Le ministre lors d'une visio-conférence le 10 janvier 2020 a échangé avec les personnels de direction membres des groupes académiques de contact "Blanchet" au sujet notamment des E3C. Le Sgen-CFDT a insisté sur les nombreuses missions du métier et leur nécessaire reconnaissance.
C’est par la voix de Laurent Le Drezen, commissaire paritaire national et membre du groupe Blanchet de l’académie de Nice que la parole des personnels de direction du Sgen-CFDT a été portée.
Au delà de la problématique des E3C et des conditions complexes dans lesquelles elles devront se dérouler, le Sgen-CFDT est revenu sur des points saillants du courrier que M. le Ministre venait de leur adresser. Courrier du ministre de l’Éducation nationale à la secrétaire générale du Sgen-CFDT – 6 janvier 2020
Déclaration du Sgen-CFDT
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi au nom de tous les adhérents et sympathisants de vous souhaiter une excellente année 2020 à titre personnel et pour vos proches et de formuler des vœux de réussite pour l’ensemble des élèves et du système éducatif.
Le Sgen-CFDT vous remercie pour cette visio-conférence nationale, qui réunit l’ensemble des groupes Blanchet, mais également pour votre courrier envoyé ce lundi 6 janvier aux 3 organisations syndicales représentatives des personnels de direction.
Cette démarche comme cette réponse, attendue avec impatience, répond en partie à nos nombreuses sollicitations.
La temporalité et l’objectif opérationnel que vous fixez à présent pour 2021 nous semble indispensable. Nous sommes donc très favorables à la conduite et à la poursuite des discussions en Groupe de Travail Ministériel.
La prime exceptionnelle que vous consentez face à la surcharge de travail que génère la réforme du lycée est un geste entendu. Celui-ci ne peut cependant dissimuler certains désaccords comme notre désapprobation du taux de promotion pour la hors classe que nous jugeons trop faible.
La recherche de simplification et de cohérence de nos missions pour de meilleures conditions de travail est également un signe encourageant mais qui ne doit pas être uniquement lié aux outils d’évaluation de l’établissement tant la liste des éléments à améliorer est longue. Notre travail pédagogique est trop souvent empêché par une ergonomie et fonctionnalité défaillantes des logiciels, notamment ceux indispensables à la mise en place des E3C, sans parler d’un certain nombre d’enquêtes dont la justification est inepte compte-tenu des données accessibles par vos services. Mais la liste, monsieur le ministre, n’est pas exhaustive et demandera une mise à plat de l’organisation de l’ensemble de nos tâches et de nos missions.
Votre volonté affichée de faire évoluer nos traitements indemnitaires est effectivement indispensable, tant notre métier a muté ces dernières années que ce soit sur le plan des charges de travail ou des responsabilités juridiques ou financières. Cependant nous vous rappelons que sur le sujet de IF2R nous militons pour une refonte totale de ce système que nous jugeons inefficace et insuffisant.
Cependant ce temps d’échange nous permet de vous réaffirmer le grand malaise qui ne cesse de croître chez l’ensemble de nos collègues.
En effet la conduite des réformes ces dernières années et particulièrement votre réforme du baccalauréat et de la voie professionnelle repose pour l’essentiel sur l’investissement des personnels de direction. Ils ont dans une parfaite loyauté, répondu à vos instructions bien souvent en faisant face à de nombreuses oppositions. Depuis 2 ans nous devons conduire ces changements dans des climats sociaux très compliqués. De nombreuses équipes de directions ont dû faire face à des blocages et des actes de violences. Cette année encore pendant 3 semaines, pour beaucoup d’entre nous les journées ont commencé à 6 heures du matin pour finir bien souvent après 20 heures dans des états de tensions importants. Ceci est notre quotidien. Sur le terrain nous devons aussi convaincre au-delà des personnels les parents, et surtout rôle essentiel rassurer les élèves sur la conduite de la réforme. En ce moment même dans de nombreux lycées sur l’ensemble des territoires, des enseignants appellent au boycott des E3C, de bac blanc, ou de participation à l’accompagnement à l’orientation. Ils le revendiquent auprès des usagers créant de la crainte et de la confusion. C’est encore à nous qu’il appartient de faire face et de rassurer. L’épuisement et le sentiment de ne pas être assez reconnu quant à notre engagement est largement partagé par tous.
Vous nous annoncez une discussion sur le recalcul des indemnités liées au nouveau baccalauréat. Pour nous la ligne rouge serait franchie s’il était au final question de les baisser notamment dans le cadre du contrôle continu. En fait la charge de travail des adjoints et la responsabilité juridique du chef de centre ne font que croître. Elles doivent donc être augmentées et mieux réparties.
Concernant les points plus techniques de la mise en place des réformes et de l’organisation des évaluations, nous redisons encore notre profond regret que nombres de réponses ne soit données que tardivement, que des choix pédagogiques comme la mise en place de groupes de compétences en mathématiques ou encore l’introduction d’une nouvelle spécialité en anglais, ne soient pas clairement énoncés et largement diffusés à l’ensemble de la profession.
Les équipes de direction passent leur temps à s’adapter au dernier moment, à relayer les informations en urgence, à rassurer les usagers.
Une anticipation et une temporalité suffisantes sont pour nous, la garantie d’un travail de qualité qui se réalise dans un climat et participe de la réussite de votre réforme au profit des élèves qui nous sont confiés.
Nous l’avons dit et écrit à maintes reprises, nous sommes favorables à un baccalauréat général comme technologique simplifié où les épreuves ponctuelles ne sont pas seules déterminantes. Le Sgen-CFDT en profite pour vous rappeler ici sa volonté d’un contrôle continu par la prise en compte du bulletin à hauteur de 40%.
Mais la mise en place des réformes du lycée n’est pas la seule actualité des personnels de direction. La mise en place des PIAL, des UFFA, des cités éducatives, le développement des téléservices pour les campagnes d’orientation comme d’affectation sont autant de dossiers que les personnels de direction. Les personnels de direction Sgen-CFDT soutiennent l’intention d’un meilleur service aux usagers, d’une école plus inclusive et d’un développement de l’apprentissage des jeunes plus opérant mais tous ces sujets Monsieur le ministre, demande du temps dans les établissements pour permettre aux équipes de s’approprier de nouveaux fonctionnements aux services de la réussite des élèves.
Anticipation, communication, réalisation, analyse, remédiation et évaluation sont les éléments d’une action réussie dans nos établissements mais plus largement pour toutes celles que nous menons dans nos divers territoires. C’est de ce temps monsieur le Ministre dont nous avons besoin pour refaire institution avec les équipes enseignantes et éducatives et faire le pari avec vous d’élever le niveau de tous nos élèves mais également d’en faire des citoyens avertis.
Nous savons combien vous partagez ces vœux pour notre jeunesse et pour tous les personnels de l’Education nationale qui les accompagnent aux côtés des personnels de direction, aussi au nom du Sgen-CFDT, Monsieur le ministre, je vous remercie de votre attention.