Alors que dès le mois de septembre plusieurs syndicats académiques du Sgen-CFDT signalent que des classes sont sans professeurs pour plusieurs mois, la fédération a alerté le ministère, mais aussi le gouvernement et la présidence de la République.
Une pénurie qui affecte toutes les professions de l’enseignement public
Éduquer, former les jeunes, c’est préparer l’avenir de notre société. Cette mission essentielle est assurée par des femmes et des hommes qui exercent des professions différentes à l’Éducation nationale : enseignement, accompagnement social et médical ou de santé, administration, encadrement.
Or, la pénurie est désormais partout.
Le sous-investissement chronique dans l’éducation, les revirements incessants de politique éducative laissent un système éducatif exsangue.
Un peu plus d’un mois après la rentrée, les personnels de l’Éducation nationale constatent que l’institution scolaire est fragilisée comme jamais.
Des élèves privés d’enseignement pour des raisons budgétaires
Pour des raisons budgétaires et comptables, on préfère ne pas réemployer des personnels dont on connaît les compétences, quitte à ce que des élèves soient privés durablement de l’enseignement auquel ils ont droit.
Est-ce cela une politique de la réussite éducative pour tous ?!
Pour qu’il y ait des enseignants dans les classes, les rectorats doivent recourir plus que par le passé à des professeurs contractuels, en particulier dans le premier degré, souvent sans pouvoir les former avant la prise de poste.
Dans certaines académies, l’injonction comptable à ne pas recruter « trop tôt » des non-titulaires conduit à se priver d’enseignants contractuels qui ont été formés, accompagnés depuis plusieurs années. C’est le cas notamment dans les académies de Créteil et de Versailles.
Dans ces académies, les militantes et militants du Sgen-CFDT constatent que nombre d’heures de cours ne sont pas assurées : les remplacements qui ne sont pas prévus pour durer jusqu’à début ou fin décembre ne sont pas assurés du tout.
Une pénurie organisée qui s’installe durablement et inexorablement ….
- Ce sont des élèves qui n’ont pas eu cours d’anglais, de français, d’économie-gestion parfois depuis la rentrée scolaire.
- Ce sont des personnels de direction qui ne savent que répondre aux enseignants, aux élèves, aux parents d’élèves qui les interrogent.
- Ce sont des personnels d’inspection, des personnels administratifs interdits de recruter et donc contraints de laisser se dégrader le service rendu à la population, alors qu’ils connaissent des enseignants contractuels ayant déjà travaillé au service de l’éducation nationale.
Une institution privée d’organisation administrative et qui ne peut plus fonctionner
Une institution scolaire exsangue, cela se traduit aussi par le fait que les personnels des services administratifs sont trop peu nombreux pour pouvoir réaliser leur travail.
Les 600 suppressions de postes administratifs du début du quinquennat pèsent lourd alors que des créations de poste de professeur des écoles, d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, des réformes impliquent une charge de travail accrue.
L’Éducation nationale n’est pas administrée par une sorte de main invisible, mais bien par des personnels administratifs dont les conditions de travail se sont considérablement dégradées ces dernières années.
Le Sgen-CFDT n’a eu de cesse, depuis de nombreux mois, d’alerter le ministre sur ces pénuries.
Il ne s’agit pas uniquement de manques dans l’organisation du travail ou dans les outils numériques, mais bien du manque d’agents pour pouvoir assurer sereinement et pleinement les missions.
Cette année, les difficultés de gestion sont telles que dans plusieurs académies de nombreux agents contractuels n’ont pas été payés en septembre, recevant début octobre une avance sur salaire… après avoir travaillé tout le mois de septembre.
Une pénurie alimentée par les départs des agents
Dans un tel contexte, notre ministère va continuer de perdre des compétences précieuses.
Nous constatons que des assistants d’éducation, des AESH démissionnent, ne renouvellent pas leurs contrats. Nous sommes de plus en plus sollicités par des personnels titulaires, dans tous les métiers, qui demandent un accompagnement syndical pour quitter l’Éducation nationale.
La priorité à l’éducation, à la préparation de l’avenir doit se traduire aussi bien dans le budget que dans une meilleure organisation du travail de celles et ceux qui travaillent avec et pour les élèves.
Cela suppose de mieux rémunérer et reconnaître le travail, cela suppose de reconnaître qu’éduquer, contribuer à l’émancipation, à l’élévation du niveau de qualification et à la réduction des inégalités repose sur des moyens humains. Ces questions sont urgentes et cruciales pour préparer l’avenir.