Les lycées vont rouvrir au mieux à partir du 1er juin. Plus encore qu’en collège et à l’Ecole, le lycée accueille des publics variés pour des missions pédagogiques multiples. Quel sens peut-on alors donner à cette réouverture ?
La question du sens à donner à cette réouverture pour les élèves comme pour les personnels est fondamentale avec un public qui majoritairement a dépassé l’âge de la scolarité obligatoire.
Une réouverture pour quoi faire ?
Rouvrir les lycées est particulièrement complexe compte tenu de la variété des publics accueillis, du très grand nombre d’élèves, des effectifs « classiques » des classes et de la lourdeur du protocole sanitaire. Par ailleurs la date du 2 juin « au plus tôt » pose la question des missions que doit assurer cette réouverture, puisque les modalités de certification ont été arbitrées, et s’appuient uniquement sur les notes obtenues avant le confinement :
- raccrochage des élèves oui, mais encore ?
- pour réussir une orientation ?
- pour combler les lacunes du confinement ?
- pour préparer la classe supérieure ?
- pour maitriser des gestes professionnels ?
- pour « faire résilience » et refaire collectif après des semaines d’isolement ? …
Parmi toutes ces missions, chacune n’est pas « prioritaire » de la même façon selon les établissements mais aussi selon les publics accueillis, qui coexistent et se côtoient habituellement dans les locaux, sans partager les mêmes objectifs de formation. Il sera ici pertinent d’ouvrir les ateliers, là des salles multimédia, là encore les salles de classe « ordinaire ».
Pour le Sgen-CFDT, il serait absurde de vouloir rouvrir tous les lycées de façon dégradée, « indifférenciée» et pilotée par le ministère. Il s’agit au contraire de faire confiance aux équipes pour rouvrir en mode « intelligent », concerté, en « priorisant » les missions et les publics à accueillir. En effet ce sont bien les acteurs locaux (usagers et personnels) qui connaissent le mieux les contraintes, les conditions, les fragilités et la pluralité des situations.
S’inspirer des bonnes pratiques de la continuité pédagogique… pour préparer le jour d’après
Les enseignant·es (et plus généralement tous les personnels) ont fait preuve de beaucoup d’imagination et de compétence durant la période de confinement pour rester au contact de la majorité de leurs élèves et leur apporter un suivi dans leurs apprentissages « au mieux ». Beaucoup d’élèves aussi ont fait preuve d’engagement et d’autonomie dans la gestion de ces nouvelles modalités d’apprentissage. Il serait donc très préjudiciable de ne pas s’appuyer sur ces quelques semaines « d’expérimentation » pour la fin de l’année, voire pour les années suivantes.
Mais il sera aussi indispensable, au mois de juin, de permettre à ceux qui ont été décrochés par ces modalités numériques, de trouver aide, soutien et accompagnement dans les établissements : faire le point avec eux sur les outils, leur organisation personnelle, sur les éventuelles lacunes d’apprentissage, et bien sûr leur permettre de (re)trouver des ressources en personnels spécialisés, en espaces de travail adaptés.
Pour le Sgen-CFDT, il serait donc pertinent de s’appuyer en juin sur le distanciel pour une majorité d’élèves comme modalité « ordinaire » d’enseignement, notamment dans les disciplines d’enseignement général, et d’utiliser le présentiel en appui pour tous et de façon systématique seulement pour certains.
Cela pourrait permettre de reprendre au mois de juin de façon sécurisée, sereine et apaisée : accueillir moins d’élèves c’est les accueillir mieux.
En envisageant les lycées comme pôle de ressources éducatives pour leurs élèves
La situation sanitaire risque de rester très fragile en septembre, et il est illusoire de penser que le « lycée d’après » ressemblera à celui d’avant le confinement. La période de juin doit permettre de s’approprier collectivement les enjeux, les contraintes et de partager des solutions, qui peuvent s’expérimenter à petite échelle pour ensuite envisager leur élargissement. Pour le Sgen-CFDT, la sécurité sanitaire très stricte imposée doit pouvoir être une occasion pour réfléchir au sens des missions et des temps de présence des uns et des autres.
Les lycées sont des centres de ressources multiples. Ils doivent pouvoir être utilisés de façon souple et adaptée à leur territoire et la diversité de ses publics variés, pour permettre au service public d’éducation d’assurer l’ensemble de ses missions en leur redonnant du sens, là où aujourd’hui ce sont les usages et les procédures qui priment.