Le master va enfin devenir conforme au système LMD : tout étudiant de M1 pourra désormais continuer sa formation en M2. Et tout étudiant de Licence qui n'aura pas été accepté dans le master qu'il a choisi se verra proposer 3 autres formations de master.
Master : une disposition transitoire qui s’est éternisée
Le LMD a impliqué en 2002 la restructuration des cursus de formation en 3 cycles, et le master a ainsi remplacé la maîtrise et le DEA/DESS. Comme le master est défini sur 2 ans, supprimer la sélection, désormais au milieu du diplôme, et repenser l’entrée dans la formation aurait permis d’en assurer la cohérence.
Mais le maintien du découpage qui devait n’être qu’une situation transitoire a perduré presque quinze ans !
Et des déboires juridiques…
Les récents jugements des tribunaux administratifs, depuis un an et demi, ont rendu de plus en plus incertaine cette sélection. De surcroît, la réussite d’une grande majorité de ces recours a provoqué le début d’un effet boule de neige.
Le décret paru en avril 2016 tentait de remédier à cette insécurité juridique, en précisant la liste des années de M2 pour lesquelles la sélection était possible (42% des M2).
Ce décret n’a pourtant rien réglé, et les recours ont continué. D’abord parce que certains masters ne figuraient pas sur ladite liste. Mais aussi et surtout parce que les universités concernées n’avaient pas précisé les éléments retenus pour choisir les candidats.
L’adaptation du 2° cycle au système LMD
L’objectif de la proposition de loi qui va être votée, c’est de résoudre cette insécurité juridique, en explicitant les conditions de recrutement : capacité d’accueil et critères retenus, concours ou examen du dossier. Et ces critères doivent être objectifs, publics, et transparents. Mais il va aussi permettre de redonner au diplôme de master sa vraie dimension, sur 4 semestres. Ainsi, si l’étudiant est accepté dans le master de son choix, il aura la garantie qu’il pourra terminer sa formation. Et dans le cas contraire, il lui sera fait des propositions qui vont tenir compte de son projet professionnel. |
Respecter le projet professionnel de l’étudiant
Donner la possibilité à tout étudiant titulaire du diplôme de licence de poursuivre en master est un impératif, pour éviter une insertion professionnelle « par défaut », en attendant des licences plus professionnalisantes. Pour que l’orientation après un refus soit un succès, la prise en compte du projet professionnel est essentielle. Elle suppose un accompagnement que les services du Rectorat pourront difficilement faire, et les SCUIO ont ici au contraire un rôle essentiel à jouer, pourvu bien sûr qu’on leur en donne les moyens.
D’autre part, les fonds alloués à la mobilité étudiante doivent permettre d’éviter tout biais social : le choix de réorientation sera ainsi moins dépendant des considérations financières.
D’autres dispositifs transitoires… mais pour combien de temps ?
Certains cas particuliers vont faire l’objet d’un dispositif transitoire, autorisant une sélection entre le M1 et le M2, et aucune sélection en M1. L’accord signé fin septembre mentionnait le droit et la psychologie.
En ce qui concerne le droit, la difficulté est liée à certains concours administratifs, pour l’instant encore au niveau Bac+4. Les étudiants concernés seraient donc moins intéressés par la dernière année du master. Mais dans la mesure où ces concours dépendent de l’Etat, on peut espérer qu’il devrait être relativement facile de régler ce problème rapidement.
L’autre cas particulier, c’est la psychologie : le M2 donne entre autres accès à la profession réglementée de psychologue. Or, celle-ci a un numérus clausus, ce qui explique entre autres un taux de passage en M2 de 40% seulement. Si déplacer cette barrière en M1 est bien sûr possible, cela suppose un travail important en amont sur les licences correspondantes.
Les MEEF n’ont pas été mentionné parmi ces dispositifs transitoires, mais il est vraisemblable que la demande soit également formulée pour eux, dans la mesure où le concours est à la fin du M1.
Pour aller plus loin :
Enfin la continuité entre le M1 et le M2 (4 octobre 2016)
Master: complexité et facilité sont dans un bateau (14 septembre 2016)
Accès en master : des principes à défendre (14 septembre 2016)
Réforme du master : mettre fin à la sélection (2 septembre 2016)
Sélection en master : mettre fin à l’hypocrisie (20 août 2015)