, aux besoins de forfait internet et aux difficultés financières que cela peut représenter, ces difficultés financières pouvant d’autre part avoir des implications directes fortes : difficulté à s’alimenter, etc).
Neutraliser la période de formation correspondant au post-confinement (à partir du 16 mars).
Dans ces conditions, il peut donc être important de neutraliser la période de formation correspondant au post-confinement (à partir du 16 mars).
Cette solution permet d’annuler l’impact éventuel des conditions de connexion sur le suivi des enseignements, et la difficulté à suivre un cours à distance monté en urgence. Il ne s’agit pas ici de mettre en cause l’implication des collègues, qui ont très largement répondu à l’appel à la continuité pédagogique, mais simplement de prendre en compte le fait que monter un cours en ligne demande du temps, une réflexion pédagogique différente du cours en présentiel, et cela ne se fait pas donc pas du jour au lendemain.
Privilégier un travail collectif au niveau des équipes en concertation avec les directions des UFR et de l’établissement
Il est aussi nécessaire de simplifier les modalités d’évaluation, pour ne pas surcharger les étudiants en multipliant tous les contrôles.
Autrement dit, il faut éviter que les examens (en contrôle continu ou terminaux) ne deviennent chronophages.
Fusionner les épreuves d’une même UE, par exemple, peut contribuer à cette simplification.
Pour nous, enfin, les équipes pédagogiques sont les mieux placées pour réaliser les meilleurs compromis possibles en termes d’organisation de ces examens, en étant attentif à la qualité du diplôme, tout en respectant le principe de bienveillance pour les étudiant·es et le principe d’équité.
Il faut donc qu’il y ait un travail collectif au niveau des équipes, pour décider de ces nouvelles modalités, au niveau des UFR, et au niveau des établissements.
Les enseignant·es ne peuvent se retrouver isolé·es pour construire ces propositions. D’une part, sans élément a minima pour les aider, une telle démarche serait extrêmement anxiogène, et il n’est nul besoin de rajouter du stress dans la période actuelle. D’autre part, sans vision collective, il est vraisemblable que la charge de travail soit intenable pour les étudiants. Il est donc nécessaire de développer une vision concertée, collégiale, de ces examens.
La dernière étape de ce processus, c’est bien sûr la validation par la CFVU, qui doit voter ces nouvelles MCC. Si l’ordonnance du 27 mars 2020 donne bien au président le pouvoir de les valider seul, cette possibilité n’est prévue que lorsqu’il est strictement impossible de réunir la CFVU, même de manière dématérialisée.
Le Sgen-CFDT demande donc que, sauf en cas d’impossibilité matérielle constatée, les instances concernées (et en particulier la CFVU) soient consultées sur les modifications des modalités de contrôle des connaissances.
Un engagement de l’ensemble des personnels
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que cette réorganisation implique l’engagement de l’ensemble des personnels : conception des MCC par les équipes pédagogiques, formalisation et saisie des épreuves par les services de scolarité, mobilisation pour contacter les étudiants (en particulier pour éviter une amplification du décrochage des L1)…
Ce travail exceptionnel et particulièrement important doit AUSSI être reconnu et valorisé.