La réforme du collège se met en place dans les établissements au prix d'un investissement important de tous les personnels.
Jean-Marie Krosnicki, DASEN-Adjoint, chargé du suivi de la réforme du collège dans le département du Rhône fait le point sur les premiers pas de la réforme dans son département
« L’élément de force de la réforme, c’est l’autonomie accrue qui est accordée aux enseignants. »
Quelles marges d’autonomie ont été, et seront octroyées aux collèges du département du Rhône ?
A la rentrée 2016, tous les collèges du Rhône ont reçu des dotations générées à la fois par la réforme et par les caractéristiques du collège. En effet, aucun collège n’a connu de baisse de sa dotation. C’était un engagement fort de la ministre.
A la rentrée prochaine, pour différencier les dotations, nous nous appuierons sur un outil académique : le classement social des établissements de l’académie de Lyon. Au-delà des collèges classés en REP, nous continuerons à différencier et à moduler nos dotations en fonction de ce classement.
Comment mesurez-vous les évolutions pédagogiques des équipes enseignantes ?
Le groupe académique de pilotage de la réforme a tenu à s’informer précisément du niveau d’engagement et de mise en œuvre de la réforme dans les établissements. Tous les chefs d’établissement ont été interrogés à l’aide d’un questionnaire dématérialisé. Des observations croisées sont réalisées dans un panel de collèges par des IEN, des IA-IPR et des Chefs d’établissement qui se déplacent ensemble. Les premières visites permettent de constater que l’on va vers plus de différenciation et que l’évolution des pratiques s’est engagée.
Il est également constaté que la mise en œuvre de la réforme s’effectue au prix d’un investissement important des personnels dans les établissements.
La continuité école-collège se développe-t-elle dans le sillage des objectifs de la réforme ?
Cette continuité d’enseignement doit devenir une continuité d’apprentissages. L’objectif est de faire travailler ensemble, sur des contenus disciplinaires, les enseignants des deux niveaux. Il s’agit de permettre de faire fonctionner des groupes de travail au sein des conseils « école-collège ». Pour cela, les relations entre les IEN et les principaux se multiplient et sont encouragées. L’an dernier, les IEN du premier degré ont participé à toutes les formations engagées sur le second degré et cette année, les formations autour du cycle 3 seront pilotées conjointement par des IEN, des IA-IPR, des principaux et des formateurs.
Comment s’effectue l’accompagnement de ces premiers pas de la réforme ?
Le comité stratégique académique assure un suivi particulier des établissements et des équipes qui rencontrent des difficultés. Nous diffusons et publions des exemples de bonnes pratiques et d’expérimentations réussies. Nous encourageons les formations d’initiatives locales (FIL) qui se construisent à partir des besoins identifiés du terrain.
Constatez-vous encore des points de tension et au contraire des avancées significatives dans ce début de mise en œuvre de la réforme ?
La mise en œuvre du changement demande des efforts et un travail spécifique, ce qui a été fait de façon professionnelle par les enseignants. A ce titre, certains ont exprimé une certaine forme de fatigue à la fin de la période. Il convient également de saluer le travail effectué par les chefs d’établissements, notamment en ce qui concerne la confection des emplois du temps.
Il est quand même à noter une forme de complexification pédagogique pour des élèves qui ont parfois plus d’intervenants qu’auparavant. Cela est vrai pour les élèves qui entrent en SEGPA ; nous allons être très attentifs à ces situations.
A l’occasion de cette réforme, une nouvelle dynamique s’est engagée entre le 1er et le 2nd degré en raison de la place que les IEN peuvent désormais prendre au collège ; les échanges entre personnels de direction et corps d’inspection s’en trouvent renforcés.
Mais l’élément de force de la réforme, c’est l’autonomie accrue qui est accordée aux enseignants. Elle demande de leur part une nécessaire responsabilisation dans la prise en compte des besoins des élèves et de l’articulation des enseignements au collège.
On peut dire dans cette perspective que les premiers pas de la réforme sont très encourageants.
Le Sgen-CFDT qui a soutenu la réforme du collège, accompagne tous les collègues sur le terrain et les encourage à s’emparer de l’autonomie que permet la réforme.