Comment développer la mixité sociale et scolaire dans les différentes voies du Lycée et construire des parcours favorisant une insertion professionnelle réussie ? Les propositions du Sgen-CFDT...
Le lycée connait aujourd’hui une ségrégation sociale entre ses différentes voies qui enferment les élèves dans une structure tubulaire.
Pour développer la mixité sociale et scolaire, tous les élèves doivent être accueillis en un lieu partagé, mais avec des temps distincts d’enseignements par modules, et des temps communs, de façon à offrir à la fois une variété de modalités de formations et un corpus unique, ciment du vivre-ensemble au sein d’une société démocratique.
Après le temps du socle pour tous, chaque élève doit pouvoir expérimenter divers contenus et pratiques pour ensuite construire un parcours adapté en vue d’une insertion professionnelle réussie. C’est en choisissant des modules variés, de façon progressive et cumulative, avec la possibilité de cheminements divers, de stages, d’approfondissements et de remédiations qu’il pourra s’inscrire dans un continuum bac–3/bac+3.
Chaque lycéen disposera, pour un tel parcours, d’un compte personnel d’accompagnement (CPA) abondé selon ses besoins. Il est possible de créer rapidement une classe commune de seconde générale, technologique et professionnelle en tirant les leçons des premières expérimentations menées en Alsace.
D’UN BAC-OBSTACLE À UN BAC-PASSEPORT
Rituel incontournable, ce premier diplôme universitaire qui mène officiellement aux études supérieures, sert aujourd’hui essentiellement à bloquer les recalés. La multiplicité et la lourdeur de ses épreuves reviennent à certifier les compétences et surtout les connaissances acquises dans les nombreuses disciplines étudiées.
Le Baccalauréat contraint pourtant toute l’organisation pédagogique des lycées, impose une pression continue sur les personnels et les élèves, et se conclut par une semaine pénible d’examens alors que l’orientation est déjà décidée par les résultats obtenus en contrôle continu.
Transformer ce bac-obstacle en un bac-passeport pour le supérieur donnerait une coloration au parcours effectué par la validation de divers modules. Il prendrait mieux en compte les aptitudes et les gouts des élèves pour la poursuite de leur cursus dans la continuité du lycée.
Une telle organisation redonnerait enfin aux enseignants leur véritable rôle, celui d’experts pédagogiques.
QUELLE PREMIÈRE ANNÉE DE LICENCE ?
L’absence de transition entre l’enseignement secondaire et le supérieur fait qu’à peine plus de 40 % des étudiants poursuivent dans la même formation après la première année de licence. Si la réorientation n’est pas synonyme d’échec, elle pose néanmoins la question de cette année initiale et celle de la rupture entre le lycée et la fac.
Une piste consiste à développer une première année autour de grands champs disciplinaires, organisée de façon modulaire et validée essentiellement en contrôle continu, le choix des modules assurant une spécialisation progressive. Cette structuration permettrait la reconnaissance de blocs de compétences acquises même en cas d’échec, et faciliterait la formation tout au long de la vie.
Il est à noter, cependant, que la modularisation n’est pas une solution pour les étudiants qui arrivent à l’université sans les prérequis indispensables, et sans place disponible ailleurs.
DU CÔTÉ DE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
Le sujet du transfert des lycées professionnels aux régions se retrouve dans les déclarations de certains candidats à la présidentielle comme dans celles de l’association des régions de France ou d’exécutifs régionaux (Nouvelle Aquitaine). Il repose sur l’idée que l’adaptation de l’offre de formation au tissu économique local serait facilitée avec la régionalisation totale de ces lycées : locaux, matériels, référentiels, voire personnels.
L’État s’affranchirait aussi à peu de frais de la question de la réussite des élèves des milieux populaires actuellement orientés en lycée professionnel (LP). On aurait alors un double système de lycées avec d’un côté les enfants des milieux populaires, confiés à la région avec des perspectives d’employabilité immédiates et locales, et de l’autre, des enfants de familles plus aisées envoyés dans des lycées « de l’abstraction ». Le caractère ségrégatif de l’École en serait accru.
Le Sgen-CFDT défend, lui, un service public de formation professionnelle intégrant formation initiale sous statut scolaire, apprentissage public et formation continue des adultes (Greta) au sein de lycées polyvalents et modulaires. Une complémentarité et une cohérence de toutes ces formations d’un même territoire s’imposent et l’ouverture d’unités de formation par apprentissage (UFA) en LP ne livrera pas les élèves au patronat comme l’affirment d’autres syndicats.