La cartographie de l'Éducation Prioritaire a été repensée et clarifiée pour les écoles et les collèges au travers des réseaux REP/REP+. Comment continuer à accompagner les élèves qui sortent de ces réseaux dans leurs parcours après la 3ème ?
La carte des REP/REP+ n’est pas parfaite dans le détail, mais son esprit rejoint largement les principes de l’Education Prioritaire défendus depuis son origine par le Sgen-CFDT .
Au lycée, que deviennent aujourd’hui les élèves issus des REP / REP+ ?
Depuis des dizaines d’années, certains lycées sont repérés comme rencontrant des difficultés particulières. Adossés à des politiques diverses (ministérielles, académiques, régionales, politique de la ville…), ils ont connu un mille-feuille de dénominations, sans que ne soient attachés (et encore moins harmonisés) des droits pérennes aux élèves et aux personnels de ces établissements.
Si les lycées accueillant aujourd’hui un flux d’élèves de REP/REP+ important sont désignés comme « lycées de l’Éducation Prioritaire », aucune politique publique nationale ne les reconnait, ni ne les définit. C’est l’une des causes de la confusion actuelle et de la grande inquiétude des personnels de ces lycées.
Pour le Sgen-CFDT, deux chantiers doivent être menés de front…
Un bac modulaire pour construire un parcours de réussite vers le Bac + 3, une politique de suivi spécifique pour les élèves de REP / REP +…
Aujourd’hui les élèves qui arrivent en 2nde sont toujours soumis à la scolarité obligatoire puisque ils n’ont pas 16 ans (suite notamment à la suppression des redoublements). Mais les réformes des lycées, qui ont homogénéisé les filières, ont largement réduit la diversité des contenus des parcours, alors même que tous les discours officiels disent le contraire.
Pour le Sgen-CFDT il y a donc bien deux chantiers à mener :
- Celui de la transformation du lycée qui doit retrouver une vraie diversité après le socle commun : pour cela il faut introduire un baccalauréat modulaire, qui s’insère dans le continuum Bac-3/Bac+3, acquis par la validation de modules choisis par les élèves pour construire un parcours particulier de réussite.
- Celui de la politique publique de suivi des élèves de REP/REP+ qui méritent un accompagnement particulier, qu’ils soient scolarisés de façon massive dans certains « lycées », ou scolarisés dans des lycées « ordinaires » : le « plus à ceux qui ont moins » doit se poursuivre après la scolarité obligatoire pour permettre à ces jeunes de s’insérer dans la vie active, avec un niveau Bac, Licence, Master ou Doctorat dans les mêmes proportions que les élèves issus des collèges « ordinaires ».
Affirmer une politique publique volontariste en faveur des élèves issus des REP / REP+
La politique à mener doit être attachée aux élèves, mais elle doit prendre une forme collective dans sa mise en œuvre :
- En labellisant les lycées qui accueillent un public particulier :
- un flux d’ élèves REP/REP+ > 50 % ET un environnement socio-économique territorial difficile
- un flux d’élèves REP/REP+ > 80%
- En attachant un horaire dédié à l’accompagnement, abondé pour les élèves issus des REP/REP+ et versé à l’établissement de façon fongible avec le reste de sa dotation horaire globale (DHG). À charge pour le lycée de laisser les équipes choisir les dispositifs les plus adaptés, ce qui évite la stigmatisation systématique et éternelle de certains élèves, mais permet du « sur-mesure » avec une dimension collective. Aux rectorats de vérifier l’utilisation des moyens supplémentaires, en particulier que leur utilisation n’a pas été détournée au sein du lycée.
Le Sgen-CFDT propose d’ouvrir les discussions pour la création d’une nouvelle carte de Lycées à parcours labellisés
Outre le public accueilli, certains critères pédagogiques devront être respectés pour obtenir ce label qui devra rester évolutif, avec un bilan partiel régulier, et un bilan général après 8 ans.
Ces bilans seront l’occasion de faire un point de situation sur le public accueilli, les modalités pratiques des dispositifs mis en œuvre, les besoins particuliers, les offres de formation proposées, les partenariats avec l’enseignement supérieur et la Région…
Sécuriser et valoriser les personnels qui s’investissent dans ces établissements
Aujourd’hui, seule la définition d’un label au niveau national permettra au ministère de reconnaitre les personnels qui s’investissent dans ces établissements. Cela déclenche à la fois des mesures immédiates d’attractivité (primes notamment), et des mesures différées de reconnaissance dans la carrière (accélération de carrière, bonifications pour les mutations, accès au grade exceptionnel).
L’élévation du niveau de qualification est nécessaire et implique d’augmenter le niveau d’étude notamment des élèves issus des REP/REP+. Cela demande un engagement public fort et transparent.