Tout effort de revalorisation des rémunérations est à considérer. Celle qui s'annonce pour les personnels ITRF des services déconcentré en fait partie. Elle ne règle cependant pas le problème de tension de ces métiers, et encore moins la problématique des rémunérations pour l'ensemble de la filière.
Le ministère a présenté, le 1er avril, une revalorisation de l’IFSE des informaticiens des DSI des services académiques. Le Sgen-CFDT alerte depuis nombreux mois sur le réel problème d’emploi et de reconnaissance des métiers pour ces personnels.
Tous les personnels ITRF, et pas seulement ceux des DSI, doivent voir leur indemnitaire augmenter
Néanmoins, la question des rémunérations par la revalorisation de l’indemnitaire, mais aussi par une revue des grilles indiciaires et des possibilités d’évolution professionnelles se pose pour tous les ITRF. Les revalorisations indemnitaires ne sauraient être en deçà de celles de la filière administrative.
Que l’on soit ITRF sur d’autres missions que celles du numérique dans un Rectorat, ITRF en laboratoire dans un EPLE, ITRF dans un établissement du sport, à l’administration centrale ou dans l’enseignement supérieur… le niveau indemnitaire doit rejoindre celui de l’ensemble de la fonction publique à catégorie équivalente. Les 12 millions d’euros annoncés par la Loi pour la Recherche (LPR) dans l’enseignement supérieur et la recherche n’y suffiront pas.
Le ministère a pris l’engagement d’avancer sur cette dimension de manière globale en 2023. « Ce n’est pas un solde de tout compte, ce n’est qu’un début » a-t-il indiqué. Le Sgen-CFDT y sera très attentif et saura le rappeler.
En quoi consiste cette première revalorisation
Ce qui est proposé s’appliquera de manière rétroactive au 1er janvier 2022.
Le ministère annonce une revalorisation moyenne brute de 1100€ pour les seuls informaticiens des DSI des services académiques.
Au vu du retard indemnitaire des personnels ITRF, que la petite revalorisation triennale avait ignoré, de l’écart entre académies à l’heure des Services Interacadémiques, des revalorisations fortes des catégories A administratifs, du retard accumulé sur les moyennes indemnitaires de la fonction publique, c’est un premier petit pas.
À quoi correspond cette moyenne ?
Il s’agit bien d’une moyenne. Les gains minimaux et maximaux n’ont pas été communiqués. Or, le mode d’attribution de revalorisation présenté laisse entendre une variabilité selon les catégories, les corps et les métiers, ainsi que selon les académies au sein des régions académiques.
Une première partie, estimée à 800€ en moyenne, vise à augmenter l’IFSE pour rapprocher les rémunérations du « référentiel de rémunération des 56 métiers de la filière numérique et des systèmes d’information et de communication ». Ce référentiel a pour objectif de donner des indications sur la rémunération des contractuels afin d’être proche des niveaux de salaire du privé et d’augmenter les capacités à recruter.
Une seconde partie, de 300€ en moyenne, vise à favoriser le rapprochement des IFSE entre académies au sein des régions académiques et donc des SIA. L’alignement se fera au mieux disant en considérant les montants par catégorie d’emploi. Cette partie ne devrait pas concerner les régions académiques « mono-académie ».
Ce qu’en pense le Sgen-CFDT
Outre le fait qu’on ne serve que les informaticiens des DSI, de nombreuses questions se font jour. Et toutes sont loin d’avoir trouvé réponse dans la réunion avec le ministère.
- Le niveau de revalorisation proposé ne peut être qu’une première étape. En effet, par exemple entre agents de catégorie A, la revalorisation accordée dans la filière administrative est 3 fois plus élevée que celle accordée aux ITRF.
- Une partie des grandes différences entre le public et le privé se joue notamment sur les premières années de carrière. Ne faut-il pas revoir les grilles indiciaires pour progresser plus vite les premières années ?
- La revalorisation au sein des régions académiques vise à reconnaître à la même hauteur une même fonction exercée dans deux académies. Le Sgen-CFDT a demandé que cela s’applique aussi aux équipes de mission nationale. L’IFSE de ces agents doit aussi être alignée par le haut.
- Le passage au RIFSEEP a figé l’ancienne prime de fonction informatique (PFI) dans l’IFSE. Le Sgen-CFDT a alerté dès la mise en place du RIFSEEP des difficultés que cela pose : iniquité de prime entre agents et tassement à long terme. Comment considérer la garantie indemnitaire dans l’IFSE ? Comment revoir les grilles d’IFSE et le classement dans les groupes, dans les académies où la cartographie des ITRF de BAP E est identifiée de manière hétérogène ?
Rendre attractifs les postes de fonctionnaires
- La revalorisation proposée ne résout en rien la question des tensions entre rémunération des fonctionnaires et rémunération des contractuels ou des prestataires externes. En s’appuyant sur le référentiel de rémunération de la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) on tente de rapprocher les niveaux de rémunération. Mais la manière dont cela peut s’articuler n’a pas été présentée. Les montants affichés dans le référentiel sont issus du privé. Or, la rémunération des fonctionnaires s’appuie sur l’indiciaire et l’indemnitaire. Dès lors comment articuler le tout ? Doit-on prendre en compte l’ancienneté comme l’affiche le référentiel ? Dans ce cas doit-on avoir un indemnitaire qui dépend de l’avancée dans la carrière ? Ce sujet concerne les informaticiens mais pas que.
- Les conditions de travail sont aussi à l’origine de départ de collègues vers d’autres lieux de travail. Le Sgen-CFDT demande depuis plusieurs mois des discussions sur ce sujet.
Au-delà de l’indemnitaire
- Il faut poser la question du reclassement lorsqu’on arrive dans le métier en tant que titulaire.
- En lien avec les discussions pour les ITRF de l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, la part des postes d’IGR au regard de ceux d’IGE doit augmenter ; les ITRF du MENJS doivent mieux pouvoir dérouler leur carrière.
- Les agents doivent être accompagnés pour évoluer dans leur métier et se positionner sur des postes qui les intéressent.
- D’autre part, le Sgen-CFDT demande l’augmentation des taux d’indemnisation des astreintes et permanences. Celles-ci sont devenues plus importantes dans les DSI au cours des dernières années.
- Il faut limiter le recours aux contractuels et permettre un accès au statut de fonctionnaire.
- Dans certaines équipes, le nombre de prestataires externes est important et interroge la maîtrise dans la durée des connaissances métiers et la maîtrise des systèmes d’information.