Alors que le Ministre parle sans cesse de son objectif de 100 % de lecteurs en fin de CE1, un collectif de professionnels et d'organisations syndicales vient dénoncer dans un 4 pages la pression mise sur les enseignants pour utiliser la méthode syllabique. Lire, c'est aussi comprendre !
Pour le Ministre, tout se joue pour l’enfant entre 5 et 7 ans, et notamment en matière d’apprentissage de l’acte de lire. Pour le Ministre, lire c’est déchiffrer de façon syllabique un mot. Mais pour les enseignants en France, c’est bien d’autres choses car accéder au sens est tout aussi fondamental.
Un collectif de professionnels et d’organisations syndicales dénonce la méthode unique « Agir pour l’école », qui se retrouve plus ou moins directement dans ce qui est proposé par le Ministre. Pour cela, un dossier à destination des parents et des enseignants a été réalisé.
Une méthode syllabique qui dénie la professionnalité des enseignants
Le Sgen-CFDT l’a dénoncé à plusieurs reprises – mais le « Guide orange » et les injonctions permanentes faites aux enseignants sur l’apprentissage de la lecture tendent à promouvoir une seule méthode : la méthode syllabique comme seul vecteur d’accès à la lecture. Dès lors, on impose aux enseignants la nécessité de travailler deux sons par semaine, en leur disant même quand positionner dans leur semaine les séquences d’apprentissage de la lecture. À quand alors un emploi du temps déterminé par le Ministre, qui a l’illusion de croire que tous les enseignants feront la même séance au CP au même moment sur tout le territoire ? Les enseignants sont des cadres A parfaitement capables de concevoir leur méthode pédagogique pour permettre aux enfants d’acquérir les compétences nécessaires à l’acte de lire. C’est le fondement même de leur métier. Il convient donc que le Ministre leur fasse réellement confiance, au lieu de seulement le proclamer dans les médias.
Une méthode syllabique qui fait du sens un élément accessoire !
Seul l’acte de décodage est considéré par ce Ministère comme important. Pourtant, tous les enseignants le savent, décoder n’est qu’une étape, certes nécessaire, mais elle doit se faire parallèlement à l’accès au sens. Lire ne sert à rien si l’élève n’est pas capable de comprendre ce qu’il est en train de décoder. C’est cet accès au sens qui fera de lui un citoyen à part entière capable de penser par lui-même. Or, une vision très début du 20ème Siècle de notre Ministère nie tous les progrès et les recherches effectuées par les différents courants pédagogiques au seul profit d’une seule vision : les neurosciences – et encore, une infime partie de ce courant.
Les enfants sont différents et n’apprennent pas tous au même rythme
La création des cycles en 1989 visait à construire une progressivité des apprentissages des élèves sur une période de trois ans. La mise en place de repères annuels et la notion de 100 % de réussite au CP viennent en contradiction avec cette notion de cycle. Tous les enseignants le savent, les élèves apprennent à des rythmes différents. Si certains savent lire en entrant au CP, d’autres n’acquerront l’acte de lire qu’à la fin de leur CE1. Les enseignants, en bons professionnels, mettent en place des parcours adaptés aux besoins des élèves. Les repères annuels, ressentis comme des injonctions par les personnels, ne vont pas dans ce sens. La volonté d’autre part de faire de la Grande section un mini CP ne va mettre que plus de pression là où les élèves, les enseignants ont besoin de souplesse et d’adaptation.
Un dossier pour tous : enseignants et familles
Le dossier à télécharger ci-dessous, auquel le Sgen-CFDT a contribué, pose les bases d’une autre vision de l’acte de lire et redonne la parole aux « pédagogistes ». S’en emparer, c’est aussi se donner les moyens de penser autrement et de continuer à construire sa propre pédagogie. C’est aussi un support pour expliquer aux familles ce qu’est « apprendre à lire pour un enfant ». Au delà de la lecture, c’est la vision globale de l’enfant, de l’élève qui est interrogée. L’école, en effet, ne se limite pas au lire, écrire, compter, comme voudrait nous faire croire actuellement le Ministre.